Parasites et kystes : pour éviter de perdre la viande de bois
À chaque saison de la chasse des grands gibiers, des chasseurs déplorent la perte de leur bête et de sa venaison, difficilement et chèrement acquise. Elle peut être minée par des parasites, des kystes et d’infections observés sur la viande sauvage.
À contre-cœur, le chasseur se sent obligé de se débarrasser de cette succulente venaison, souhaitée de longue date en prévision de bons repas de « viande de bois », partagés avec la famille et les amis.
La viande de gibier est une source importante de vitamines A et C, de calcium, de fer, de protéines et qui est bénéfique pour la santé et naturelle.
Cette semaine à « Rendez-Vous Nature », la question se pose : est-ce que le chasseur doit se débarrasser d’une venaison qui malgré son apparence, parfois douteuse et non appétissante, demeure sans danger à la consommation humaine ?
Certaines précautions et de savoir-faire peuvent éviter l’abandon d’une venaison qui n’a pas de prix.
Une sommité se prononce
Pour faire de la lumière sur cette question, « Rendez-Vous Nature » interpelle une sommité en la matière.
Le médecin vétérinaire Denis Harvey, ex-professeur-clinicien à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, formateur dans les communautés autochtones et spécialiste des maladies de la faune et de la manipulation de la viande sauvage parle de la normalité des parasites chez les grands gibiers.
Coauteur de l’ouvrage « Orignal, son habitat, sa biologie, sa chasse », ce passionné et guide de chasse au Québec et à Terre-Neuve rappelle qu’ils font partie de la nature et des écosystèmes. Des points blancs, même noirs dans la viande rouge d’un orignal, et même d’un cerf, sont très fréquents. Un orignal sur deux en est porteur.
Mais comment l’orignal ou le cerf en arrive-t-il à se contaminer ? Fort simple. L’orignal mange des plantes et des herbes au sol qui sont infectés par le fumier de coyotes, qui est la principale source de la contamination du grand cervidé.
De plus, les chasseurs vont abandonner sur les lieux de leur récolte, le cœur et le foie d’un orignal ou d’un chevreuil. Les coyotes et les loups, mangent ces abats, ce qui vient favoriser le cycle de la contamination.
Le cycle se poursuit quand les coyotes et loups absorbent des larves qui deviennent des vers adultes qui pondent ensuite leurs orufs.
Enterrer les viscères
Après avoir ciblé et récolté son gibier, le chasseur l’éviscère et retire les organes internes de la bête, essentiellement l’estomac, le cœur, le foie et les intestins d’un cervidé qui peut être porteur de parasites.
Le nemrod aurait donc tout intérêt, pouf lui et pour les autres, à enterrer les viscères, coupant ainsi la chaîne de transmission des parasites par les canidés qui dispersent leurs fumiers dans la nature.
Le Dr. Harvey se prononce aussi sur la fréquence de la consommation de la venaison du cerf et de l’orignal, et aussi celle plus complexe de l’ours noir, un gibier de plus en plus prisé par les chasseurs québécois. Le scientifique fournit des informations sur la cuisson de la viande qui élimine des risques de contamination de la viande sauvage chez l’humain.
Et ne pas consommer de la viande d’ours de couleur rose. Surtout qu’il est impossible de savoir si un ours récolté est porteur ou non de la trichinellose, une maladie causée par un parasite, qui invisible à l’oeil nu, qui peut causer une intoxication alimentaire chez les humains si la viande n’est pas suffisamment cuite.
Et ne jamais donner de viande crue aux animaux domestiques qui peuvent consommer un parasite et ensuite le transmettre aux humains. La viande de gibier se fait sentir. Quand la venaison ne sent pas bon, elle n’est pas bonne?
Une entrevue sur la consommation de la viande sauvage, avec le Dr. Denis Harvey cette semaine à « Rendez-Vous Nature ». Cliquez sur le lien ci-haut.