Les médias et Costco : un théâtre dangereux
Lettre d'opinion de Monique Côté, citoyenne de RimouskiVieillir permet d’avoir un regard historique sur l’actualité. La saga de l’arrivée potentielle du magasin-entrepôt Costco à Rimouski (toujours à venir) a débuté alors que la multinationale s’appelait encore Club Price. Cette chimère commerciale n’est pas récente, elle s’étire depuis 1995.
Pourtant, à chaque « nouvelle » annonce de la possibilité d’une éventuelle réflexion du géant américain à venir s’implanter, Rimouski s’émoustille.
C’est le jour de la marmotte où chaque acteur joue un rôle déjà scripté. Les consommateurs s’excitent, les écolos se désolent, la Chambre de commerce sort la fanfare et les élus salivent déjà devant les futures taxes foncières.
De 2018 à 2023, alors que rien n’avançait concrètement dans le « dossier Costco », cela n’a pas empêché les médias de la région de publier plus de 70 articles.
70 articles à propos d’un non-sujet, d’une actualité qui n’a pas lieu. Surtout que la vaste majorité des articles journalistiques milite clairement en faveur du Costco.
Est-ce encore considéré comme un travail de journaliste juste et objectif ? À partir de quand un média bascule-t-il dans la promotion d’une multinationale ?
Cette agitation médiatique devant l’arrivée d’un Costco ne vous pose-t-elle pas problème ? Le maire Guy Caron déclarait à Radio-Canada, le 20 octobre 2023 : « J’ai vu comme tout le monde ce qui a été publié, mais non, il n’y a pas de développement. Il n’y a aucune entente avec Costco, jure le maire Guy Caron. Il n’y a aucune entente — ni même verbale — avec la Ville de Rimouski concernant la vente du terrain que convoite Costco. »
Tout ça pour ça. Pendant ce temps, quels enjeux sont éclipsés ? La pièce de théâtre recommence.
Folie consommatrice
Au lieu d’offrir un contrepoids rationnel et rigoureux, les médias de la région attisent la folie consommatrice en relayant les rumeurs comme si c’étaient des annonces officielles, les potins comme des ententes confirmées, les ouï-dire comme des sources fiables et des échanges de courriels comme des contrats signés.
Les radios, les chaines de télé et les journaux partagent le moindre geste et le plus petit murmure de la multinationale, qui profite ensuite de cet engouement créé gratuitement par les médias.
L’entreprise américaine utilise les médias pour répandre sa publicité et exciter les consommateurs qui, eux, feront pression sur les élus.
Est-ce souhaitable que les médias agissent comme de véritables porte-voix enthousiastes de la multinationale Costco ? Les médias ont-ils pour rôle d’annoncer le messie chaque fois qu’un représentant Costco descend de l’avion ?
La couverture médiatique ne devrait-elle pas prendre en compte les rapports scientifiques du GIEC, les réels coûts sociaux et écologiques d’un Costco et diversifier les sources d’informations ainsi que les angles d’approche ?