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Rétrospective 2020-juillet: les adeptes de camping sauvage font la loi à Gaspé

Rimouski ne craint pas des débordements tel que ceux survenus à la plage de Haldimand de Gaspé, l’été dernier. (Photo: archives courtoisie Peter Sams)

Il n’y a pas que la Pointe-aux-Anglais, située près du Parc national du Bic, dans la Ville de Rimouski où les plages se sont fait envahir par les adeptes de camping sauvage pendant la pandémie, l’été dernier.

C’est la Gaspésie toute entière qui a tenté par tous les moyens de reprendre contrôle de la situation et la Ville de Gaspé et ses belles plages qui sont devenues le symbole de ce combat pour protéger et préserver leur environnement et ses milieux que l’on qualifie de fragiles.

Des citoyens se regroupent

Pour en savoir plus, le journal le soir a communiqué avec deux citoyens bien connus à Gaspé, Ann Clements, ex-directrice du Service des loisirs de la Ville de Gaspé et Peter Sams membre d’un comité qui tente de faire bouger les choses. Ils n’hésitent pas à se faire entendre à ce moment afin de mobiliser le plus de monde possible sur cette situation que le maire de Gaspé, Daniel Côté, a lui-même qualifiée de cauchemardesque sur sa page Facebook.

Certaines personnes n’hésitent pas à circuler sur les belles plages avec leur voiture au risque d’avoir un impact sur ces écosystèmes fragiles. (Crédit photo: Danièle Raby, Facebook)

Pour madame Clements, la situation est insoutenable et même si de façon générale elle reconnaît qu’elle soit difficile à gérer,  elle souhaite voir la Ville en faire plus : « même si la Ville de Gaspé vient de mettre en place une escouade préventive, le maire Côté nous prévient qu’elle ne fera que de l’éducation et de la prévention. La Ville de Gaspé continuera de tolérer les campeurs, car le Maire prétend qu’il n’a pas plein pouvoir pour le faire. Ça me fait mal, on aime tellement notre patelin et c’est comme si on se faisait exproprier de notre chez nous par des gens qui ne nous respectent pas. On dirait que notre maire qui est avocat de formation est pris entre l’arbre et l’écorce et ne veut pas commettre d’intrusions dans d’autres juridictions », de se désoler Ann Clements.

Deux poids, deux mesures

L’ex-directrice du Service des loisirs poursuit en questionnant les membres du Conseil de la Ville de Gaspé : « Pourquoi les organismes reconnus par le Conseil Municipal doivent-ils demander votre autorisation pour organiser une activité sur la plage de Haldimand avec une série de règles à respecter , je pense, « Aux Châteaux de Sable » , au « Tournoi de Frisbee »…et pourtant vous acceptez un camping de ce genre , des voitures qui circulent quand ce n’est pas un VTT qui fait son show de sable près de la zone des baigneurs? Je regrette, mais j’ai été responsable de la plage pendant des années en tant que directrice des loisirs et nous n’avons jamais permis ce genre de détérioration », conclut-elle.

Un homme engagé sur le terrain tous les matins à 5h

Quant à Peter Sams, un homme parfaitement bilingue et bien connu dans son milieu, il n’y va pas par quatre chemins : « j’ai commencé à me présenter à 5h du matin sur la plage à Haldimand pour prévenir les campeurs sauvages qu’ils doivent faire de la place au tracteur qui vient nettoyer la plage pour les vacanciers traditionnels et les utilisateurs locaux qui veulent aussi profiter de notre magnifique plage. C’est rendu que le tracteur qui nettoie doit faire le tour des tentes plantées sur la plage.

À un certain moment, Peter Sams a dénombré 61 tentes sur la plage à 5h du matin. Crédit photo: Peter Sams

C’est indécent, il y en a un qui était choqué que je le réveille. J’ai dû lui répondre que ceci est une plage publique et que c’est une zone interdite pour le camping, mais surtout que ce lieu public est à partager avec les vacanciers qui le respectent et la fière population locale qui souhaite maintenir son intégrité. Présentement, je fais partie d’un comité qui tente de restaurer l’ordre sur nos plages, car il n’y a pas que Haldimand qui est pris d’assaut, il y a Douglastown, et Seal Cove sans compter tous les villages sur le tour de la Gaspésie. Nous voulons collaborer avec la Ville, mais il doit se passer quelque chose parce que ça n’a pas de bon sens », de s’exclamer le courageux citoyen qui compte bien continuer de mener son combat.

Le maire s’explique sur son compte Facebook

Le maire Daniel Côté qui est aussi 1er Vice-Président à l’Union des municipalités du Québec prétend avoir les mains liées dans un carcan légal. Celui qui compte habituellement sur un courant de sympathie très important parmi la population semble maintenant perdre la bataille des perceptions auprès des contribuables qui s’impatientent afin que ce dossier soit pris en main.

Gaspé;, camping sauvage
Le maire Daniel Côté s’adressant directement à la population locale sur son compte Facebook jeudi matin. (Photo: capture écran en direct, Pierre Chassé)

Dans une sortie publique en direct sur son compte Facebook, il y est allé de ces explications : « Ce n’est pas vrai que l’on va endurer ça très longtemps, mais les gens doivent comprendre qu’on n’a pas la marge de manœuvre ni la juridiction souhaitée pour intervenir. D’ailleurs on a un avis juridique d’une avocate spécialiste montrant qu’on n’a pas le pouvoir légal de régir les plages publiques qui appartiennent au Gouvernement provincial. En ce qui nous concerne, on manque de ressources techniques, légales et humaines pour gérer nos 145 km de littoral. La Sûreté du Québec ne peut pas tout faire », d’expliquer le maire.

Escouade préventive

La veille, le Conseil municipal de Gaspé a travaillé jusqu’à tard en soirée dans le but de donner son aval au maire et de dégager des budgets pour embaucher des ressources afin de former une escouade de prévention qui sillonnera les plages de Gaspé : « Ce ne sera pas une escouade coercitive, mais une escouade qui va être en mode de sensibilisation et éducation. Elle aura, entre autres, le mandat d’informer les campeurs de la politique de « leave no trace » (ne laissez pas de trace de votre passage) », de dire monsieur Côté.

Le pari est donc lancé, est-ce que cette mesure sera suffisante pour atténuer les inquiétudes de sa fière population et permettre aux plages de Gaspé de redorer leur blason? Certes, un dossier à suivre…

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