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Quelle sera la place de Trump dans l’histoire?

- Son rôle pendant la pandémie sous la loupe
Donald Trump
Président des États-Unis, Donald Trump. Photo, Twitter

Vous prenez une marche, vous allez à l’épicerie, vous vous empressez de prendre des nouvelles de vos amis et voisins. C’est vrai à Rimouski, c’est vrai ailleurs dans le Bas-Saint-Laurent et c’est vrai en Gaspésie. Évidemment, nous sommes préoccupés par ce qui se passe à Montréal, la situation des CHSLD est terrible. Invariablement, nous nous intéressons aussi à ce qui se vit ailleurs dans le monde.

Plus de 54,000 victimes aux États-Unis

À ce compte, comment faire pour ignorer les États-Unis, ça ne va pas bien chez notre voisin du sud. En date d’aujourd’hui, c’était plus de 54,000 Américains qui avaient perdu la vie des suites du Coronavirus. À ce rythme, le total des Américains qui ont perdu la vie lors de la guerre du Vietnam (58 220) sera surpassé le mardi 28 avril 2020. Oui dans deux petits jours. Rien de moins qu’une catastrophe ! Quand on sait comment la guerre du Vietnam a marqué en profondeur la société américaine, que faut-il penser de tout ça ? De plus, outre ces statistiques ronflantes, tenter de comprendre les incongruités de Donald Trump n’est pas une mince affaire.

Pour nous éclairer, le journal le soir a fait appel à Tom Eden, chercheur en histoire militaire régionale et détenteur d’un certificat spécialisé en histoire de l’Université Columbia (The Civil War and Reconstruction). Il est aussi un observateur de la société américaine depuis toujours. Nous avons voulu savoir s’il y avait des parallèles à dresser entre les deux évènements historiques.

Similitudes entre les deux évènements

D’emblée monsieur Eden nous prévient : « Il est encore tôt pour écrire l’histoire, le décompte final des victimes étant un grand inconnu en ce moment. Mais surtout, nous ne sommes pas tout à fait rendus à l’analyse finale de ce qui a été bien et mal fait ou dans d’autres circonstances ce qui aurait pu être évité. Cependant, ce jour approche.»

En attendant, il a accepté de se prêter au jeu des similitudes entre les deux évènements historiques. Voici certains éléments que relève Tom Eden :

Les riches moins touchés

Règle générale, ce sont les minorités visibles et les pauvres qui ont souffert le plus durant la Guerre du Vietnam, ce constat est malheureusement aussi vrai pour la pandémie de la Covid-19. Le système de santé américain étant moins accessible aux moins bien nantis financièrement. Un exemple me vient à l’esprit, la Ville de Chicago où 70% des victimes sont d’origine afro-américaine alors qu’elles ne composent que 30% de la population.

Les segments d’âge

Un parallèle émerge quant au fait qu’un segment d’âge de la population est particulièrement touché. Pour la Guerre du Vietnam, ce sont évidemment les jeunes qui ont écopé, alors que dans la situation actuelle, ce sont les personnes aînées qui semblent les plus vulnérables.

Quand on sous-estime l’ennemi

Dans les deux cas, les Américains font face à un ennemi beaucoup plus coriace qu’ils ne s’avouaient en début de crise. Une grande différence subsiste par contre, ils pouvaient s’extirper du Vietnam et finir la crise sur le champ. Dans le cas de la pandémie actuelle, ils ne peuvent se sauver. (Nowhere to run and hide)

L’incrédulité qui s’installe peu à peu

Il n’y a pas d’erreurs, le doute s’est installé peu à peu dans la population envers le gouvernement fédéral sur la façon de gérer ces deux évènements. Le sentiment antiguerre de l’époque, malgré toutes les manifestations des années soixante et soixante-dix, a vraiment pris son ampleur suite à deux développements: 1-le fait que sur le terrain, les forces américaines perdaient la guerre,  2- la publication des « Pentagon Papers » dans le New York Times qui avait démontré que le gouvernement avait systématiquement menti et trompé le peuple américain quant aux objectifs de la guerre et du déroulement de celle-ci.

Il y a certainement des parallèles à dresser ici, les affirmations approximatives de Trump depuis les tous débuts de la crise sont reprises dans les médias. Le président américain semble vouloir faire de la récupération électoraliste à tout moment en tentant de changer le cours de l’histoire.  À cause de Trump, les Américains sont de plus en plus nombreux à croire que le  gouvernement fédéral tend à vouloir cacher la vérité.

Le sort de deux présidents en jeu

Même si Gerald Ford était au pouvoir au moment du retrait des derniers Américains de la ville de Saigon en 1975, l’histoire retiendra que la Guerre du Vietnam a eu raison de Lyndon B. Johnson qui n’a  pas déposé sa candidature aux élections présidentielles de 1968. La gestion de la guerre étant devenue un poids insupportable pour lui. À l’approche des élections en novembre 2020, le sort de Trump pend actuellement dans la balance. Un dossier à suivre.

Notion de liberté différente

Sur une autre note on doit préciser que la relation des Américains avec la notion de la liberté personnelle est très différente qu’au Québec et au Canada. De façon générale, chez nous, cette notion est tempérée par un sens de responsabilité collective. Dans le cas de la pandémie actuelle, nous constatons que chez nous,  les gens sont plus aptes à suivre les consignes des experts en santé publique et les leaders politiques.

Aux États-Unis, il existe une très grande proportion de gens qui voient toute tentative de l’état à baliser leur quotidien dans le but de contrôler la propagation du coronavirus comme un affront direct à leur liberté. Ils résistent au gouvernement de façon systématique. Ceci se voit dans les manifestations contre les mesures de confinement qui se multiplient un peu partout aux États-Unis. Cela est vrai autant dans des villes considérées comme conservatrices que progressistes.

Exceptionnalisme américain

Chose certaine, si le sentiment général ressenti par la population américaine indique qu’ils s’en sont bien sortis à la fin de cet épisode tragique, l’histoire retiendra que c’était grâce à la théorie de l’exceptionnalisme américain* et possiblement du rôle du président Trump. Si par contre, les résultats sont moins reluisants, et ça ne regarde pas bien de ce côté, la population se trouvera un bouc émissaire. Le compteur vertigineux des victimes de la pandémie tend à démontrer que Donald Trump pourrait être pointé du doigt, mais, le futé président tente déjà de prévoir le coup en faisant porter le singe sur le dos de tout ce qui bouge autour de lui. Ainsi, l’OMS, les médias et le « fake news », la Chine, les gouverneurs des états,  tout le monde y passent. L’heure de vérité quant à la place de Donald Trump dans l’histoire approche à grands pas. Franchir le nombre de victimes de la guerre du Vietnam dès mardi prochain pourrait accélérer les interprétations de cette place.

Le journal le soir tient à remercier monsieur Tom Eden pour cette collaboration

*L’exceptionnalisme américain est une théorie politique et philosophique qui considère que les États-Unis occupent une place spéciale parmi les nations du monde en termes de sentiment national, d’évolution historique, d’institutions politiques et religieuses, et parce que c’est un pays qui a été construit par des immigrés.

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