Anticosti à sec : du jamais vu en 30 ans
Les cerfs se portent bien à l'aube de la saison de chasseLa pluie des derniers jours sur Anticosti a été des plus bénéfiques tant pour l’ensemble des occupants de l’île, tant les cerfs, que les ruisseaux et les rivières dont plusieurs étaient littéralement à sec, que la forêt.
« C’était triste à voir. Dans certains secteurs il n’y avait plus d‘eau du tout. À la mi-juillet, en raison du manque d’eau, la marée a réussi à bloquer l’embouchure de la rivière Jupiter. Rien ne montait en rivière », relate Daniel Lévesque, de SÉPAQ-Anticosti.
Un phénomène que des résidents n’ont jamais vu en 30 ans.
« Comble de malheur, une des pompes à eau du village s’est brisée, entraînant l’arrêt de la seconde, surexploitée. Ce n’est donc pas l’assèchement de la nappe phréatique qui a privé d’eau les résidents de Port-Menier pendant deux jours, mais un problème mécanique », raconte monsieur Lévesque.
Grâce au ciel, en début de semaine, la pluie tombait comme « des cordes », ce qui est venu éliminer la menace d’un incendie forestier. Anticosti 2024 à sec a rappelé l’été de 1955 qui connaissait une grande période de sécheresse.
La plus grande île du Saint-Laurent a connu le pire incendie de forêt de son histoire. Sans les moyens d’intervention par air d’aujourd’hui, le « monstre » a brûlé pendant cinq mois et a ravagé une superficie de 777 km².
On raconte que ce feu était si intense, que l’on pouvait apercevoir les lueurs depuis la Gaspésie et la Côte-Nord.
Ce sont finalement les pluies d’automne qui devaient avoir raison du feu. Les secteurs les plus touchés ont été Vauréal, la rivière Observations, McDonald et dans le coin du bassin versant de la rivière Jupiter.
Encore aujourd’hui, les guides dirigent les chasseurs vers « le Brulé », une grande forêt encore en régénération.
Cet été, un feu de forêt, causé par la foudre, a sévi quelques jours dans l’ouest de l’île. L’intervention de deux avions citernes CL-215 de la SOPFEU a rapidement mis fin au brasier.
65 cerfs pour un filet d’eau
La disette d’eau a évidemment touché la faune sauvage de l’île.
« En une heure, j’ai dénombré 65 cerfs s’abreuvant à un ruisseau où il coulait un filet d’eau », raconte Daniel Lévesque qui ajoute que malgré la pénurie d’eau, les cerfs Menier se portent très bien.
La croissance soutenue des cerfs d’Anticosti se confirme à chaque année depuis 2018. Depuis six ans, le paradis de cerf se rétablit en nombre et en mode accéléré, comme pour rattraper les années de décroissance.
Samedi dernier, à la pointe ouest de l’île, dans le secteur de Baie Sainte-Claire, Daniel Lévesque a observé 200 cerfs. « Dont 60 % étaient des « bucks » de 8 pointes ».
Des panaches… impressionnants !
Et pour 2024, les panaches des « bucks» qui seront prélevés seraient encore plus impressionnants en raison du dernier printemps hâtif, précédé d’un hiver favorable.
« L’automne dernier, les mâles ont terminé la période du rut en réussissant à se faire une masse musculaire pour passer à travers l’hiver. Puis ils sont arrivés au printemps avec le poids de cette masse musculaire. Cette énergie est aussi dirigée vers leur couronne. En 2024, c’est certain qu’on devrait voir des mâles avec de beaux panaches », estime le biologiste responsable du Service de conservation de SÉPAQ-Anticosti, Éric Savard.
Ça promet!