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Déversement chez Bradken : c’est une « vraie cracheuse de feux »

Conditions de travail jugées extrêmement dangereuses par une source interne
Des changements urgents en matière de santé et de sécurité sont nécessaires à la fonderie Bradken. (Photo courtoisie Ville de Mont-Joli)

Le déversement de métal en fusion survenu tôt vendredi matin, à la fonderie Bradken de Mont-Joli, qui a causé des brûlures à trois employés, met en lumière des conditions de travail jugées extrêmement dangereuses par une source interne.

Celle-ci estime que des changements urgents en matière de santé et de sécurité sont nécessaires dans un environnement de travail qui, selon ses mots, « ne devrait plus exister en 2025 ».

Une source à l’intérieur de l’usine a confié à notre service de nouvelles qu’il s’agirait de la deuxième explosion à survenir cette année entre les murs de la fonderie, une situation qu’elle attribue à un manque criant de mesures de prévention.

Selon cette source, les employés doivent composer avec des infrastructures vieillissantes, des équipements souvent défectueux, un environnement de travail insalubre et l’absence de protocoles clairs pour intervenir en cas de brûlures graves ou de situation de crise majeure.

Elle déplore également un accès inadéquat aux soins sur place.

« Les gars font un travail extrêmement physique et exigeant, exposés à des chaleurs intenses et à des situations à haut risque chaque jour. La maintenance et les conditions de sécurité sont dépassées. On est loin des standards observés ailleurs dans l’industrie, et personne ne semble agir. Il faut que Bradken prenne ses responsabilités. Trop d’hommes risquent leur vie », affirme la source, qui souhaite conserver l’anonymat par crainte de représailles.

Faire la lumière sur les circonstances de l’accident

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a ouvert une enquête afin de faire la lumière sur les circonstances de l’accident. Elle a également exigé une interruption des activités à l’usine.

Malgré les critiques, la source précise que la fonderie ne doit pas fermer. Considérée comme essentielle à l’économie de Mont-Joli, l’usine offre des salaires et des avantages sociaux dont dépendent de nombreuses familles de La Mitis et de partout dans la région.

Un incident survenu dans le passé près de la fonderie Bradken à Mont-Joli. (Photo archives Le Soir)

« C’est pour cette raison que plusieurs employés hésitent à dénoncer publiquement les conditions de travail, par crainte de perdre leur emploi. Ils sont bien rémunérés, mais à quel prix ? Ce sont des travailleurs expérimentés qui évoluent dans des conditions de chaleur et de risque élevées. Si rien ne change, un autre accident grave pourrait survenir Tout est croche là-dedans. Les gars appellent la fonderie « la prison » ou « la cracheuse de feux ». Quand tu as un secondaire 5, tu ne peux pas changer de job avec le peu d’option autour. Ce n’est pas possible », exprime-t-elle.

En ce qui concerne l’état de santé des victimes, deux des trois employés blessés auraient subi des brûlures plus graves et auraient été transférés vers un hôpital de Québec.

« De l’aide psychosociale est offerte aux employés. J’ai un chum qui a subi un choc post traumatique. Il a vu ses collègues brûler vif, à quelques jours de Noël. Du métal à l’état liquide qui touche quelqu’un, ça pèse des tonnes et sa perfore tout sur son passage, même l’équipement de sécurité. Ça fond littéralement jusqu’à l’os. C’est pire que du feux », indique notre source.

Une dizaine de pompiers ont été appelés à intervenir et la Sûreté du Québec a procédé à une évacuation préventive des lieux, la nuit dernière, à la suite du déversement de métal en fusion survenu vers 4 h.

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