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Le jeune orignal est dans la mire de la tique d’hiver

Ce que confirme en entrevue à « Rendez-Vous Nature », un des chercheurs d’une importante étude réalisée sur cinq ans
En entrevue à « Rendez-Vous Nature », le scientifique Steeve Côté explique pourquoi les jeunes orignaux attirent davantage la tique d’hiver, qui sévèrement atteint, le force à se dépouiller de ses poils protecteurs. (Photo Courtoisie Steeve Côté)

La tique d’hiver provoque la perte prématurée des jeunes veaux de l’orignal et ce, dans une proportion moyenne de 40% des cas de mortalité des bêtes, et peut même atteindre 90% certains hivers, et dans certaines régions, notamment sur côte de Beaupré, ou les Terres du Séminaire, à Québec.

Ce que confirme en entrevue à « Rendez-Vous Nature », un des chercheurs d’une importante étude réalisée sur cinq ans; dont trois ans sur le terrain et deux années pour analyser des données recueillies.

Les chercheurs ont orienté leur travail au Québec et au Nouveau Brunswick. Au terme de cette étude, la situation inquiète les scientifiques, dont un chercheur associé Steeve Côté, spécialiste en Biologie de la conservation et en Gestion de la faune, et Professeur titulaire au Département de biologie & Centre d’études nordiques de l’Université Laval.

C’est mathématique. Plus qu’il y a d’orignaux, plus il y a des tiques et plus il y a des tiques, plus il y a des mortalités. C’est la quantité de tiques qui est problématique. Un seul parasite n’a aucun effet sur un orignal. Mais des milliers sont dévastateurs sur un animal infecté.

Un orignal sévèrement atteint par la tique d’hiver, ce qui a forcé cet animal à s’épouiller sur les arbres pour de soulager des démangeaisons et se débarrasser des intruses gorgées de son sang, (Photo Courtoisie Steeve Côté)

À bout d’énergie

Les tiques rendent leur hôte anémique à force de pomper son sang. L’orignal sévèrement atteint passe son temps à s’épouiller sur les arbres pour de soulager des démangeaisons et se débarrasser de leurs intruses. Il cesse de s’alimenter. Et les frottages font tomber le poil creux de l’orignal, lequel lui sert d’isolant. Ainsi dévêtu de son manteau de poils, l’orignal tente de combattre le froid, ce qui lui occasionne une grande perte d’énergie.

Lors de cette entrevue, Steeve Côté explique pourquoi les veaux sont plus fragiles aux tiques. Des hivers de plus en plus doux, des printemps hâtifs et des étés plus humides, favorisent l’explosion des populations de tiques. Pour mener leurs recherches, des orignaux ont été capturés et traités par un acaricide. La moitié des orignaux infectés par la tique ont péri et ceux traités par le « remède » ont survécu. Ce pesticide utilisé sur une base expérimentale ne peut être utilisé à grande échelle.

Les scientifiques québécois du ministère de la Faune poursuivent leurs luttes et des résultats sont positifs. (Photo MFFP et courtoisie Serge Couturier)

Selon le scientifique, les chasseurs vivent actuellement « l’âge d’or » du succès de chasse, avec des années d’abondance de la récolte, comme en 2023, alors qu’il s’est prélevé avec de 22 713 orignaux.

La tique d’hiver gagne du terrain sur le dos de l’orignal, parce que les populations des grands cervidés sont en hausse. Mais comme l’insecte vampire cause des mortalités surtout chez les jeunes orignaux de la relève, et que la productivité de la femelle diminuerait aussi, tout cela pourrait freiner les beaux jours du roi de nos forêts.

On peut entendre ou réentendre cette entrevue en cliquant sur le lien ci-dessus.

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