Leaders : le pouvoir discret des petites idées
L'opinion de Robin Lebel
Avoir de grands leaders près de soi est une chance rare. Il arrive toutefois des occasions de les rejoindre, de les inspirer ou même de les orienter.
L’opinion de Robin Lebel
Ma vie a été marquée par ces opportunités informelles. Ces instants où une simple remarque, presque anodine, pouvait infléchir la trajectoire d’un projet. Combien de fois ai-je eu la chance de me faire entendre auprès de décideurs ? Je ne les compte plus.
On dit qu’une bonne réflexion pousse un projet dans la bonne direction. J’aime comparer cela à la théorie du chaos. Le battement d’aile d’un oiseau peut déclencher un ouragan en Chine.
Cette image me revient souvent lorsque j’observe un professionnel évoluer publiquement, entrepreneur, investisseur ou politicien. Une idée, même modeste, peut avoir des répercussions insoupçonnées.
Petite remarque : grand changement
Je pense à mon voisin et ami de l’époque, Louis Khalil. Il s’était lancé dans l’implantation d’une équipe de football collégial au Cégep de Rimouski. Lors du lancement, il avait installé des remorques de camions pour surélever les journalistes. L’accès était difficile et l’installation rudimentaire ne rendait pas justice à l’événement.
Un soir, autour d’un souper, je lui ai simplement dit : « Si tu veux être bien couvert par les médias, tu devrais les installer confortablement avec des comptoirs, des chaises et un accès à Internet. Sinon, leurs couvertures ne dureront pas. »

Peu après, Louis et ses amis impliqués dans le dossier firent construire de grands gradins avec une galerie de presse annexée, à l’abri des intempéries. Une petite remarque, un grand changement.
Autre souvenir. Lors de mes échanges avec Albert Ladouceur, chroniqueur au Journal de Québec, j’avais attiré son attention sur un aspect auquel il n’avait pas pensé. Il rêvait d’un nouvel amphithéâtre et croyait ce désir propre aux citoyens de Québec.
Je lui avais transmis un mémo expliquant que nous, en région, y trouvions aussi un avantage, soit pour assister à un spectacle ou à un match de la LNH, réduisait nos coûts de moitié. Intrigué, monsieur Ladouceur me demanda de rédiger mes opinions. Il m’a assuré qu’elles avaient fait leur chemin et contribué à élargir le débat.
La sécurité au hockey
Un dernier exemple. Le 8 mars 2011, après l’incident entre Zdeno Chara et Max Pacioretty au Centre Bell, ce dernier avait été gravement blessé.
La tête de l’ex-capitaine du Canadien était demeurée coincée dans les coussins censés protéger les joueurs près du banc. À l’époque, ces coins étaient ronds, et les suggestions oscillaient entre « plus gros » ou « plus mou ».
J’avais proposé ceci : « Les coins doivent être en demi-lune et rigides, afin que la tête glisse et suive le reste du corps. Des ingénieurs peuvent calculer l’angle idéal de la baie vitrée pour que cela fonctionne. »
Depuis, les bandes près des joueurs ont été ajustées ainsi dans la plupart des arénas à travers le monde. Une simple suggestion, un impact global.
Ces exemples montrent que chacun de nous, parfois sans le savoir, parfois volontairement, peut influencer positivement son environnement.
Prenez un instant. N’avez-vous pas déjà, par une remarque ou un geste, contribué à améliorer une situation ? Ce genre de coïncidence survient à tout moment, dans la vie de tout le monde.
Un livre vendu à 20 millions d’exemplaires a particulièrement nourri ma réflexion : La prophétie des Andes, de James Redfield. Le passage où il explique comment comprendre une coïncidence m’a profondément marqué.

Cet auteur m’a appris à voir, dans ces instants une clé, une ouverture vers un changement plus vaste.
Lorsque j’observe un leader, je pense à cela. Qui parmi eux saura influencer les autres positivement ? Qui saura faire avancer une bonne idée ? Un bon commentaire, une tape dans le dos, une réflexion bien placée peut ouvrir des portes et transformer des projets, parfois même des vies. Voilà tout le poids d’une idée bien exprimée. Elle peut voyager loin, bien au-delà de celui qui l’a formulée.

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