Ruisseau de la Cavée : « impossible d’en arriver à zéro impact »
La Ville de Rimouski pourrait faire face à des sanctions
Le maire de Rimouski, Guy Caron, déplore que la Ville puisse recevoir des amendes de plusieurs millions de dollars et même des accusations criminelles si elle ne fait pas cesser complètement l’écoulement de contaminants provenant de son ancien lieu d’enfouissement sanitaire (LES).
En activité de 1981 jusqu’à sa fermeture en 2004, le site était à proximité du ruisseau de la Cavée, qui se jette dans la rivière Rimouski.
Le maire précise toutefois que les avis de non-conformité reçus par la Ville ne concernent pas la rivière.
« On sait qu’il peut y avoir un impact du LES dans la rivière Rimouski, mais les deux dossiers sont différents », mentionne-t-il en ajoutant que la rivière Rimouski ne relève pas des compétences de la Ville, comparativement au LES.
Dans un contexte où l’administration actuelle n’est pas à l’origine de ce qui cause ces résurgences, l’absence d’impact total demandé par le ministère fédéral de l’Environnement semble impossible à atteindre.
« On tente depuis 2017 de corriger la situation au LES, en ce qui a trait aux résurgences, ainsi qu’à l’impact de celles-ci sur le ruisseau de la Cavée », explique monsieur Caron.
La supervision effectuée par le ministère dans ce secteur l’a donc mené à donner à la Ville de Rimouski des avis de non-conformité, lorsqu’il y observe des résurgences qui pourraient affecter la qualité de l’eau.
« Ces avis de non-conformité pourraient entraîner des amendes ou des répercussions, dans l’éventualité où la situation ne serait pas complètement réglée, parce qu’il n’existe pas de discrétion dans la loi. Il doit y avoir zéro impact, mais c’est difficile pour nous d’atteindre cet objectif, parce qu’il est question d’un site qui a été opéré sur le principe d’atténuation naturelle », explique le maire.
Ce principe fait référence à l’ensemble des mécanismes biologiques, chimiques ou physiques naturels qui conduisent, sans intervention humaine, à une diminution du volume, de la toxicité, de la mobilité ou de la concentration des contaminants dans les sols ou les eaux souterraines.
« La dynamique de la problématique elle-même fait en sorte que c’est impossible d’en arriver à zéro impact. On pourrait avoir une usine d’épuration à côté, à coût de dizaines de millions de dollars pour l’opérer, mais on n’arriverait pas forcément à éliminer l’impact du LES. On tente donc de minimiser le tout, mais la manière dont la loi sur les pêches est libellée et la manière dont la loi est appliquée, nous place en position de vulnérabilité face à une application future », ajoute Guy Caron.
Pas de solution infaillible
« Peu importe les efforts que nous faisons, nous sommes toujours à risque d’avoir ce genre de sanction, parce que nous ne pouvons pas atteindre le degré d’impact zéro qui concerne, d’autant plus, une situation que nous n’avons pas causée. Le site avait été géré selon les normes de l’époque et nous faisons tout notre possible pour remédier à la situation. »

Le maire Caron déplore aussi le fait que la Ville ne puisse recevoir de l’accompagnement de la part du ministère.
« J’ai travaillé sur ce dossier quand j’étais député fédéral. On m’avait interpellé afin d’avoir un accompagnement de la part du ministère, pour qu’il puisse nous aider à trouver ou valider des solutions. Le gouvernement semble penser que ce n’est pas son rôle d’accompagner les villes. Tout ce qu’il nous dit, c’est que nous avons un devoir d’atteindre une conformité. »
Et maintenant ?
Le maire de Rimouski rapporte que, pour le moment, la Ville a budgété 2,5 M$ pour l’année prochaine, dans le plan quinquennal des immobilisations, pour des mesures de mitigation et de correction.
« Elles visent à tenter d’améliorer la qualité de l’eau dans le ruisseau, ce qui pourrait inclure une canalisation du ruisseau. »
Ces investissements s’ajoutent au million de dollars déjà investi par la Ville de Rimouski en diverses études et diverses mesures de mitigations depuis 2017-2018.

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