Procès de Steeve Gagnon : la mère des deux enfants impliqués témoigne
Audition de cinq témoins
Le procès de Steeve Gagnon, accusé dans l’attaque au camion-bélier survenue le 13 mars 2023 à Amqui, a repris mardi matin au palais de justice de Rimouski, avec l’audition de cinq témoins, dont la mère des deux jeunes enfants faisant partie des victimes.
La femme de 34 ans, dont on doit taire l’identité afin de ne pas identifier les enfants, a raconté qu’elle s’était rendue au Dollarama à pied avec ses deux enfants, sa belle-mère et le conjoint de cette dernière, le 13 mars en après-midi.
« Nous avons décidé d’aller prendre une marche et de nous rendre au Dollarama acheter de petites surprises pour les enfants. Lorsque nous revenions vers la maison de mes beaux-parents, ma fille était dans une poussette avec sa grand-mère et mon fils tenait la main de son papy. Je l’ai entendu demander pour venir me trouver et ensuite plus rien. Je me suis réveillée par terre. Je n’ai pas de souvenir de l’endroit. J’avais mal à la tête et à la jambe gauche. J’ai tout de suite demandé comment allaient mes enfants », a raconté de manière émotive la mère qui a passé trois semaines à l’Hôpital d’Amqui pour diverses blessures.

« J’ai eu une fracture du fémur et de l’omoplate, une commotion cérébrale, plusieurs côtes fracturées et de multiples fractures à la colonne vertébrale. Mon fils a eu une commotion cérébrale et une contusion pulmonaire ».
Hospitalisé trois semaines à Québec
Le témoignage de la mère a été suivi par celui du conjoint de sa belle-mère qui a mentionné ne plus avoir de souvenirs de ce qui s’est passé après la sortie du Dollarama.
« Nous marchions sur le trottoir en direction ouest. Je me rappelle de m’être réveillé à l’Hôpital d’Amqui et ensuite à celle de Québec. Il m’a cassé la colonne et la hanche. J’ai eu 15 côtes cassées, le poumon perforé, une embolie pulmonaire et j’avais du sang au cerveau, au foie, à la rate et à la vessie. J’avais aussi l’enveloppe du cœur déplacée. J’ai fait de la physiothérapie pendant un an et demi », a-t-il mentionné, lui aussi avec beaucoup d’émotion.
La grand-mère des enfants a raconté elle aussi la marche en famille du 13 mars 2023.
« Je poussais la poussette de ma petite fille et je me suis retrouvée assise dans un trou d’eau. Je me suis levée pour chercher mes petits enfants que j’ai trouvés dans une ambulance. Mon chum était étendu par terre et il était comme absent », affirme celle qui a eu une fracture à un pied.
Deux premiers témoins
Après les victimes, le ministère public a fait témoigner deux personnes qui ont été dans les premières à venir porter secours aux victimes.
Yoland Desrosiers et sa conjointe Chantal Lavoie, de Thunder Bay, en Ontario, étaient venus visiter des membres de la famille.
« On faisait une promenade pour voir comment la Ville d’Amqui avait changé depuis notre dernière visite. Ma femme m’a avisé qu’une camionnette venait de percuter des gens sur le trottoir. Je me suis stationné dès que j’ai pu et je suis allé porter secours. J’ai vu à un homme par terre qui était massé par un homme qui m’a dit que ça allait. Je me suis tourné et j’ai vu une femme coincée sans la galerie de la Brasserie (La Captive). J’ai essayé de la rassurer jusqu’à l’arrivée des ambulanciers. Je lui disais que tout irait bien. »
« Nous étions dans le trafic. J’ai vu la camionnette se tasser sur le trottoir, accélérer et foncer dans les gens », a déclaré Chantal Lavoie.
À la question de l’avocat de l’accusé, Me Hugo Caissy, qui voulait savoir en contre-interrogatoire sur quoi elle se basait pour dire que le camion accélérait, elle a répondu : « la vitesse qu’il prenait ».
Deux autres témoins devaient être entendus mardi après-midi.
Rappelons que Steeve Gagnon fait face à trois chefs de meurtre au premier degré, donc avec préméditation et deux chefs de tentatives de meurtre.
Le procès pourrait durer jusqu’à huit semaines. Il se tient devant un jury au palais de justice de Rimouski.
Une dizaine de proches des victimes assiste au procès. L’accusé a baissé la tête à quelques occasions pendant les témoignages.