Quand le cœur prime sur le portefeuille
La chronique de Johanne Fournier
Impossible de l’ignorer : la période des fêtes s’accompagne d’une avalanche de sollicitations commerciales. Dès la fin octobre, les enseignes déploient leurs stratégies marketing et nous bombardent de messages nous incitant à consommer. Cette frénésie d’achats génère un stress pour plusieurs familles qui peinent à répondre aux attentes de leur entourage.
La chronique de Johanne Fournier
Nous voilà pris dans un tourbillon où la valeur d’un présent semble se mesurer à son prix. Que choisir pour ne pas décevoir ? Comment rivaliser avec les cadeaux étalés sur les réseaux sociaux ? Ces questions parasitent l’esprit, alors que décembre devrait rimer avec sérénité et réjouissances.
Qu’est-ce qui a marqué nos esprits lors des précédentes célébrations ? Rarement les objets matériels, dont le souvenir s’estompe rapidement. Ce sont plutôt les instants partagés, les traditions familiales, les fous rires autour de la table, les moments de complicité.
Enfant, je me souviens des moments passés à décorer le sapin de Noël avec ma mère. Je n’oublierai non plus jamais les réveillons qui suivaient la messe de minuit, où nous partagions un repas en famille, y compris avec mes grands-parents qui vivaient avec nous. Mon grand-père, Georges Fournier, allait même chercher les bébés dans leur couchette ! Pour lui, c’était sacré : tout le monde devait célébrer la naissance de Jésus.
Le temps consacré à un être cher, l’écoute et la disponibilité constituent le plus beau cadeau. Ces manifestations d’affection ne coûtent rien, mais requièrent ce que nous avons de plus rare aujourd’hui : notre présence.
Alternatives créatives et accessibles
Innombrables sont les manières de manifester son attachement sans dépasser son budget. Par exemple, les créations culinaires portent en elles une dimension affective. Des confitures artisanales, des pâtisseries confectionnées avec patience ou des conserves réconfortantes témoignent d’un investissement personnel qui touche profondément.
L’acquisition d’articles de seconde main représente également une option intelligente et responsable. Offrir un livre qu’on a lu, un jouet en bon état ou un objet remis à neuf n’est plus tabou. Un enfant ne se préoccupe pas de l’emballage. Il appréciera tout autant son jouet, même s’il n’est pas dans sa boîte d’origine.
Cela me rappelle le Noël où mon fils, Alexis, était vraiment content d’avoir reçu une console de jeux qui avait appartenu à son cousin. Comme le nom de Pierre-Luc était inscrit sur l’étui, il avait été davantage surpris que « le père Noël avait acheté le jeu de son cousin pour lui donner en cadeau » !
Les contributions caritatives constituent une autre voie remplie de sens, comme soutenir une cause qui nous tient à cœur, effectuer un don à la mémoire d’un proche ou participer à une collecte locale.
Même les montants modestes font la différence, particulièrement durant cette période où les besoins augmentent. Cette démarche peut servir d’outil pédagogique en demandant à nos enfants de choisir un jouet ou un toutou à offrir à un enfant dans le besoin.
S’affranchir de la pression sociale
Personne ne devrait se sentir contraint de suivre un modèle prédéfini. Chaque foyer possède ses réalités économiques, ses contraintes et ses valeurs. Reconnaître ses limites financières n’a rien de déshonorant. Au contraire, cette lucidité témoigne d’une responsabilité admirable. Plusieurs familles adoptent des formules pour diminuer les dépenses : des tirages au sort avec un plafond budgétaire, des achats groupés ou l’abandon de cadeaux entre adultes.
Les festivités peuvent rayonner sans grandes dépenses. L’authenticité des relations, la sincérité des élans, la profondeur des échanges, voilà ce qui rend cette période magique. Puis, retenons une chose : les présents mémorables sont ceux qui naissent du cœur plutôt que du porte-monnaie.
Joyeux Noël et Bonne Année !


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