Aux Trois Mâts démystifie les dépendances
Semaine nationale de sensibilisation aux dépendances
L’organisme communautaire rimouskois, Aux Trois Mâts, tenait dans le cadre de la semaine nationale de sensibilisation aux dépendances, des journées portes ouvertes pour permettre à la population d’en apprendre plus sur la réinsertion sociale en dépendances.
La directrice générale de l’organisme, Candy Desrosiers, mentionne que ces journées ouvertes au public constituent aussi des occasions de faire connaitre à la communauté les différents volets offerts par l’organisme, qui intervient auprès d’une clientèle âgée de 15 ans et plus, touchée par un problème de dépendance, dans un contexte volontaire.
« On accompagne les personnes qui désirent faire de la réinsertion sociale, soit avec de l’accompagnement individualisé, par le service du milieu de vie – dans lequel nous donnons une formation pour les équipes en intervention sur la réinsertion sociale au Bas-Saint-Laurent – ou par le volet en prévention et milieu de travail, qui est une nouveauté datant de 2024. »
Elle ajoute que l’organisme est axé sur les démarches concrètes de réinsertion sociale.
L’intervenante sociale, Alexandra Martineau-Duguay, soulève pour sa part que les proches de personnes touchées par un problème de dépendance peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement de la part de l’organisme.
« Parfois, les proches doivent aussi entreprendre des démarches en réinsertion sociale, parce qu’ils sont impactés par ce qu’ils vivent. Ce n’est pas toujours évident d’accompagner une personne qui a un problème de dépendance, tout en prenant soin de soi et en gardant ses repères en vue. »
Madame Martineau-Duguay rapporte qu’une partie de son travail qu’elle trouve particulièrement belle est la possibilité de mettre en lumière la vitalité dont elle est témoin dans le cadre de ses fonctions.

« Il y a une âme qui se crée par la vie qui, elle, est créée par les gens, par le milieu de vie, par l’implication et l’engagement qui découlent des différents ateliers et des différentes implications possibles. Cette vitalité, mais aussi la possibilité de mettre en lumière cet aspect qui se retrouve parfois dans l’ombre, à travers des portes ouvertes comme celles-ci, je pense que c’est une belle partie de mon travail. C’est aussi une chance de travailler en côtoyant des gens qui ont plein d’histoires et de vécus. Cela fait en sorte qu’on peut tous apprendre des uns et des autres. »
Son travail l’amène aussi à être confronté aux préjugés que la population peut avoir à l’égard de ceux qui luttent contre une dépendance.
« Les gens ont tendance à penser qu’il s’agit d’un manque de volonté ou d’engagement que de continuer une certaine habitude ou une certaine problématique, alors qu’en réalité, ça demande énormément d’énergie a une personne de composer avec ça, en plus de tout le reste. Il y a aussi des gens qui pensent que le processus est simple et qu’il suffit d’aller chercher de l’aide ou d’arrêter, alors qu’il y a un gros chemin à parcourir avant d’y arriver. Le processus nécessite aussi de savoir et de comprendre certaines choses. Il est également nécessaire de savoir se montrer vulnérable en échangeant sur le problème avec une autre personne, alors qu’en générale, être vulnérable, ce n’est jamais facile pour qui que ce soit. »
Les dépendances : un enjeu que tous peuvent connaitre
La directrice de l’organisme, madame Desrosiers, soulève que personne n’est à l’abri de se retrouver aux prises avec une dépendance.
« On peut tous vivre, à un moment ou à un autre, une problématique quelconque de dépendance à la suite d’événements. Ça va vite et souvent, les gens que l’on aide ici ont à la fois une problématique en santé mentale et une problématique en dépendance. Il faut se rappeler que nous avons tous une santé mentale qui peut se détériorer, mais qu’en y ajoutant une dépendance, c’est encore plus difficile. On est tous des humains, donc je pense qu’on peut tous être à risque de vivre ces enjeux. C’est aussi pour cette raison qu’on trouve important de sensibiliser la population, parce que du jour au lendemain, tout peut arriver. »
Nancy Vaillancourt, qui a bénéficié de l’aide de l’organisme par le passé, a accepté de parler de son expérience. Elle soulève notamment qu’Aux Trois Mâts a fait du beau travail en lui venant en aide.
« J’ai fait des études en éducation spécialisée. Comme l’a dit Candy, parfois la vie va vite. J’avais deux enfants et lorsqu’ils sont partis, je suis partie moi aussi. Aujourd’hui, je ne me sens pas tout à fait prête à reprendre un horaire de travail de 8 h à 17 h, parce qu’il m’arrive encore d’avoir des crises de panique », témoigne madame Vaillancourt.
C’est quelque chose sur lequel elle travaille à l’aide de l’art thérapie. Elle fait aussi profiter les usagers de l’organisme de ses compétences artistiques, en donnant des ateliers de créativité.
« Le fait d’arrêter une dépendance peut créer un vide. C’est donc important de trouver quelque chose qui saura combler ce vide. »

Par 