La MDC surveillée des chasseurs de cerfs
Ils sont invités à participer à une opération de surveillance
Pour la première fois, les chasseurs de cerfs au Bas-Saint-Laurent dans la zone 2, comme ailleurs au Québec, sauf la zone 1 de la Gaspésie, sont invités à participer volontairement à une opération de surveillance de la maladie débilitante chronique (MDC) des cervidés.
Qu’on se rassure, aucun cas n’a été détecté chez les cerfs sauvages analysés depuis les sept dernières années. La MDC est mortelle et la maladie est irréversible. Aucun traitement ni vaccin connus.
« La MDC s’apparente à la maladie de la vache folle et à la tremblante chez le mouton. Ce n’est pas un virus, ni une bactérie. C’est une malformation d’une protéine appelée prion. Cette protéine va se multiplier et faire éclater la cellule. Quand les cellules détruites s’accumulent, des symptômes de la maladie apparaissent. Mais ça peut prendre de 16 à 36 mois avant de voir ces signes. Le cerf peut être contaminé sans le démontrer. Mais une fois que les signes apparaissent, en un ou deux mois, c’est la mort assurée pour l’animal infecté », explique la biologiste et spécialiste des grands gibiers au ministère responsable de la la Faune au Bas-Saint-Laurent, Élise Roussel-Garneau, en entrevue dans le cadre de l’émission radio et du balado « Rendez-Vous Nature ».
Transmission de la MDC
Selon la scientifique, tous les modes de transmission de la MDC ne sont pas tous connus.
« C’est une maladie découverte aux États-Unis dans les années 1960-1970. La transmission se fait surtout par le sang, la salive, l’urine et les selles des cerfs. La maladie se transmet par contact direct avec ces zones contaminées ».
Élise Roussel-Garneau indique que le prion, la protéine pathogène anormale qui peut causer des maladies neurodégénératives fatales chez les humains et les animaux, est excessivement tolérant et résiste au froid, à la chaleur et à la sécheresse.
« Le prion reste plusieurs années dans l’environnement. Si un cerf contaminé urine dans un endroit et qu’un autre cerf vient brouter ce même secteur, même quelques années plus tard, il peut être contaminé. »

La MDC a fait son entrée au Québec en 2018, quand la maladie s’est introduite dans un élevage de cerfs rouges des Laurentides, à Grenville-sur-la-Rouge. L’Agence canadienne d’inspection des aliments devait ordonner l’abattage du troupeau.
Des mesures sévères ont suivi. Dans un rayon de 400 km du parc contaminé, 2 000 chevreuils sauvages avaient aussi été abattus dans les zones 9 ouest et 10 est, afin de contenir la MDC. Aucun cas n’a été détecté depuis.
Surveillance oblige
Lors de la chasse 2024, 187 cerfs abattus à proximité de l’élevage infecté ont été analysés. Aucun cas positif décelé.
« Le prion est tellement résistant qu’on doit poursuivre la surveillance et l’ouvrir à d’autres secteurs, comme au Bas-Saint-Laurent, où la densité de cerfs est en croissance. Cette zone est près des frontières américaines et du Nouveau Brunswick. On compte aussi quelques élevages. Cette surveillance est comme une ceinture de sécurité, avec des bretelles et un sac gonflable » , image la scientifique.
Dans un parc d’élevage, chaque cerf passe un test obligatoire de MDC et aucune carcasse ne peut être enterrée si non clôturée, de crainte d’être déterrée par d’autres animaux. La collaboration volontaire des chasseurs est demandée en apportant la tête du gibier récolté, âgé de plus d’un an, dans une des 70 boucheries désignées. Le chasseur peut conserver les bois et la calotte pour un crâne blanchi.
Les chasseurs ont tout intérêt à collaborer pour la pérennité des troupeaux de cerfs et de la chasse. Outre la zone 1 et la 2 est, où la chasse du cerf se termine le 16 novembre, elle est permise jusqu’au 23 novembre dans la majorité des autres zones.

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