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Chasse et pêche

Pas facile la vie d’un cerf mâle

Discussion avec la biologiste Sonia de Bellefeuille
Cet imposant cerf d’Anticosti a été récolté dans le secteur Martin-la-Mer. Les guides le surnommaient « le beu ». Probablement un mâle en régression. (Photo courtoisie)

La régression chez le cerf mâle, aussi appelé la sénescence, est le processus de tout être vivant, soit le ralentissement de l’activité vitale chez les individus âgés.

Dans les succès de chasse, on parle souvent cerfs mâles matures, de « bucks » au panache symétrique de huit et 10 pointes. Mais très rarement de cerfs mâles en régression.

Sur Anticosti, des guides rapportent la récolte de cerfs Menier de grande taille, mais à la couronne plus petite pour un mâle trophée. La biologiste en gestion des espèces et des habitats terrestres, Sonia de Bellefeuille, au ministère québécois responsable de la Faune, évite de parler de phénomène.

« Il n’a pas de phénomène de régression chez le cerf, du moins pas en milieu naturel. Dans un milieu contrôlé, comme dans un zoo, les mâles ont de la nourriture en abondance. Leur santé est très bonne. Leurs panaches vont grossir jusqu’à ce qu’ils atteignent la force de l’âge, entre cinq ans et demi à sept ans et demi. Durant cette période, les cerfs mâles en situation de contrôle, vont avoir leur plus gros panache. Ensuite, ça dépend de la condition corporelle de l’individu. Si elle est très bonne, en milieu contrôlé, le panache pourrait rester gros très longtemps. Au contraire, quand l’individu devient plus vieux et que sa condition physique se détériore, le panache pourrait décliner. Mais ça ne se voit pas en milieu naturel. De façon généralisée, plusieurs facteurs peuvent affecter la condition corporelle du mâle », explique la scientifique.

Bien nourri dans un habitat de qualité

Parmi ces facteurs, autres que l’âge, peuvent influencer la taille du panache en pleine nature.

« Pour avoir un gros panache, le cerf mâle doit avoir une très bonne nutrition, riche en protéines et en minéraux. La qualité de la nourriture va être influencée par la qualité de l’habitat, qui peut être détérioré par les conditions climatiques. Des périodes de sécheresse peuvent affecter la période de croissance du panache, la nourriture n’étant pas d’aussi bonne qualité. L’hiver affecte la condition corporelle du cerf, comme pendant le rut qui est une période très exigeante pour le mâle qui s’épuise dans ses déplacements, mange moins, se stresse et subit des blessures, par des affrontements entre mâles. S’ajoutent toutes les maladies possibles qui arrivent avant la croissance du panache à l’hiver ou au printemps », poursuit Sonia de Bellefeuille.

La biologiste Sonia de Bellefeuille (Photo courtoisie)

Ce n’est pas nécessairement un âge avancé qui en fait un vieux chevreuil, en apparence.

La femelle se reproduit jusqu’à la fin de sa vie

Lors que le cerf mâle est confronté à ces facteurs, Dame Nature dirige son énergie vers ses fonctions vitales pour assurer sa survie.

« La nature est bien faite. Si le mâle a assez d’énergie, elle sera dirigée vers ses fonctions reproductives, comme le panache », précise la biologiste. Les mâles qui traversent plusieurs saisons de chasse deviennent plus rusés. Ils connaissent leur domaine vital et les habitudes bien ancrées des chasseurs.

D’ajouter Sonia de Bellefeuille : « Ils sont plus difficiles à chasser, car ils sont aussi moins nombreux. Dans nos études, les cerfs mâles les plus âgés au Québec avaient 12 ans et demi. Ils avaient de gros merrains. C’est exceptionnel. À partir de cinq ans et demi, leur nombre commence à diminuer.

Les femelles atteignent un âge plus vénérable qui se mesure selon l’usure avancée et la minceur de ses dents.

« Nous avons examiné une femelle de 17 ans et demi.  Leur vie est moins à risque que les mâles, recherchés pour leurs panaches, mais exigeante en raison de la gestation ».

L’espérance de vie d’un cerf peut aller jusqu’à 20 ans.

« Les femelles se reproduisent jusqu’à la toute fin. De très vielles ont eu des triplets. Les femelles commencent très tôt à avoir des jeunes, au moins deux par année ». Ce qui explique que les populations de chevreuils rebondissent très vite, après avoir connu une baisse importante de densité.

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