Un pays pour l’égalité hommes-femmes
L'opinion de Carol-Ann Kack
La CAQ veut faire adopter une constitution québécoise qui consacrerait, entre autres, l’égalité entre les hommes et les femmes.
L’opinion de Carol-Ann Kack
Si on veut vraiment parler d’égalité, il faut aussi parler de pouvoir et, surtout, du manque de pouvoir que le Québec a encore sur les grands leviers qui permettent de faire vivre cette égalité. La libération des femmes ne se fera pas sans une véritable libération nationale.
Le gouvernement Legault propose une constitution symbolique, sans effet sur le partage des compétences entre Québec et Ottawa.

Autrement dit : une déclaration d’intention, mais sans les moyens de la réaliser. Le problème, c’est que le cadre canadien dans lequel on se trouve freine non seulement notre développement, mais aussi notre capacité à traduire nos valeurs en actions concrètes.
Si on veut que l’égalité hommes-femmes soit au cœur du projet québécois, c’est dans un Québec pleinement souverain qu’on pourra vraiment le faire.
Bâtons dans les roues
Plusieurs exemples démontrent que la souveraineté est essentielle pour préserver nos acquis en matière d’égalité hommes-femmes et assurer la cohérence de nos politiques publiques.
Prenons un exemple clair : la loi québécoise sur l’équité salariale. C’est une fierté nationale. Elle a permis de réduire les inégalités économiques entre les hommes et les femmes. Pourtant, environ 15 % de la main-d’œuvre québécoise échappe encore à cette loi, parce qu’elle travaille dans des entreprises de juridiction fédérale.

La même situation survient pour le retrait préventif des travailleuses enceintes : le système québécois prévoit une indemnisation automatique pour celles qui doivent cesser le travail, alors qu’aucune disposition équivalente n’existe dans le cadre canadien.
Malgré le consensus social entourant ces mesures au Québec, leur application est freinée par un cadre fédéral qui limite notre autonomie.
Regardons aussi ce qui advient des CPE. Notre réseau de garderies subventionnées, financé à 100 % par Québec, a transformé le marché du travail et favorisé l’autonomie économique des femmes. Pourtant, dès sa création, le gouvernement fédéral s’est limité à continuer d’offrir des crédits d’impôt pour les parents utilisant les services de garde privés, sans contribuer au financement du réseau québécois.
Plus récemment, quand Ottawa a lancé son programme pancanadien de garderies, il a promis de compenser Québec pour les services offerts par le passé.
Le résultat est décevant : alors que les autres provinces reçoivent des fonds dédiés au développement de leurs garderies, Québec doit se contenter d’un montant négocié dans le cadre des transferts en santé, dont seule une partie peut être investie dans les CPE.
Veiller à notre sécurité économique
Certains éléments sont parfois dans notre angle mort, mais pourraient influencer la sécurité économique de toute la population québécoise. Par exemple, le Québec finance déjà plusieurs services liés à l’emploi et à la sécurité sociale, mais il lui manque l’accès à un levier central : l’assurance-emploi, qui est gérée par le fédéral.
De plus, les règles de l’assurance-chômage sont conçues selon les priorités économiques du Canada. C’est pourquoi les travailleuses et travailleurs québécois ont été pénalisés par des réformes passée.
Par exemple, pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans l’Ouest canadien, Ottawa a modifié en 2012-2013 le régime au détriment des emplois saisonniers, fragilisant notamment le secteur des pêches dans l’Est-du-Québec.
Pour une égalité réelle
L’égalité hommes-femmes fait partie intégrante de notre identité collective. Le Québec a démontré sa capacité d’innover avec l’équité salariale, les congés parentaux ou les CPE. Ces réalisations sont le fruit de décisions prises ici, selon nos besoins et nos valeurs.
Dire « oui » à la souveraineté, c’est dire « oui » à la possibilité de renforcer ces acquis et d’en créer de nouveaux. C’est refuser de dépendre d’un cadre fédéral qui freine notre volonté de progresser. Le Québec doit se donner les pleins pouvoirs d’en faire un pilier de son projet national.


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