La dénatalité s’aggrave dans l’Est-du-Québec
Parmi les plus faibles taux de fécondité
Le Bas-Saint-Laurent est l’une des régions qui affichent le plus faible taux de fécondité au Québec. La Gaspésie s’en tire un peu mieux, mais le nombre d’enfants par femme y est à peine supérieur à la moyenne provinciale.
Les plus récents chiffres sur la natalité montrent également que les femmes ont leurs enfants de plus en plus tard. Deux tendances qui contribuent au vieillissement de la population dans nos régions.
L’an dernier, la fécondité a de nouveau diminué au Québec pour atteindre le plus bas niveau jamais enregistré. Montréal et Québec affichent les taux les plus faibles, avec un enfant par femme.
Le Bas-Saint-Laurent arrive au troisième rang avec un taux de fécondité de 1,35, tandis que la Gaspésie se classe au sixième rang avec 1,4 enfant par femme.
Depuis plus de 50 ans, le nombre moyen d’enfants par femme est passé sous le seuil de remplacement des générations, établi à 2,1. L’arrivée de nouveaux immigrants qui fait la différence.
« Le Bas-Saint-Laurent est un bon exemple. Ça fait quand même assez longtemps que la fécondité y est faible. Mais, dans les dernières années, la population a augmenté. Il y a eu plus d’immigration internationale et aussi davantage de migrations interrégionales, notamment pendant la pandémie. La région a vraiment augmenté son pouvoir d’attraction », explique la démographe à l’Institut de la statistique du Québec, Martine St-Amour.
Plusieurs de ces nouveaux résidents sont des personnes plus âgées qui déménagent pour la retraite. Avec le faible taux de natalité et l’augmentation de l’espérance de vie, ce qui ne change pas, c’est la structure par âge.
« Avec un faible taux de natalité depuis longtemps, la population du Bas-Saint-Laurent est en moyenne quand même assez âgée. Et c’est la même chose en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine », précise Martine St-Amour.
Des enfants plus tard
L’autre facteur à noter est que les femmes repoussent la naissance de leur premier enfant. L’âge moyen à la maternité est en hausse partout. Il atteint maintenant 30 ans dans le Bas-Saint-Laurent contre 29 ans et demi en Gaspésie.
Dans l’ensemble du Québec, c’est entre 30 et 34 ans que les femmes ont le plus d’enfants. Toutefois, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie présentent un profil de fécondité relativement jeune.
Ici, les femmes âgées de 25 à 29 ans demeurent celles qui affichent la fécondité la plus élevée. Plus de la moitié des naissances proviennent de mères de moins de 30 ans.

L’immigration a également un effet sur la natalité. Dans le Bas-Saint-Laurent, pour au moins un bébé sur dix, l’un des parents est issu de l’immigration. La proportion est plus faible en Gaspésie, où 7 % des naissances concernent des parents immigrants.
Le plus souvent, ces parents sont originaires de France, du Sénégal, du Maroc et du Cameroun.
Le Bas-Saint-Laurent se distingue aussi par le nombre de naissances au sein de familles en union libre. La région arrive au premier rang au Québec, avec 81 % des bébés nés hors mariage.
La Gaspésie se classe au troisième rang, avec les trois quarts des naissances survenant en union libre.
Le gouvernement ne joue pas pleinement son rôle
La professeure à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, Sophie Mathieu, estime que le faible taux de natalité est préoccupant. Elle croit que le gouvernement ne joue pas pleinement son rôle lorsqu’il s’agit de soutenir les parents afin de leur permettre de réaliser leur désir d’avoir des enfants.
« On est dans une continuité de ce que l’on observe depuis 2020. La dépense la plus importante pour une famille, ce ne sont pas les couches ou le lait, c’est le logement. Pour un premier enfant, le logement est souvent adéquat. Mais pour un deuxième enfant, les parents souhaitent plus grand, et ça devient inabordable », croit madame Mathieu.
Elle remet aussi en question les incitatifs gouvernementaux en matière de famille. Au Québec, rappelle-t-elle, la politique familiale ne vise pas à faire naître des enfants, mais plutôt à favoriser la conciliation travail-famille.
« Pour que les couples aient des enfants, il faut leur offrir un environnement institutionnel et social qui leur permette de concilier travail et famille sans tout sacrifier. Ça veut dire avoir accès à du logement, à de bons congés parentaux, à des services de garde, à des horaires flexibles, au télétravail. Bref, un environnement où le fait d’avoir un enfant n’anéantit pas une carrière. »
Ce qui est surtout préoccupant, c’est de constater que les politiciens ne semblent pas plus inquiets de la situation actuelle, selon Sophie Mathieu.

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