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Les petits bonheurs de LouLou

Une visite au Monastère des Augustines

Catherine de St-Augustin, Iakonikonriostha, ce qui veut dire « celle qui rend l’intérieur plus beau »

Un lieu, une personne, un symbole, un temps, un emblème, un repas, pour chacun d’entre nous, ce qui est sacré est bien différent pour chacun et teinté de notre âme et de nos croyances. Petit épisode au Monastère des Augustines, qui m’a laissé songeuse.

Ma brève visite au monastère m’a bouleversé l’esprit.

Les livres d’histoire du Québec nous parle des conquérants, des colons, des filles du rois, des pionniers qui ont forgés notre nation, mais on ne parle rarement de ces femmes qui ont donné leur vie et bienveillance pour offrir un esprit de bonté, d’hospitalité, d’accueil et de générosité.

Découvrez les Augustines.

Un héritage à perpétuer

Les Augustines ont pris soin des corps et des âmes pendant près de 400 ans, construisant ainsi les bases du système de santé québécois actuel.

Au tournant du 21e siècle, devant le déclin de leur communauté, elles ont choisi de léguer leur patrimoine à la population. Une histoire riche de sens à transmettre aux générations futures!

Le 1er août 1639, trois Augustines venues de Dieppe, en France, arrivent à Québec. Elles y fondent le premier hôpital en Amérique, au nord du Mexique, selon la volonté du bienfaiteur cardinal de Richelieu et de sa nièce, la duchesse d’Aiguillon.

Dès lors, les Augustines prendront soin des malades et des plus vulnérables sur ce territoire. Au fil des siècles, elles créeront douze monastères-hôpitaux au Québec.

En demeurant toujours au diapason de la science, elles y agiront à titre de propriétaires, de gestionnaires, d’infirmières et de pharmaciennes.

1695

La construction du bâtiment du monastère-hôpital de l’Hôtel-Dieu de Québec, dans sa forme actuelle, débute.

Le projet de construire un monastère comprenant la résidence des religieuses, un chœur, une église et deux nouvelles salles pour les malades naît en 1691.

Par la suite, des travaux s’échelonnent de 1695 à 1698 pour créer l’aile du Jardin et l’aile du Noviciat.

C’est cette architecture de tradition européenne du 17e siècle qui confère la valeur patrimoniale au Monastère des Augustines qu’on connait aujourd’hui.

1755

Un incendie majeur ravage une grande partie du monastère-hôpital de l’Hôtel-Dieu de Québec. Celui-ci est reconstruit au cours des deux années suivantes.

Bien qu’il ait été rénové et agrandi à plusieurs reprises, le bâtiment actuel du Monastère date de cette reconstruction, terminée en 1757.

D’ailleurs, deux escaliers anciens construits à l’époque sont encore utilisés aujourd’hui.

1759

Durant la guerre de la Conquête, les soldats anglais prennent possession du monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec. Ils l’occuperont pendant 25 ans.

Alors que Québec est assiégé par les forces britanniques, les Augustines se réfugient à l’Hôpital général.

Seules exceptions : cinq religieuses demeurent dans les voûtes de l’Hôtel-Dieu de Québec pour veiller aux biens et aux bâtiments, nouvellement reconstruits à la suite de l’incendie de 1755.

Le 21 septembre 1759, trois jours après la capitulation de Québec, les Augustines reviennent sur place. Elles cohabitent avec les Anglais jusqu’à ce qu’ils quittent le monastère en 1784 et sont privées de leur hôpital durant tout ce temps.

1960

Les douze hôpitaux fondés par les Augustines sont intégrés au réseau de santé québécois en lien avec l’étatisation du système de la santé. 

Même si elles n’en sont plus propriétaires, les Augustines continuent à travailler dans les hôpitaux qu’elles ont fondés pendant de nombreuses années, poursuivant ainsi leur mission de soin avec humilité.

1995

Les Augustines constatent la diminution progressive des membres de leur communauté et commencent à préparer leur legs.

Suivant cette prise de conscience, elles planifient la transmission de leur patrimoine. Visionnaires, elles décident de regrouper les collections et les archives de leurs douze monastères afin de les mettre à la disposition de la société québécoise.

2009

La Fiducie du patrimoine culturel des Augustines et l’organisme à but non lucratif « Le Monastère des Augustines » sont créés.

La Fiducie est responsable d’assurer la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine et de la mémoire des Augustines du Québec.

L’OBNL, pour sa part, prolonge la fonction d’accueil et d’hospitalité du lieu en offrant aux visiteurs une expérience de cheminement vers le mieux-être en contact avec le patrimoine.

2015

Le 1er août, 376 ans après l’arrivée des Augustines en Nouvelle-France et après plus de deux ans de travaux majeurs, Le Monastère des Augustines ouvre ses portes au public.

La volonté des Augustines de transmettre leur héritage se concrétise après toutes ces années. Maintenant, c’est à votre tour de vous laisser inspirer par ce lieu de mémoire habité.

Les valeurs des Augustines

L’histoire de ces religieuses est une leçon d’humanité. À l’ombre de leur cloître, ces pionnières ont fait rayonner leurs valeurs dans la société: la compassion pour la souffrance, le respect des personnes et l’alliance de la science et de la spiritualité au service de la guérison.

Aujourd’hui, le Monastère des Augustines accueille des visiteurs de toute provenance et de toutes croyances, prolongeant ainsi ses fonctions d’hospitalité et de ressourcement dans une approche contemporaine et non-confessionnelle.

Son offre actuelle prend racine dans la mission de soin des Augustines et combine avec cohérence de nombreuses facettes de leur legs.

Dans le but d’en faire bénéficier les générations présentes et futures, le développement durable et l’engagement social font partie des principes directeurs du projet.

Le Centre Catherine-de-Saint-Augustin

Marie-Catherine de Saint-Augustin est une augustine du 17esiècle ayant occupé des fonctions importantes au monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec.

Béatifiée par le pape Jean-Paul II en 1989, on la compte parmi les Fondateurs de l’Église catholique du Canada.

Le Centre Catherine-de-Saint-Augustin lui est dédié. Toujours sous la responsabilité des religieuses, cet OBNL est un lieu de spiritualité, de commémoration et de pèlerinage. En fonction depuis 1985, le Centre Catherine est situé dans l’église du Monastère.

L’exemple de Marie-Catherine de Saint-Augustin

La présence de la mort s’articule aussi de bien d’autres façons dans un monastère. Par exemple, certains visiteurs s’étonneront de découvrir des reliques dans une petite salle du Chœur des religieuses.

Pourtant, le culte des reliques est ancien dans le catholicisme. Généralement, les reliques proviennent du corps d’un saint, d’un objet qui lui a appartenu ou encore d’un objet qu’il a touché de son vivant.

Les reliques permettent d’établir une relation avec le sacré. Leur présence crée parfois un espace sacral, pouvant devenir lieu de pèlerinage.

Dans l’église du monastère des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec, on trouve une châsse reliquaire de Marie-Catherine de Saint-Augustin (1638-1668), religieuse très importante pour les Augustines.

Elle est d’ailleurs considérée comme l’une des fondatrices de l’Église canadienne. De plus, le pape Jean-Paul II l’a déclarée bienheureuse en 1989.

Chaque année, le 8 mai, jour d’anniversaire de sa mort, il y solennité pour les Augustines et l’Église canadienne.

Un centre a été érigé en l’honneur de la bienheureuse. Tel un pèlerinage, le parcours débute dans le corridor du chœur pour accéder à l’église historique où s’y trouve la châsse.

Un buste reliquaire du père Jean de Brébeuf est aussi exposé à l’église. Brébeuf était le père spirituel de Catherine ainsi que l’un des martyrs canadiens.

Ma prochaine visite sera pour un séjour de trois jours afin de me plonger dans une retraite en silence afin de favoriser votre mieux-être et réfléchir a ce qui est sacré pour moi.

Pour suivre mes chroniques, consultez la section « Les petits bonheurs de Loulou » sur le site du Journal Le Soir.ca!

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