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Manque de soutien : une présumé victime dénonce le système

Véronique Michaud dénonce la lenteur des procédures judiciaires
Véronique Michaud devant le palais de justice de Rimouski. (Photo Le Soir.ca-Annie Levasseur)

Une présumée victime d’agression sexuelle se dit insatisfaite du soutien qu’elle a reçu après avoir porté plainte. Véronique Michaud dénonce la lenteur des procédures judiciaires. 

La Rimouskoise a rencontré l’homme qu’elle accuse à la fin de l’été 2023.

C’est quelques mois plus tard, en décembre, alors qu’elle a voulu mettre fin à la relation, qu’elle aurait été victime d’une agression sexuelle. Elle a porté plainte à la Sûreté du Québec. 

« Il a eu des conditions à respecter avant le procès et il ne pouvait plus s’approcher de moi. Il connaît le système, donc il m’a harcelé pendant les procédures judiciaires, mais la police ne pouvait rien faire parce qu’elle n’avait pas assez de preuves. Il voulait me faire peur », exprime madame Michaud. 

Cinq chefs d’accusation ont été déposées contre l’homme de Rimouski. Véronique Michaud a témoigné en cour, mais l’accusé n’a pas été condamné par manque de preuves. Le procès s’est tenu en mai 2024.

« J’aurais aimé mieux me faire frapper parce qu’il y aurait eu des preuves. On nous dit qu’il faut parler, mais si quelqu’un que je connais se faisait agresser, je ne sais même pas si je lui conseillerais de dénoncer à cause du processus. Quand tu vas voir un policier, c’est pour être en sécurité et comprise. Le lien de confiance, je ne l’ai pas eu. » 

Des reports interminables

Pendant toutes les procédures judiciaires, la cause a été reportée à plusieurs reprises pour des raisons administratives.

« C’est souffrant. Tu fais une plainte pour en finir au plus vite avec tout ça, mais c’est tout le temps retardé. Ça gruge de l’énergie et tu as l’impression que ça ne finira jamais. J’ai eu le sentiment de ne pas être prise au sérieux », affirme Véronique Michaud. 

Le présumé agresseur de cette dernière fait également face à une accusation de profération de menaces envers un ami de madame Michaud. La cause a été reportée pour une troisième fois le 4 décembre dernier. 

Véronique Michaud a porté plainte contre son présumé agresseur en décembre 2023. (Photo Le Soir.ca-Annie Levasseur)

« Ils disent qu’ils n’ont pas eu le temps de faire son évaluation psychologique ou qu’ils ont oublié d’envoyer un formulaire. Ils ont eu deux mois pour l’envoyer, comment ils ont fait pour l’oublier ? C’est insupportable pour moi parce que, chaque fois je subis un grand stress et ça me ramène à ce que j’ai vécu il y a deux ans », raconte-t-elle. 

La prochaine comparution de l’homme est prévue, le 12 janvier prochain, au palais de justice de Rimouski.

De l’aide psychologique jugée insuffisante

Véronique Michaud déplore aussi le manque d’accompagnement psychologique offert aux victimes. Après avoir été sur une liste d’attente, elle a finalement obtenu de l’aide du CALACS de l’Est du BSL, en juin 2024. 

« Je ne m’aimais pas et j’ai fait deux tentatives de suicide. Je me sentais sale et je n’avais pas le soutien psychologique dont j’avais besoin. J’avais peur de tout. Je faisais des crises de panique, j’avais de la misère à sortir de chez moi et je craignais surtout les hommes. Je n’ai pas pu recommencer à travailler après », dit-elle. 

Le palais de justice de Rimouski (Photo Le Soir.ca- Olivier Therriault)

La dame soutient que le tribunal spécialisé en violence sexuelle et conjugale, qui a été implanté au Bas-Saint-Laurent par Québec en 2023, ne répond pas aux besoins des victimes. Situé dans le district judiciaire de Rimouski, ce tribunal a des points de service à Amqui et à Matane. Il a pour objectif d’accompagner les victimes dans le processus judiciaire.

« Les élus disaient que ça allait être bon pour les victimes. J’ai fait le travail moi-même en faisant mes recherches. J’avais un témoin qui venait du Nouveau-Brunswick et le juge n’a même pas voulu qu’il témoigne par vidéoconférence. »

De l’aide du CAVAC

Quelques mois après sa présumée agression, madame Michaud a pu rencontrer une intervenante du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC). 

« Elle était là pour m’accompagner pendant les procédures judiciaires et m’expliquer comment ça allait se passer en salle d’audience. J’apprécie ce qu’elle a fait pour moi, mais ce n’était pas suffisant dans le contexte. Au procès, elle n’était pas là. C’était deux autres personnes que je n’avais jamais vues, alors que la confiance est quelque chose de difficile pour moi. »

Véronique Michaud se dit choquée que son présumé agresseur ait reçu du soutien psychologique auprès de l’organisme Aux Trois Mâts pour son problème de dépendance, alors qu’elle n’a pas pu être accompagnée psychologiquement comme victime tout de suite après les faits.

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