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Des dizaines de ménages sans logis dans l’Est-du-Québec

Traditionnelle journée du déménagement le 1er juillet
Le cocoordonnateur du Comité logement Bas-Saint-Laurent, Alexandre Cadieux. (Photo : Comité logement Bas-Saint-Laurent)

Alors que la traditionnelle journée du déménagement est à peine passée, quelques dizaines de ménages du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie n’ont pas signé de bail pour un logement. 

Dans une région comme dans l’autre, la situation est semblable à celle de l’année passée, estiment les intervenants consultés.

« Ce serait exagéré de dire que c’est pire, soulève le cocoordonnateur du Comité logement Bas-Saint-Laurent, Alexandre Cadieux. Statistiquement, c’est dur de baisser plus ! C’est une situation qui est en train de s’encrasser, on stagne. »

Dans la Baie-des-Chaleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le directeur général du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, le bureau de Carleton-sur-Mer a reçu une trentaine de nouvelles demandes au cours des six dernières semaines seulement.

Ambroise Henry constate que, plus on s’approche du 1er juillet, plus les demandes s’accélèrent. Ces demandes ne proviennent pas uniquement de personnes seules, mais incluent également des couples avec enfants.

Ces nouvelles demandes s’ajoutent aux 150 personnes de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine qui sont déjà inscrites sur des listes d’attente depuis la dernière année, portant le total à environ 200 personnes en recherche de logement dans la région.

Parmi elles figurent de nouveaux travailleurs, notamment du domaine de la santé, ainsi que des résidents contraints de chercher un nouveau toit après avoir perdu leur hébergement temporaire.

À Rimouski, à moins d’une semaine du 1er juillet, quelque 120 ménages étaient accompagnés par l’Office d’habitation de Rimouski-Neigette en raison de leur difficulté à se loger. Le 26 juin, une vingtaine de personnes se retrouvaient officiellement sans bail. Mais, M. Cadieux soupçonne que le nombre réel est beaucoup plus élevé.

« On voit plein de gens qui sont contraints de rester dans des logements qui sont inadéquats, dans des conditions de logement qui mettent en danger leur santé, déplore-t-il. Certains vivent dans un logement qui est rendu trop petit ou dont la cohabitation est devenue difficile avec les voisins ou un conjoint violent. »

En Gaspésie, la crise du logement présente une particularité saisonnière.

« Le gros choc n’est pas tant le 1er juillet qu’un peu avant, soit toute la période du printemps, quand les appartements se libèrent pour le tourisme », explique Ambroise Henry. La location saisonnière force donc de nombreux locataires à quitter leur logement bien avant la date traditionnelle de déménagement.

Itinérance cachée

Un aspect particulièrement troublant de cette crise est l’émergence de ce que les intervenants du milieu appellent « l’itinérance cachée ». Il s’agit de personnes qui, faute de logement, dorment sur des divans, dans des sous-sols, retournent vivre chez leurs parents ou s’installent temporairement chez des proches. 

« Ce sont plein de gens qui n’ont pas de logement, mais qui n’apparaissent pas dans les statistiques et qui ne se retrouvent pas à proprement parler dans la rue », explique le porte-parole du Comité logement Bas-Saint-Laurent.

La pénurie de logements donne également lieu à des comportements préoccupants de la part de certains propriétaires. Alexandre Cadieux rapporte des cas d’augmentation de loyer illégale et de pressions exercées sur les locataires pour les forcer à quitter leur logement.

Un abris au parc de la Gare (Photo Le Soir.ca)

« Même si ce n’est pas légal, il y a plusieurs propriétaires qui redoublent d’ardeur et de stratégies mal intentionnées pour que les locataires quittent leur logement pour être capables de faire rentrer du nouveau monde le 1er juillet », s’indigne-t-il.

L’exemple d’un couple installé depuis plus de 20 ans dans un village près de Rimouski illustre ces dérives. L’homme et la femme subissent le harcèlement de leur propriétaire pour quitter leur logement de 4 pièces et demie qu’ils paient 475 $ par mois parce que leur propriétaire sait très bien qu’elle pourra le relouer à 1000 $.

« La propriétaire n’a aucun mandat ni jugement du Tribunal administratif du logement qui permet d’évincer les locataires, dénonce M. Cadieux. Mais, elle fait tout pour leur tomber sur les nerfs ! »

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