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Économie

Bilan 2024 : Bois BSL, la perte d’un fleuron

Faillite après presque 30 ans d'histoire à Mont-Joli
L’usine Bois BSL de Mont-Joli. (Photo courtoisie Bois BSL)

Le Soir.ca poursuit sa rétrospective des nouvelles marquantes de 2024. Bois BSL a annoncé sa faillite, en septembre, mettant fin à près de 30 ans d’histoire pour ce fleuron de La Mitis fondé par Gino Ouellet en 1995.

Propriétaire de l’entreprise depuis 2018, la société de placements Corporation Financière BDG et Associés a interrompu les activités de ses trois chaines de production pour les planchers de bois et les buches écoénergétiques de l’usine principale de Mont-Joli, mettant à pied une centaine de travailleurs.

En tout, Bois BSL à Mont-Joli devait 21,8 M $ à ses créanciers. Ses ventes avaient connu une baisse de 20 % au printemps 2024 avant que son plus important client, l’entreprise américaine LL Floring, se place sous la protection de la loi sur les faillites, entraînant sa faillite.

Son plus important créancier garanti, la Banque TD, réclame 9,3 M $ à Bois BSL, dont les biens sont maintenant administrés par la firme FTI Consulting, un cabinet international de conseil basée à Washington.

L’institution lui a fait de nombreux rappels, depuis 2022, de respecter l’ensemble de ses engagements financiers.

L’autre créancier garanti, Investissement Québec, exige un remboursement de 1,5 M $. À eux s’ajoutent des centaines de créanciers non garantis, dont les dettes de Bois BSL s’élèvent à près de 11 M $.

Pour faire face à ses difficultés financières, Bois BSL avait d’ailleurs retenu les services de la firme Raymond Chabot Grant Thornton afin d’analyser sa situation et d’établir un plan de restructuration.

Un meilleur héritage

Le fondateur de Bois BSL, Gino Ouellet, aurait souhaité laisser un meilleur héritage à Mont-Joli et non pas des usines vides, comme c’est le cas depuis la faillite de l’entreprise qu’il a vendu en 2018 à la Corporation financière BDG, alors que le marché du plancher de bois franc était très favorable.

« Lorsque j’ai vendu, l’entreprise générait des profits considérables. Aujourd’hui, le marché du bois franc est à son plus bas. Il occupe à peine 6 ou 7% du marché des recouvrements de plancher. Les grosses usines de planchers de bois francs ne fonctionnent pas à 100% de leur capacité. Il y a trop de joueurs actuellement sur le marché. Il y a eu un boom lors de la pandémie, mais Bois BSL n’a pas pu en tirer profit », explique monsieur Ouellet, en entrevue avec Le Soir.ca.

Gino Ouellet (Photo courtoisie)

Puisque les nouveaux propriétaires ont procédé à ce moment alors au renouvèlement des équipements et à l’agrandissement de l’usine, Gino Ouellet estime que leurs déboires ont commencé à ce moment.

« Ils n’ont pas fait de bons travaux à l’interne. Au lieu de produire plus, ils ont produit moins et ils ont gaspillé plus et après cela le marché s’est mis à descendre », analyse-t-il.

Autre secteur d’activité

Gino Ouellet ne croit pas à une relance de Bois BSL, du moins pas dans la production de plancher de bois franc ni de bûches énergétiques, car les deux vont de pairs.

« La vente des équipements a commencé. La liquidation des inventaires est aussi en cours. Je ne crois pas à une relance à part dans un autre secteur d’activité. Les bâtiments vont rester là et disponibles. Ce sont de bons bâtiments qui pourraient accueillir une entreprise du domaine manufacturier. Je travaille avec le maire Martin Soucy et la Ville de Mont-Joli pour essayer de trouver un entrepreneur intéressé par les usines. Ce sont de très bonnes bâtisses en structures de métal », indique-t-il.

(Photo courtoisie Bois BSL)

Monsieur Ouellet a été approché pour reprendre l’entreprise quelques jours avant sa mise en faillite.

« J’y ai pensé, pas longtemps, mais j’y ai pensé. J’arrive à 60 ans. Ça ne me tentait pas de me rembarquer. L’entreprise a été complètement démolie. Ça aurait été un travail de Goliath pour repartir ça. Dans le contexte actuel, les chances de réussites sont à peu près nulles ».

Faillite déplorable

Gino Ouellet déplore la façon dont ses successeurs ont agi lors de la mise en faillite.

L’arrêt des opérations a eu un impact négatif sur l’emploi à Mont-Joli.

« Il ne faut pas provoquer les choses. Je travaille avec la Ville pour donner un coup de main à cette relance. BDG n’a pas envoyé de communiqué de presse pour expliquer la situation. Ils n’ont pas rencontré les employés. Ils ont mis les clés sur la table et ils sont partis. Ils ont été maladroits », déplore-t-il.

Monsieur Ouellet est déçu de voir l’entreprise qu’il a bâtie pendant 24 ans finir de cette façon.

« C’était vraiment une belle entreprise. Lorsque nous l’avons vendu, elle générait des profits considérables. Nos fournisseurs avaient confiance en nous. Ils ont continué avec les nouveaux propriétaires. Ils n’ont eu aucune protection. BDG aurait pu essayer de minimiser les dégâts dans la région. Beaucoup d’entreprises de la région ont perdu des sommes considérables à un moment où l’économie est difficile ».

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