Grandes marées : des leçons pour l’avenir à retenir
Dossier spécial, 15 ans plus tard
Une décennie et demie plus tard, les enseignements des grandes marées de 2010 résonnent avec une acuité particulière face aux changements climatiques.
Selon Environnement et Changement climatique Canada, les températures moyennes annuelles ont augmenté entre 1987 et 2006, surtout en hiver. À Gaspé, par exemple, la température moyenne annuelle a grimpé de 2,71 degrés Celsius. De l’avis du ministère, cette tendance devrait se maintenir, entraînant un déplacement rapide du littoral, une hausse du niveau marin et des dommages accrus lors des tempêtes.
L’un des progrès majeurs depuis 2010 concerne les systèmes d’alerte. L’une des lacunes criantes révélées par la tempête historique était l’effet de surprise, malgré une conjoncture d’événements relativement prévisibles.

Damien Ruest, alors maire de Sainte-Flavie, rappelle que sa municipalité n’avait reçu aucune alerte de la Sécurité publique, contrairement à la Gaspésie. Depuis, l’Institut Maurice-Lamontagne de Mont-Joli a développé des avertissements de débordements côtiers publiés sur le site d’Environnement Canada. Puis, des municipalités comme Matane ont mis en place des systèmes d’alerte d’urgence par message texte.
Les défis
La prévision précise demeure un défi. L’orientation de la côte, la direction des vents et la présence ou l’absence de glaces dictent l’allure des tempêtes, ce qui rend difficile la prédiction exacte des zones les plus vulnérables. Cette incertitude explique pourquoi les riverains sont souvent pris par surprise, malgré les progrès technologiques.

Un autre enjeu préoccupant concerne la mémoire collective et la vigilance des citoyens. Plusieurs personnes ont malheureusement tendance à oublier rapidement ce qui s’est produit il y a 15 ans. Certains demeurent convaincus de pouvoir vaincre la mer lorsqu’elle se déchaîne, créant un problème du point de vue de la sécurité. D’autres, au contraire, ont tiré des leçons et n’hésiteront pas à évacuer leur résidence au besoin.
Impacts psychologiques et sociaux
Les impacts psychologiques et sociaux de l’érosion côtière restent largement sous-étudiés. Les autorités sanitaires du Québec reconnaissent, dans leur grande Évaluation de la vulnérabilité populationnelle régionale aux changements climatiques publiée en 2023, que « les conséquences sur la santé sont moins de nature physique que liées aux impacts psychologiques et sociaux ».
La lutte contre l’érosion côtière est donc loin d’être terminée et, avec le réchauffement climatique, les tempêtes hivernales créant des conditions similaires à 2010 deviendront probablement plus fréquentes.
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