Cancer : le Québec a le plus haut taux de nouveaux cas
Nouveau rapport dressant un portrait de la situation actuelle au pays
Un nouveau rapport publié lundi dresse un portrait de la situation actuelle au pays pour plus de 20 cancers. On constate qu’il y a globalement une augmentation du nombre de cas de cancer, mais une diminution de la mortalité. On apprend aussi que le Québec a le pire bilan du Canada en termes d’incidence du cancer.
Katrine Desautels- La Presse Canadienne
Le cancer continue d’être la première cause de décès au Canada. Pour 2025, le rapport indique que 254 800 Canadiens recevront un diagnostic de cancer, et 87 400 en mourront.
On estime que le cancer du poumon sera le cancer le plus fréquemment diagnostiqué au pays, avec une prévision de 32 900 cas en 2025. Il est suivi par le cancer du sein (31 900 cas); le cancer de la prostate (30 400 cas); et le cancer colorectal (26 400 cas).
Ces quatre cancers devraient représenter 48 % de l’ensemble des cancers diagnostiqués pour l’année 2025.
« Globalement, on voit que l’incidence du cancer continue à augmenter pour la plupart des types de cancers, bien que pour certains, il y a certaines diminutions qui sont intéressantes, comme pour les mélanomes, soulève le Dr Denis Soulières, hématologue-oncologue et porte-parole scientifique et médical de la Société canadienne du cancer (SCC). Donc, les campagnes qui ont été faites depuis 30 ans, de dire qu’il faut faire attention aux radiations UV, sont probablement en train de porter fruit, à savoir qu’il y a une légère diminution de ce côté-là. »
Croissance et vieillissement de la population
La hausse du nombre de cas de cancer est due principalement à la croissance et au vieillissement de la population.
« Parce que le premier risque de développer le cancer, c’est l’âge. Plus on est avancé en âge, plus on a un risque d’avoir un cancer, explique Dr Soulières. Par contre, le rapport est aussi intéressant sur le fait que, globalement, malgré l’augmentation du nombre de cas, la mortalité par cancer, elle, a continué à diminuer d’année en année depuis 30 ans.»
On estime que 22 % des personnes vivant au Canada mourront du cancer. Les taux de mortalité, tous cancers confondus, ont atteint un sommet à la fin des années 1980 chez les hommes et au milieu des années 1990 pour les femmes. Les taux ont depuis diminué de 42 % chez les hommes et de 28 % chez les femmes.
« Ça nous indique beaucoup que ce qu’on sait en termes de dépistage pour certains types de cancer, comme le cancer du sein et le cancer du côlon, porte fruit, et que les médicaments sont plus efficaces qu’auparavant pour être capables de contrôler le cancer », soutient le Dr Soulières.

En général, les taux de mortalité par cancer sont plus faibles dans les provinces de l’Ouest et en Ontario, et plus élevés au Québec et dans le Canada atlantique. Le Québec a un taux de mortalité normalisé selon l’âge (TMNA) de 216 cas pour 100 000 habitants.
Le TMNA représente le nombre de décès attribuables au cancer par rapport à l’ensemble de la population, en tenant compte du facteur âge, qui influence la survenue de la maladie.
En comparaison, l’Ontario a un TMNA de 195 cas pour 100 000 habitants. Celui qui se hisse au haut du classement est le Yukon avec 113 cas pour 100 000 habitants.
Le Québec doit se poser des questions
« Enfin, on a des données du Québec qui sont plus largement intégrées au rapport», se réjouit Dr Soulières, qui a souvent déploré cette lacune au cours des dernières années. « Auparavant, c’était déficient. Donc, on commence à avoir des données plus adéquates du Québec et on nous dit que pour le prochain rapport, on devrait avoir des années à peu près aussi à jour que le reste du Canada. »
Cela permet de comparer ce qui se passe au Québec avec le reste du pays. Ce qui s’en dégage doit amener les décideurs à se poser des questions, affirme Dr Soulières.
Selon le rapport, le Québec devrait avoir le taux d’incidence du cancer le plus élevé, soit un taux d’incidence normalisé selon l’âge (TINA) de près de 664 pour 100 000 habitants. Le TINA est le nombre de nouveaux cas de cancer par rapport à l’ensemble de la population, en tenant compte du facteur âge. À titre comparatif, le TINA est de près de 599 cas pour 100 000 habitants en Ontario. On prévoit que la Colombie-Britannique aura le taux d’incidence du cancer le plus faible avec 545 cas pour 100 000 habitants.
« On voit que l’incidence du cancer au Québec est vraiment au-dessus de ce qu’on voit dans la moyenne nationale et ça doit nous poser des questions (…), à savoir quels sont les plans d’intervention du gouvernement québécois pour faire en sorte que l’on comprenne cette réalité du cancer qui est plus important au Québec que le reste du Canada. Qu’est-ce qu’on fait en termes de dépistage? »
« Est-ce que l’on doit insister sur des dépistages pour le cancer du côlon, le cancer de poumon, le cancer de la prostate qui sont moins faits maintenant et qui devraient être faits davantage? », se demande l’hématologue-oncologue.
Le rapport « Statistiques canadiennes sur le cancer 2025 » a été élaboré par le Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, en collaboration avec la Société canadienne du cancer, Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada.

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