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La fusion des groupements forestiers est contestée

Assemblée générale extraordinaire prévue à l'Hôtel Rimouski

Les dirigeants des Groupements forestiers de Métis-Neigette et de Témiscouata reviennent à la charge avec leur projet de fusion. Une assemblée générale extraordinaire des membres du Groupement de Métis-Neigette aura lieu ce jeudi 3 juillet, à Rimouski.

En juin dernier, une proposition semblable avait été soumise, mais elle avait été rejetée par un vote très serré du côté de Métis-Neigette, alors que les membres de Témiscouata s’étaient majoritairement prononcés en faveur de la fusion.

Parmi les opposants au projet, Jean-Maurice Lechasseur, ancien président du Syndicat des producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent et figure marquante du mouvement coopératif forestier, exprime de vives préoccupations.

Fondateur de plusieurs des premiers groupements forestiers dans la région, il soutient que le projet de fusion suscite une grande méfiance chez plusieurs producteurs.

Il se dit inquiet de l’évolution actuelle de ces structures.

« Les groupements forestiers achètent des lots à bois. Les administrateurs aussi achètent beaucoup de lots. Pire que ça, ils achètent des érablières. En faisant ça, ils viennent déstabiliser pis mettre en danger la survie des petites localités », estime monsieur Lechasseur.

Selon lui, les groupements forestiers cherchent à exercer un contrôle sur la ressource et sur les prix du bois. Étant donné que ces organisations sont désormais propriétaires d’usines de transformation, il craint que les intérêts des producteurs ne soient relégués au second plan, derrière ceux de l’industrie.

« Leur rôle, c’est de vendre le bois des producteurs le plus cher possible à l’usine, mais ils sont aussi acheteurs de bois, donc en conflit d’intérêts. On est en train de se faire passer un sapin. »

Jean-Maurice Lechasseur rappelle qu’il avait participé, dans les années 1970, à la création des organismes de gestion forestière en commun dans le sillage des Opérations Dignité — une réponse des communautés rurales à la volonté du gouvernement de fermer certaines paroisses du Haut-Pays.

Il réaffirme son attachement aux groupements forestiers, mais il craint que cette nouvelle fusion accentue la dépendance des producteurs envers une structure de plus en plus centralisée.

Une logique de croissance questionnée

« Plus ça grossit, moins nous, les producteurs de bois, on a de services. On est plus au service des grosses structures qui sont mises en place avec notre argent », s’interroge Jean-Maurice Lechasseur.

Il déplore également que le bois se vende aujourd’hui à un prix inférieur à celui d’il y a 25 ans, malgré l’augmentation constante des coûts de production.

(Photo Pixabay)

« Pourquoi les industriels de la région ne sont pas capables de payer le même prix qu’on reçoit pour le bois qu’on envoie en Beauce? »

Il critique aussi les stratégies de mobilisation utilisées, selon lui, par les dirigeants du Groupement de Métis-Neigette.

« Ils ont fait signer des procurations. Un paquet de gens ont délégué leurs droits de vote sans trop savoir dans quoi ils s’embarquaient. »

Si elle est entérinée, la fusion mènerait à la création du plus grand groupement forestier privé du Québec : le Groupement forestier Métis-Neigette–Témiscouata.

Cette nouvelle entité représenterait plus de 2 600 propriétaires de forêts privées, avec un chiffre d’affaires estimé à près de 150 millions de dollars et plus de 400 employés. Elle jouerait un rôle majeur dans le sciage des feuillus et dans le secteur acéricole.

Silence des dirigeants avant l’assemblée

Les dirigeants des deux groupements refusent de commenter le projet avant l’assemblée extraordinaire prévue le 3 juillet.

La porte-parole, Anne-Marie Thibeault, affirme que les membres ont tous été rencontrés dans la dernière année et disposent de toute l’information nécessaire pour prendre une décision éclairée.

Dans un courriel, le directeur général du Groupement de Témiscouata, Francis Albert, rappelle que son organisation est elle-même le fruit d’une fusion en 2010 avec le Groupement de l’Est-du-Lac.

« Nous avons triplé notre chiffre d’affaires et nous sommes actionnaires majoritaires de quatre usines de transformation de bois feuillus. L’objectif est d’offrir de meilleurs services et de poursuivre le développement de la filière forestière et de la transformation. »

(Photo Le Soir.ca- Ernie Wells)

Le président du Groupement de Métis-Neigette, Pierre Sirois, assure de son côté que tous les bureaux actuels, dont celui de Saint-Gabriel-de-Rimouski, demeureront ouverts.

Son groupement est issu d’une précédente fusion entre Neigette et La Mitis, réalisée il y a quelques années.

L’an dernier, 97 % des membres du Groupement de Témiscouata avaient voté en faveur de la fusion, tandis que le projet avait été rejeté chez Métis-Neigette par une seule voix.

Le règlement stipule qu’une majorité des deux tiers des membres présents est nécessaire pour approuver la fusion.

Les dirigeants, comme promis, présentent donc à nouveau leur projet, ce jeudi 3 juillet, à l’Hôtel Rimouski.

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