Guy Caron : l’insupportable légèreté du maire sortant
Lettre ouverte de Claude Bernard, citoyen de Rimouski
Le maire sortant de Rimouski, Guy Caron, s’octroie la note de 9/10. Une autoévaluation trumpienne de son mandat ? Pourquoi ce sprint d’asphaltage en 2025 ? Des élections seraient-elles à l’horizon ? On croirait revivre l’époque de Duplessis.
Lettre ouverte de Claude Bernard, citoyen de Rimouski
L’avenue de la Cathédrale est devenue kafkaïenne, digne héritière du laissez-passer A38 des 12 travaux d’Astérix. La facture est salée : plus de 6 millions pour 1 100 mètres de rue, avec l’ajout de 175 mètres cubes de béton hautement polluant.
Le coût réel reste flou, une partie ayant été camouflée dans des dépenses courantes.
À raison de six millions le kilomètre, la facture, appliquée à l’ensemble du territoire, atteindrait 2 milliards. Le maire affirme que l’asphaltage seul aurait coûté 4 millions.
En réalité, la somme se situait autour de 2 millions. Le gouvernement avait d’ailleurs refusé de financer le projet, ce qui a retardé les travaux. La sécurité est-elle devenue un concept abstrait ?
Il est gênant qu’une ville dont l’activité principale est d’ordre gouvernemental reçoive une telle subvention.
À Saint-Charles-Garnier, 250 habitants se battent contre le MTQ, qui leur a refilé la facture pour la réfection de leur rue principale, pourtant sous juridiction provinciale. Mais à Rimouski, pour toucher une subvention de 3 millions, il aura fallu dépenser davantage au final.
La neige sur les terrains privés ?
Pendant que les citoyens arrachent leur pelouse faute d’eau, le maire tente d’en faire pousser sur l’asphalte. Quel sera le sort de ces aménagements dignes d’une ville sans hiver ?
La neige usée sera-t-elle soufflée sur les terrains privés pour sauver les petites fleurs municipales ?

Des employés payés 50 $ l’heure plantent des pissenlits au coin des rues. Est-ce là une bonne gestion des fonds publics ?
Et ce n’est pas tout. Avenue Saint-Louis, l’aménagement interdit désormais aux défunts de « stationner » devant le salon funéraire : direction l’arrière-cour ! À l’hôpital, l’accès est compliqué par un sens unique orienté… à l’opposé.
Rimouski est la seule ville de plus de 50 000 habitants sans stade multisport avec terrain de soccer. Selon l’Institut de la statistique du Québec (2023), seules quatre villes comparables existent. Une seule possède un terrain intérieur, mais toutes dépassent la taille de Rimouski d’au moins 25 %.
Les citoyens réclament depuis longtemps qu’on investisse dans l’entretien des rues et bâtiments plutôt que dans des infrastructures prestigieuses.
L’exemple des Ateliers Saint-Louis illustre bien la négligence municipale. Et qu’adviendra-t-il du presbytère Saint-Germain ?
Les parcomètres du centre-ville
La ville a aussi consenti un investissement majeur pour attirer Costco, dont le stationnement est gratuit, tout comme sur la montée Industrielle-et-Commerciale et l’avenue Léonidas.
Pendant ce temps, le centre-ville croule sous les parcomètres, comme si l’objectif était de pousser les commerces vers la périphérie. Extraordinaire : le maire annonce 30 minutes gratuites, puis, quatre jours plus tard, promet 60 minutes en campagne électorale. Sérieusement, pourquoi pas 90 d’un coup ?
La saga du traversier, elle, relève de l’absurde. Après la fin de la traverse, le maire annonce que la SOPER trouvera une solution.
Ensuite, on apprend qu’un OSBL sera créé. Finalement, un entrepreneur exige 9 millions pour acheter un bateau. Des pas chancelants pour un projet qui prend l’eau.
La SOPER, parlons-en. Une société financée à 100 % par des fonds publics, gérée en majorité par des représentants municipaux et mise en faillite.
Le maire a même présidé son conseil. La Commission municipale a conclu qu’il s’agissait d’une paramunicipale.

Rappelons que le rôle premier d’une ville est de paver correctement ses rues, de gérer les déchets, les eaux usées et l’eau potable. La sécurité relève surtout de la SQ. Or, les taxes municipales augmentent plus vite que l’inflation.
Déjà, une nouvelle taxe est annoncée pour financer un stade partiellement sur emprunt, en plus de la hausse liée au nouveau rôle d’évaluation. Les citoyens regretteront les millions gaspillés : 5 millions pour un centre de congrès privé, 6 millions pour l’avenue de la Cathédrale, 10,8 millions pour un stade…
Et que dire du lancement de campagne du maire : 60 minutes gratuites de stationnement au centre-ville et contraventions réduites de 86 $ à 50 $. Pourtant, quatre jours plus tôt, le conseil n’avait adopté que 30 minutes gratuites.
Seule l’intervention de Sébastien Bolduc, qui réclamait 60 minutes, a sauvé la face. Rappelons que Rimouski est la dernière ville à l’est de Québec à maintenir des parcomètres.
Un 9/10, vraiment ? Monsieur le maire, rentrez chez vous. Vous êtes celui qui a fait vider la salle du conseil par la SQ le plus souvent de l’histoire.
Un manque de leadership, ou pire, un autoritarisme assumé. Après plus de 14 ans de cumul de mandats et de présence médiatique, il est temps d’être « sortant », tout court.