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Justice

Douze mois de prison pour avoir fraudé un octogénaire

Louise Boulay a été condamnée au palais de justice d'Amqui
Louise Boulay sera à l’ombre pendant 12 mois pour avoir fraudé un octogénaire de Sayabec. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

Louise Boulay, de Sayabec, a été condamnée, le 15 septembre septembre, à 12 mois de prison ferme au palais de justice d’Amqui pour avoir fraudé un octogénaire analphabète de près de 40 000$.

La femme de 65 ans, qui s’est notamment fait connaître comme membre de l’exécutif et « directrice de politique » de l’Association du Parti conservateur du Québec de la circonscription de Matane-Matapédia lors des dernières élections provinciales, devra également une probation de 36 mois à sa sortie.

Le juge James Rondeau a également imposé plusieurs conditions strictes, notamment l’interdiction de communiquer avec sa victime et les membres de sa famille ainsi que l’obligation de se soumettre à un suivi psychologique.

La fraude remonte à décembre 2021. Louise Boulay, qui était la voisine de sa victime, avait gagné la pleine confiance de cet homme, aujourd’hui âgé de 86 ans, qui ne savait ni lire ni écrire.

Ayant obtenu ses informations personnelles, elle a effectué 12 transactions sur la carte de crédit de sa victime pour un montant total de 36 180 $.

L’octogénaire avait également prêté 3200 $ à sa voisine, qui ne lui a remboursé que 100$ depuis. Considérant que la victime avait volontairement divulgué ses informations bancaires, Desjardins n’a jamais cessé de lui réclamer la somme qui, avec les intérêts, s’élevait à plus de 50 000$.

Malgré un revenu annuel d’environ 75 000$ et le prix de son loyer, qui n’est que de 375$, la fraudeuse a indiqué au tribunal être incapable de rembourser la dette.

« Ça ne vous a pas empêchée d’aller en République dominicaine pendant six mois », a fait remarquer le procureur de la poursuite, Me Simon Blanchette, à l’endroit de l’accusée.

Conséquences dramatiques

La fille de la victime a témoigné des conséquences dévastatrices de cette fraude sur son père.

Harcelé par les agences de recouvrement, l’homme de 86 ans a sombré dans une détresse si profonde qu’il a fait l’objet de deux interventions ambulancières et policières, après avoir exprimé des idées suicidaires.

« Il disait que ça ne valait plus la peine de continuer, que tout était ligué contre lui », a relaté sa fille d’une voix brisée par l’émotion. Son père est si démuni financièrement, que la femme doit désormais assumer le remboursement du prêt qu’il a contracté pour l’achat de sa voiture.

Le palais de justice d’Amqui. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

Louise Boulay a présenté un parcours de vie contrasté lors de son témoignage. Ancienne militaire pendant 11 ans dans les Forces armées canadiennes, elle détient une maîtrise en sciences de l’orientation obtenue en 1994.

Depuis un accident de travail dont elle a été victime en 2000, elle vit d’indemnités de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Récemment, l’accusée a effectué trois missions bénévoles en Côte d’Ivoire pour la protection des enfants.

La contrevenante souffre de multiples problèmes de santé physique et mentale, incluant des troubles anxieux et de stress post-traumatique, notamment pour des agressions sexuelles qu’elle aurait subies par le passé. Elle a été suivie en psychiatrie à plusieurs reprises et prend de nombreux médicaments.

Défense peu crédible

Louise Boulay a tenté d’expliquer ses gestes en invoquant sa propre victimisation dans une fraude amoureuse. Elle a affirmé avoir été manipulée par un homme qui prétendait avoir des problèmes médicaux et financiers.

« J’ai été naïve, a-t-elle déclaré, ajoutant souffrir d’amnésie concernant les détails de la fraude qu’elle a commise en 2021. J’étais dans une situation vulnérable. Je n’étais pas dans une situation pour prendre des décisions éclairées. Je m’en veux. J’ai honte. Je suis une victime. »

Le juge James Rondeau n’a accordé aucune crédibilité au témoignage de la sexagénaire. « Vous êtes une personne contrôlante. Vous sélectionnez les questions auxquelles vous voulez répondre. Vous êtes une manipulatrice. C’est le propre des fraudeurs pour arriver à leurs fins. »

Le magistrat a souligné le caractère prémédité de la fraude. « Vous avez choisi votre victime, qui avait confiance en vous. Vous avez utilisé tout votre pedigree pour obtenir sa confiance. Vous avez effectué douze transactions frauduleuses. Pas une transaction, mais douze! »

Concernant l’histoire entourant la fraude amoureuse invoquée par la défense, le juge l’a qualifiée d’«inventée de toutes pièces», ajoutant du même souffle qu’il avait de la difficulté à croire aux regrets exprimés par l’inculpée.

La peine étant immédiate, Louise Boulay a quitté la salle d’audience escortée par deux constables spéciaux pour être conduite directement au centre de détention.

Le juge a estimé qu’une peine à purger dans la collectivité, comme le demandait la défense, « n’aurait pas eu de conséquences dissuasives » pour ce type de crime visant des personnes vulnérables.

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