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Grandes marées : l’échec des infrastructures de protection

Dossier spécial, 15 ans plus tard
Au total, 72 résidences ont dû être démolies après les grandes marées de 2010. (Photo courtoisie)

Les grandes marées de 2010 ont révélé une vérité dérangeante : les structures de protection côtière traditionnelles sont largement inefficaces face à la puissance du fleuve déchaîné.

Les recherches menées par la Chaire de recherche en géoscience côtière de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) ont démontré que le tiers des ouvrages de protection, comme les quais en béton ou en bois et surtout les remblais de roches, n’ont été d’aucune utilité le 6 décembre 2010.

L’un des principaux enseignements tirés de cette catastrophe concerne justement l’effet pervers de certaines infrastructures de protection. Une plage enrochée ou bétonnée se vide de son sable naturel, offrant ainsi un environnement propice aux vagues destructrices. Pire encore, les analyses scientifiques ont révélé que la présence de structures de protection a parfois amplifié l’érosion sur les terrains adjacents, créant ce qu’on appelle l’effet de bout.

Dans la MRC de La Mitis, qui avait été particulièrement touchée, plus de 25 % des structures de protection ont été complètement endommagées. Les processus d’érosion et de submersion ont été observés, tant sur les côtes naturelles que sur les côtes artificielles. À Saint-Ulric, la municipalité avait entrepris, quelques jours avant la tempête, d’enrocher une partie des berges aux prises avec de graves problèmes d’érosion.

Le ressac avait non seulement détruit tout le travail accompli, mais avait également endommagé davantage ce tronçon de route.

Changement de paradigme

Ces constats ont forcé un changement radical de paradigme dans la gestion des zones côtières. Les autorités ont progressivement abandonné l’approche de l’ingénierie lourde au profit de solutions plus naturelles et durables. Sainte-Luce et Sainte-Flavie ont notamment opté pour des projets de recharge de plage, permettant au sable d’absorber l’énergie des vagues, plutôt que de les amplifier.

Dans un rapport d’analyse présenté au ministère de la Sécurité publique du Québec par la Chaire de recherche en géoscience côtière de l’UQAR en février 2013, le chercheur Christian Fraser résume bien la situation.

« La relocalisation reste la meilleure solution, écrit-il. Si les constructions s’étaient établies à plus de 20 ou 30 mètres de la ligne du rivage, les problèmes auraient probablement été évités. » 

Cette leçon douloureuse a conduit à une nouvelle réglementation municipale beaucoup plus stricte, interdisant toute nouvelle construction dans une zone de contrainte variant de 20 à 42 mètres à partir de la plage.

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