Enquête citoyenne sur le meurtre d’André Carrier
Propriétaire du Provigo de Matane tué en 1982
Une enquête initiée par l’organisme Meurtres et disparitions irrésolus du Québec (MDIQ) tentera de faire la lumière sur le meurtre d’André Carrier, assassiné derrière son commerce en 1982.
Cette enquête sera menée par le Matanais Pierre-Luc Morin, détenteur d’un diplôme en techniques d’enquêtes et d’investigation, un programme court qu’on peut compléter à distance.
« Pendant ce cours, on apprend tout ce qu’on peut faire, mais aussi tout ce qu’on ne peut légalement pas faire. On nous montre aussi différentes techniques pour mener nos enquêtes. »
À l’époque du meurtre d’André Carrier, propriétaire du Provigo de Matane, l’affaire avait secoué les citoyens de la municipalité. Même s’il n’avait que deux ans au moment du drame, Pierre-Luc Morin a longtemps et souvent entendu parler de cette histoire.
« Quand j’ai complété ma formation, j’ai contacté le fondateur de MDIQ, Stéphane Luce, pour lui parler de mon intérêt à collaborer avec son organisme dans le dossier d’André Carrier. »
Pierre-Luc Morin connaissait aussi certains membres de la famille Carrier, ce qui l’a motivé davantage à s’intéresser à cette affaire.
« C’est stimulant de repartir à zéro, d’analyser le dossier avec un regard neuf. Évidemment, toutes nos découvertes feront l’objet d’un rapport qu’on remettra aux forces policières parce qu’ultimement, ce sont eux qui vont résoudre les cas et procéder à des arrestations. »
Travail de recherche
La famille Carrier a été rencontrée et a donné son accord à ce que l’enquête soit relancée de manière indépendante par MDIQ. Le travail est déjà commencé.
« J’ai fait une revue de presse exhaustive de tout ce qui a été écrit dans les médias à l’époque et j’ai obtenu une partie du rapport d’enquête de police via une demande d’accès à l’information. Il me manque encore des informations, mais je fais des démarches pour les obtenir. »
Une page Facebook « Qui a tué André Carrier, épicier, le jeudi 9 septembre 1982 à Matane? » a été créée où l’enquêteur privé partage certaines informations, dans l’espoir que des gens l’alimentent de nouveaux éléments à vérifier.
« Je suis agréablement surpris de voir la réponse des gens. Je reçois beaucoup de messages. Maintenant, mon travail est de faire le ménage dans tout ça. Mais comme on dit, parfois, un simple détail dont on se souvient peut faire toute la différence », ajoute Pierre-Luc Morin.

Ce travail d’enquête bénévole n’a pas de date d’échéance, en ce sens que MDIQ prend le temps nécessaire pour explorer toutes les pistes possibles.
« On comprend que les corps policiers ont énormément de cas à régler et qu’ils n’ont pas les effectifs pour travailler activement sur les dossiers qu’on appelle cold case. De mon côté, si je peux aider à faire avancer l’enquête et peut-être apporter de nouveaux éléments qui aideront à conclure l’affaire, je serai bien content », conclut Pierre-Luc Morin, qui souhaite plus que tout, pouvoir donner des réponses à la famille.
Les gens qui désirent contacter Pierre-Luc Morin peuvent le faire via la page Facebook, par courriel au [email protected] ou par téléphone au 581 232-8163.
Qui a tué André Carrier?
Le 9 septembre 1982 vers 22 h 30, André Carrier et son frère Georges quittaient l’épicerie dont ils étaient propriétaires afin d’aller déposer les recettes de la journée à la banque.
C’est alors qu’un individu armé et cagoulé surgit et menace les deux frères d’un revolver de calibre .38 en leur demandant de lancer leur sac respectif.
Les propriétaires de l’épicerie Provigo, située sur l’actuel emplacement du Maxi, lancent alors leurs sacs, celui de Georges contenait de la nourriture alors que celui d’André contenait 14 000 $. Le voleur récupère le bon sac et prend la fuite à pied.

Toutefois, l’histoire prend une autre tournure alors qu’André Carrier se met à la poursuite du voleur. C’est à ce moment que le suspect se retourne et fait feu en direction de l’homme de 36 ans qui s’écroule aussitôt.
Le voleur disparait dans un boisé à l’arrière du magasin en se débarrassant de l’arme et du chandail qui lui servait de cagoule. Son frère Georges prend son frère dans ses bras et l’amène à l’hôpital où son décès est constaté.
Le vol semble être prémédité puisque la voiture de Georges avait été trafiquée, rendant une chasse à l’homme plus complexe. D’ailleurs, le chemin vers l’hôpital a été long et ardu en raison du sabotage du véhicule.
Deux jours plus tôt, une tentative de vol similaire avait été perpétrée sur des employés de la Société des traversiers de Matane qui se rendaient à la banque pour y effectuer un dépôt. Après une courte altercation, le voleur avait pris la fuite bredouille.
À ce jour, aucun suspect n’a été accusé en lien avec le meurtre d’André Carrier.

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