La démocratie est malade
Lettre d'opinion de Richard Lahaie de Mont-JoliL’ex-président américain, Donald Trump, est convoqué devant les tribunaux à plusieurs reprises dans les prochains mois.
Il devra faire face à la justice pour fraude fiscale, avoir payer une prostituer pour qu’elle garde le silence, pour tentative de manipulation des résultats électoraux et pour avoir été l’instigateur de l’attaque du Capitole.
Mais aussi pour invalider la décision de deux États qui lui interdisent d’être candidat républicain.
À chaque accusation, Trump s’est présenté en victime. Pourquoi tout ce cirque? Il sait que les médias sont un outil d’influence sociale et qu’il n’en contrôle aucun.
Donc, en se présentant comme une victime à qui on tente de l’empêcher d’être candidat, il espère démontrer que la démocratie est malade. Il utilise toutes les accusations juridiques comme étant des complots contre lui.
Lors de sa première campagne présidentielle, Trump rêvait de son propre empire médiatique. Si Trump avait perdu contre Hillary Clinton, il aurait créé sa propre chaîne, Trump TV. Devenu président, Donald Trump a découvert qu’il pouvait avoir une forme de contrôle sur les médias, sans avoir à se compliquer la vie avec les formalités bureaucratiques pour créer sa propre chaîne de télévision.
Les succès, durant sa campagne électorale, ses tweets incohérents à 3 heures du matin l’on amené à poursuivre cette stratégie de communication. Car pour Trump, ces tweets jouaient un rôle central dans sa stratégie médiatique.
Manipuler l’information
Son compte Twitter lui permettait de manipuler le contenu des informations quotidiennes. Trump avait parié sur le fait que ses messages abusifs sur le réseau social seraient repris par les médias. Il a eu raison.
Pour ne pas être en reste, les médias suivaient chaque gazouillis et étalaient à pleine page cette télé-réalité politique qui était divertissante pour beaucoup de gens.
Ainsi, il captait l’attention de la population. Parler de moi en bien ou en mal, mais parler de moi et surtout de ce que j’écris, pourrait dire Trump.
Les médias ont fait leur chou gras des déclarations de Donald Trump contre tel ou tel personnage public. Ils craignaient d’être éclipsés par les réseaux sociaux, qui réagissaient toujours plus vite que les journalistes.
Commenter les tweets de Trump, c’était une manière d’être toujours dans le plus « chaud » de l’actualité. Mais quand la presse donnait le même poids à ses banalités ou à ses disputes sur Twitter, elle participait à sa propre délégitimisation. Celle-là même que Trump cherchait à imposer.
Fin stratège
Donald Trump n’est pas aussi con que l’on croit. Il sait ce qu’il fait. Même si ses tweets sont impulsifs, puérils et mal écrits, sa stratégie médiatique fonctionne bien. Tous ses messages sur Twitter ou son réseau social aident à créer une ambiance où la vérité est de moins en moins certaine.
Certains font le parallèle avec le « novlangue » de George Orwell. En donnant une importance aux histoires scandaleuses du président Trump sur Twitter, les médias contribuent à donner un caractère exceptionnel à des banalités. Il faut vraiment ne pas savoir quoi dire ou écrire lorsque les médias parlent des poignées de main que
Trump donnait aux dirigeants des autres nations. Au moment où la population a le plus besoin des journalistes pour comprendre les enjeux de société, ceux-ci participaient à la télé-réalité de Trump.