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Des progrès insuffisants face à la crise

Construction de logements 
La construction coûte cher dans l’Est-du-Québec. (Photo Johanne Fournier)

Malgré le millier de logements actuellement en chantier au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, les besoins dépassent largement l’offre dans ces régions où construire coûte plus cher qu’ailleurs au Québec.

Si les deux régions ont connu une année record en matière de construction résidentielle, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie peinent encore à résorber la crise du logement à laquelle ils font face. Selon les statistiques de la Société d’habitation du Québec (SHQ), 1036 unités de logements sociaux et abordables sont actuellement en construction.

À Rimouski seulement, le maire Guy Caron évalue qu’il faudrait environ 2500 nouveaux logements, dont 400 unités sociales, pour retrouver un équilibre sur le marché locatif. Un objectif qui semble lointain, même si la Ville a confirmé plus de 850 unités privées et publiques en 2024, soit 16 fois plus que l’année précédente.

Coûts plus élevés en région

La construction coûte cher dans l’Est-du-Québec. Chaque logement coûte de 20 000 $ à 25 000 $ plus cher que dans le reste du Québec, avec un coût moyen de 461 235 $ par logement, toujours selon les chiffres de la SHQ. Cette réalité complique la rentabilité des projets dans des marchés plus restreints que ceux des grands centres.

Le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie font face à des défis particuliers, notamment la disponibilité de la main-d’œuvre spécialisée et le coût du transport des matériaux.

Le Quartier maritime, un projet phare

Le plus ambitieux des projets en cours demeure celui de la Société de développement Angus. Évaluée à 130 M$, la phase initiale du Quartier maritime prévoit la construction de plus de 320 appartements répartis dans deux bâtiments de quatre à dix étages. Le projet comprendra également un espace vert et un stationnement souterrain de 200 places.

Le financement public s’élève à 64,3 M$ provenant du gouvernement du Québec, auquel s’ajoutent 24 M$ de la Ville de Rimouski en subventions et en congés de taxes foncières.

La maison mère de la Congrégation des Soeurs du Saint-Rosaire à Rimouski. (Photo journallesoir.ca)

Un autre chantier en cours consiste à convertir l’ancienne maison mère des Sœurs de Notre-Dame-du-Saint-Rosaire en 91 nouveaux logements sociaux et abordables. Ce projet est estimé à 21,4 M$, dont 12,6 M$ sont versés par Ottawa et 3,3 M$ par la Ville de Rimouski.

L’inflation frappe durement le secteur

Selon Éric Sansoucy de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), plusieurs facteurs expliquent l’explosion des coûts de construction.

« Durant la pandémie, le prix des matériaux a beaucoup monté. De plus, il vient d’y avoir une renégociation salariale de la main-d’œuvre en construction. »

L’expert pointe également du doigt un phénomène dans l’octroi des contrats publics qui, selon lui, fait grimper les coûts. À son avis, cette dynamique contribue donc aux dépassements de coûts devenus monnaie courante dans le secteur, compliquant ainsi la planification budgétaire des projets publics.

Une solution qui demande du temps

Bien que les initiatives actuelles apparaissent encourageantes, l’étendue des projets reste modeste face à l’ampleur de la crise. Il faudrait encore plusieurs années de construction intensive à ce rythme pour combler l’écart. La pénurie de logements demeure donc un enjeu de taille pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie.

Pour le porte-parole de la CORPIQ, la solution ne viendra pas uniquement de la construction de logements sociaux.

« Ce n’est pas suffisant. C’est plutôt un bouquet de mesures qui va faire baisser la température. »

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