Chroniques > Lecture > Histoires et avenirs des villes
Lecture

Histoires et avenirs des villes

Vision de l'écrivain français Jacques Attali
L’écrivain français Jacques Attali (Photo courtoisie)

Quand l’écrivain français Jacques Attali s’attarde sur une question, il y va à fond de train. Son plus récent livre propose une vaste recherche très détaillée sur les villes : de leurs histoires lointaines jusqu’à leurs avenirs incertains.

Depuis une éternité, les humains se sont regroupés dans de petits groupements, puis dans des villages, mais c’est depuis environ dix mille ans que certains habitent dans ce qu’on peut considérer comme des villes, principalement au Proche-Orient et dans la vallée du Nil.

L’auteur explique d’abord comment ont été fondées ces premières villes, souvent fortifiées, avec ses agriculteurs, ses marchands, ses artisans, ses religieux. « La misère en ville est tout de suite beaucoup moins brutale qu’à la campagne. »

Entre tyrannie et démocratie

Les villes de jadis fonctionnaient avec une aristocratie protégée par des militaires. Elles profitaient de l’agriculture florissante à proximité et de la force de travail des esclaves. Les gouvernements s’y succédaient entre tyrannie et démocratie.

D’Athènes à Jérusalem, en passant par Alexandrie, Babylone et Rome, Attali fait connaître les caractéristiques de ces villes historiques. L’histoire de chacune s’étend sur des périodes de prospérité, entrecoupées de crises, de guerres ou de catastrophes naturelles.

De l’an 1 à l’an mille de notre ère, de nombreux royaumes se développent sur la surface de la Terre, avec ses princes à respecter et des dieux à adorer. De l’an 1000 à 1620, Attali fait remarquer que ce qu’il y a de neuf dans les villes, c’est l’importance que prend le commerce, la finance et l’industrie. Les technologies se développent et le pouvoir marchand s’impose.

Dans les années 1800, le développement industriel accéléré a permis à des villes comme Londres, Hong Kong, Lyon, Berlin et plusieurs villes états-uniennes de prendre de l’expansion.

Quels sont les phénomènes qui caractérisent les années 1900 à 2000 ? Ce fut d’abord, dans la première partie de ce siècle en Occident, une grande migration vers les métropoles prospères pendant que les campagnes se sont désertées. Les moyens de transport plus faciles et la construction d’édifices en hauteur ont contribué à ce mouvement de masse.

Villes géantes

Jacques Attali n’est pas très optimiste quant à l’avenir des grandes agglomérations d’aujourd’hui. En 2024, une dizaine de villes dans le monde, surtout en Asie, comptent entre 20 et 37 millions d’habitants.

Les agglomérations font face à des défis gigantesques : surpopulation, réseau routier défaillant, gestion des déchets, administration générale incapable de répondre à tous les besoins, disparités profondes des citoyens, criminalité, pollution, etc. Le livre présente tout un palmarès des grandes villes de la planète selon leurs qualités et défauts.

Heureusement, l’auteur présente à la fin un chapitre sur différentes façons de réinventer la ville. À son avis, celles qui s’en sortiront le mieux sauront analyser ce qui les menace.

Elles attireront les travailleurs dans les nouvelles technologies, la santé, l’éducation, la recherche, l’alimentation saine et l’animation urbaine. Elles offriront des logements et des services accessibles. Par son accès à la nature, elles s’adapteront au réchauffement du climat.

Pour Attali, vivre dans une ville moyenne, comme Rimouski, Rivière-du-Loup ou Matane, représente déjà un avantage réel pour faire face à l’avenir avec plus de sérénité. 

La page couverture du livre « Histoires et avenirs des villes ». (Photo courtoisie)

Histoires et avenirs des villes, par Jacques Attali, Flammarion, 2024, 464 pages.

Pour d’autres chroniques « Lecture », consultez notre section dans Le Soir.ca !

Facebook Twitter Reddit