Souveraineté : maintenant plus que jamais
L'opinion de Carol-Ann Kack
Les récents propos de Lucien Bouchard, sur la promesse de Paul St-Pierre Plamondon de tenir un référendum sur la souveraineté du Québec dans un premier mandat, n’ont pas manqué de faire réagir.
L’opinion de Carol-Ann Kack
Plus concrètement, il l’invite à ne pas aller de l’avant avec l’idée d’un référendum dans un premier mandat, craignant qu’il fasse peur au peuple québécois et que nous vivions collectivement un nouvel échec référendaire.
Rien de nouveau sous le soleil. Ce n’est pas le bon moment, c’est trop risqué, nous ne sommes pas prêts. Les arguments habituels qui nous sont ressassés et qui nous maintiennent dans un statu quo, nous empêchant de nous mettre en action pour prendre le pouvoir sur notre avenir.
Une chose est certaine, la mise au rancart de l’indépendance ne nous aidera jamais à la faire ultérieurement. Elle contribuera sans doute plutôt à son effacement, et par le fait même, se présente plutôt comme un aveu d’abandon.
Pour la première fois depuis une trentaine d’années, la politique québécoise se dirige possiblement vers des élections générales préréférendaires en 2026. Il s’est écoulé 18 ans entre les deux premières conjonctures similaires (1976 et 1994) et 32 ans depuis la dernière fois.
C’est une conjoncture rare, et le regain d’intérêt de la question indépendantiste chez les 18-34 ans est une occasion unique à saisir afin de ramener la question au premier plan.
Soumission face à Trump
Sur scène politique canadienne, le nouveau gouvernement libéral a entrepris d’abandonner la lutte aux changements climatiques au profit d’une approche de soumission face à Donald Trump, visant clairement à protéger prioritairement les industries d’importance stratégique pour le Canada.
Ces priorités économiques canadiennes seront sans aucun doute l’industrie pétrolière, principalement concentrée en Alberta, et l’industrie financière, aujourd’hui presque exclusivement située en Ontario.
Les intérêts économiques québécois seront vraisemblablement sacrifiés dans ces négociations et la transition écologique québécoise sera rendue impossible.
L’abandon de la taxe sur les GAFAM et de la taxe sur le carbone, le retour à une promotion active des énergies fossiles, la création d’un pipeline traversant le Québec, les promesses de couper 60 G$ de dépenses gouvernementales en trois ans et d’investir massivement (9 G$) dans l’armement auront des effets catastrophiques sur l’État québécois et ses services publics.
La montée de la droite aux États-Unis permet à certains courants conservateurs et traditionalistes de prendre racine et à s’exprimer de plus en plus fort.

Sans grande surprise, ils n’ont pas un accueil particulièrement favorable au Québec, mais c’est plus facile dans d’autres provinces du Canada. Il apparait nécessaire de protéger nos acquis, et d’avoir les coudées franches pour le faire, à tous les niveaux.
Nous devons plus que jamais être maîtres des lois qui nous concernent, de tous les impôts que nous payons et des traités qui régissent nos relations à l’international. L’urgence de l’indépendance du Québec n’aura selon moi jamais été aussi criante que dans les années à venir.
Terminer ce qui a été commencé
Si nous ne profitons pas de la conjoncture, il risque de s’écouler beaucoup de temps d’ici la prochaine occasion d’émancipation collective. Si nous n’osons pas essayer, c’est aussi la possibilité même de réaliser la transition écologique au Québec que nous allons compromettre.
Ne laissons pas seules les générations suivantes avec la mission de mener le Québec et ses peuples à la souveraineté. Il est temps de terminer ce qui a été commencé par le camp du OUI il y a plusieurs décennies. Nous aurons besoin de courage et d’audace, mais c’est nécessaire de le faire. Nous devons y arriver, tous ensemble.
Les nouvelles générations sont à l’écoute et intéressées. Elles ne sont pas prises dans les échecs du passé et les peurs. Nous avons du travail à faire devant nous. Mais nous pouvons y arriver. Nous devons y arriver.
