Prolongement de l’autoroute 20 : la CAQ dit encore non
Motion déposée par Maïté Blanchette Vézina refusée
Aussitôt lancée, aussitôt refusée. L’initiative présentée par Maïté Blanchette Vézina à l’Assemblée nationale pour réclamer la finalisation de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski a été rejetée par la CAQ.
Appuyée notamment par le maire de Rimouski, Guy Caron, la députée indépendante a déposé mardi une motion avec l’aide de son collègue libéral de Nelligan, Monsef Derraji, dans un geste transpartisan visant à soutenir la mobilisation autour de cet enjeu majeur pour l’Est-du-Québec.
En plus de Guy Caron, la préfète de la MRC de Rimouski-Neigette, Julie Thériault, les maires de Saint-Simon et de Saint-Fabien, Francis Beaulieu et Mario Beauchesne, ainsi que le préfet de la MRC des Basques, Gabriel Belzile, ont participé à la démarche, accompagnés notamment de la co-porte-parole du comité en faveur du prolongement, Blandine Michaud.
« L’Est-du-Québec ne peut plus servir de zone oubliée par un gouvernement qui accumule les retards. Compléter l’autoroute 20, c’est soutenir nos entreprises, protéger nos familles et reconnaître enfin l’importance stratégique du Bas-Saint-Laurent. Or, la semaine dernière, le Vérificateur général du Québec révélait que le Plan québécois des infrastructures (PQI) est sous-évalué de 75 milliards. Une erreur de planification majeure qui explique pourquoi les projets stagnent », estime monsieur Derraji.
Mener le projet à terme
Manifestations, rassemblements, marches, pétitions, promesses : rien ne semble suffire pour faire avancer le prolongement de l’autoroute 20.
Mis sur pause au moins jusqu’en 2030, le projet accumule les retards, principalement en raison des coûts anticipés, malgré les nombreux arguments avancés pour en justifier la réalisation.
La construction du fameux pont au-dessus de la rivière Trois-Pistoles, évaluée à un milliard en 2015, demeure un problème plus que majeur.
À ce moment, le gouvernement libéral de Philippe Couillard avait justement choisi de prioriser l’autoroute 85 qui mène de Rivière-du-Loup au Nouveau-Brunswick.
« Depuis des années, les chiffres sont là : la circulation est en hausse. Au-delà des données, il y a des accidents et des familles endeuillées. L’enjeu de la sécurité et de la circulation au Bas-Saint-Laurent est primordial. C’est important de le dire et de se mobiliser ensemble, peu importe notre allégeance politique, parce qu’il en va de la sécurité des gens et de la fluidité des déplacements », rappelait madame Blanchette Vézina lors d’une activité citoyenne en octobre.

Elle souligne également que la circulation continuera d’augmenter. Pour obtenir l’autoroute 20 en 2035, Québec doit financer les études nécessaires, pourtant suspendues par le gouvernement caquiste lors du dernier budget.
Le projet de prolongement de l’autoroute 20 demeure inscrit au Plan québécois des infrastructures (PQI), mais ne recevra aucune nouvelle somme d’ici 2030.
« On a entendu qu’il y a eu des investissements majeurs dans l’éolien, ce qui veut dire que des composantes éoliennes vont circuler dans un tronçon qui n’est pas une autoroute, à côté de maisons et de résidences. Je sais qu’il y a des gens ici qui voient cette circulation chaque jour. Ça n’ira qu’en augmentant. Pour moi, il est primordial qu’on finance les études. C’est ce qu’on avait dit, c’est ce que je vous avais promis : mettre à jour les études. Malheureusement, par des choix électoralistes, le gouvernement a décidé de mettre des fonds ailleurs. Le message qu’on lui envoie aujourd’hui, c’est qu’il est important de prioriser l’Est-du-Québec, parce que la sécurité des gens d’ici compte. »
Un dossier national
Pour Pascal Bérubé, le dossier dépasse les enjeux régionaux.
« Cela fait 18 ans que j’emprunte chaque semaine cette route pour me rendre à l’Assemblée nationale, mais ce n’est pas de moi qu’on doit parler, c’est de nous tous, qui prenons cette route ou qui y habitons. C’est aussi pour nos familles et pour les touristes qui l’empruntent. C’est un enjeu de sécurité, d’abord et avant tout, et uniquement pour cette raison, ça vaut la peine de se mobiliser », déclarait le député de Matane-Matapédia en octobre dernier.

Ailleurs au Québec, plusieurs tronçons ont été priorisés malgré des volumes de circulation inférieurs à ceux observés entre Rimouski et Mont-Joli, ou encore entre Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski.
« Tout au long de la route entre Québec et Chicoutimi, c’est une véritable autoroute : deux voies de chaque côté et un terre-plein central. C’est ça, une autoroute 20. Ce sont des investissements importants, mais la région s’est mobilisée. Elle a bien fait, ça a été long, mais elle a obtenu son autoroute. La Beauce aura des investissements. L’Outaouais aura des investissements. Si on ne demande pas ces investissements et qu’on renonce, l’argent ira ailleurs, et j’apprends que c’est effectivement ce qui se produit. »

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