Services au volant à Rimouski : « quelle est l’urgence ? »

La Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette se questionne sur l’intention des élus de faire adopter si rapidement un règlement interdisant les services au volant dans les zones commerciales du centre-ville de Rimouski, situées entre l’avenue Belzile et la rue Lavoie, au nord de la rue de l’Évêché.

Présent au conseil municipal, lundi dernier, son directeur général, Jean-Nicolas Marchand, a bondi de sa chaise en prenant connaissance du souhait des élus dans la portion des « affaires nouvelles », ce qui équivaut à un varia en fin de séance.

Selon le maire Guy Caron et le directeur général de la Ville de Rimouski, Marco Desbiens, ce règlement luttera contre l’accroissement de la congestion routière et améliorera la sécurité des piétons au centre-ville.

Se présentant au micro pour questionner le maire Caron à ce sujet, monsieur Marchand lui a demandé s’il y avait un lien à faire entre ce projet de règlement et le commerce qui doit occuper le bâtiment où se trouvait l’ex-restaurant Poulet Frit Kentucky, à l’intersection du boulevard René-Lepage et de l’avenue Rouleau.

Guy Caron lui a alors répondu qu’un tel projet, à sa connaissance, n’avait pas encore été présenté à la Ville.

« Dans ce contexte, je me questionne doublement à savoir quel est l’enjeu de ce règlement et pourquoi l’amener tout de suite. C’est toujours plus facile pour une chambre de commerce ou pour moi de comprendre quand on en connait l’objectif. Des fois, on peut l’amender ou le moduler. Je ne comprends pas pourquoi on vient instaurer ce règlement sur plusieurs zones quand on nous dit qu’il n’y a pas d’enjeu » a déclaré Jean-Nicolas Marchand au collègue Francis Belzile de FLO 96,5.

Dans les « affaires nouvelles »

Le principe d’évoquer cette nouvelle loi municipale dans la portion « affaires nouvelles » et non dans l’ordre du jour fait aussi sourciller le directeur général de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette.

L’ordre du jour d’un séance du conseil municipal est accessible au public. Il permet d’évoquer la direction et les manœuvres des élus dans chacun des dossiers.

Les citoyens souhaitant exprimer leur opinion ou débattre sur un sujet sensible peuvent ainsi se présenter à l’hôtel de ville, démocratiquement, pour poser leurs questions aux élus.

Or, la Ville de Rimouski n’annonce pas ses « affaires nouvelles » à l’avance.

Comme l’indiquait mardi une source près du dossier et consultée par Le Soir.ca, il s’agit généralement de dossiers ou de sujets discutés dans les comités pléniers précédant une séance du conseil.

En catimini

Que la Ville expose ce règlement en catimini dans son varia, sans en aviser la population, en plein soir de présentation de budget, alors qu’elle veut l’adopter immédiatement à sa prochaine séance du conseil municipal, le 16 décembre prochain, laisse un goût amer dans la bouche de monsieur Marchand.

« On l’a ajouté en « affaires nouvelles » en présentant un document avec des coquilles de dates à l’intérieur. Je me questionne sur la rapidité. J’espère que l’administration pourra davantage me l’expliquer pour qu’on puisse y travailler. Je ne comprends pas l’urgence d’un tel règlement, à deux semaines de Noël » expose-t-il.

Par l’adoption de règlement avant le congé des fêtes, le conseil municipal de Rimouski souhaiterait contrer l’arrivée de Starbucks et d’un deuxième service au volant au centre-ville, après celui de A&W, qui profitera d’une « clause grand-père » pour le conserver.

Selon nos informations, Starbucks travaillerait bel et bien à s’établir dans l’ancien restaurant PFK, bien que la chaîne réfute toutes les allégations en ce sens depuis un ans.

La vente dans les dernières semaines du bâtiment qui abritait PFK ne serait pas étrangère à ce souhait de Starbucks.

Or, la Ville de Rimouski ne verrait pas la situation du même oeil. Sa direction craint l’ajout d’un autre service à l’auto et ses files d’attente dans ce secteur névralgique en raison de sa configuration.