L’épicerie s’enrichit et les familles s’appauvrissent
La chronique de Carol-Ann Kack
Les fêtes sont enfin arrivées. Un moment de répit, mais aussi l’une des périodes les plus coûteuses de l’année pour les Québécois. On remplit les bas de Noël, mais on vide aussi nos bas de laine.
La chronique de Carol-Ann Kack
Pour 2026, on annonce une hausse de 1000 $ de dépenses en moyenne par famille, principalement à cause de l’augmentation des prix à l’épicerie. Que fait le gouvernement pour aider les Québécois à affronter cette réalité ?
Bien que l’inflation semble s’être calmée, le coût du panier d’épicerie a explosé ces dernières années. En 2026, une famille de quatre pourrait dépenser jusqu’à 17 572 $ en épicerie et restaurants, soit environ 1000 $ de plus que cette année. Cette inflation alimentaire pèse lourd, même si nos finances permettent encore de faire l’épicerie. En réalité, cela signifie que nous devons de plus en plus nous appauvrir pour acheter les mêmes produits qu’auparavant.
Et pendant que l’on jongle avec les prix et que l’on cherche à acheter « en spécial », les grandes chaînes comme Loblaws, Metro et Sobeys ont réalisé des profits records de 4,3 milliards de dollars pour 2025. C’est indécent. En période de crise, l’écart entre ceux qui souffrent et ceux qui prospèrent semble se creuser de façon flagrante.
Lors de son discours de rentrée à l’Assemblée nationale, à la fin de septembre, le premier ministre François Legault a affirmé que la situation financière des Québécois était sa priorité. Il a reconnu que la population avait de la misère à joindre les deux bouts et que cela n’était pas acceptable. Après quoi, il a demandé au ministre des Finances de trouver des solutions pour améliorer la situation.
Tout ça pour 11 $
À la fin de novembre, le ministre des Finances Éric Girard a présenté sa mise à jour économique. Le gouvernement a choisi de réduire les cotisations au Régime des rentes du Québec (RRQ) et au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP). Ce geste, censé alléger le fardeau des Québécois, ne profite en réalité ni aux retraités ni aux plus démunis. Par ailleurs, cette mesure n’assure aucune amélioration pour ces régimes essentiels ni leur pérennité à long terme.
De plus, cette réduction profite surtout aux employeurs. Les cotisations étant partagées entre employés et employeurs, ce sont ces derniers qui bénéficieront le plus de ces allègements fiscaux, tandis que le contribuable ne verra qu’un maigre 11 $ de réduction mensuelle. Cette mesure semble davantage favoriser les entreprises que la population. Si c’est un bon coup, ce ne l’est vraisemblablement pas de façon notable pour vous et moi sur notre talon de paie.
Limiter les marges de profits ?
Plutôt que de puiser dans nos réserves collectives pour donner un peu d’air à nos finances (en l’occurrence, 11 $ par mois), pourquoi ne pas forcer les grandes épiceries à contribuer elles aussi ?
Québec solidaire a suggéré au gouvernement de créer une commission parlementaire d’urgence pour explorer la possibilité de plafonner les marges de profit des grandes chaînes d’épiceries. En limitant ces marges à 2 %, un niveau prépandémique, on pourrait faire économiser jusqu’à 225 $ par famille chaque année.
Ce ne serait peut-être pas une fortune, mais cela constituerait des économies réelles, sans coût pour le gouvernement et sans impact sur les contribuables.
Plusieurs angles pour attaquer
Face à la hausse du coût de la vie, il n’existe malheureusement pas de solution miracle. Cependant, plusieurs mesures peuvent être prises pour protéger la population. Certaines nécessitent des investissements publics, comme l’assurance dentaire gratuite, la construction de logements sociaux ou un revenu minimum garanti.
D’autres, comme la régulation des prix ou des gels temporaires de loyers, permettraient de limiter l’appauvrissement sans peser sur les finances publiques. Dans le cas des épiceries, plafonner leurs marges de profit serait une option simple et efficace.


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