La désuétude des services de transport ferroviaire à Rimouski présente de nombreux visages
Une enquête du journal le soir menée depuis quelques semaines permet de constater à quel point les services de transport ferroviaire de passagers ont dépéri à plusieurs points de vue, à Rimouski, au cours des 30 dernières années.
Pour commencer, l’état des lieux. Si la gare paraît bien du côté Nord, près des taxis et du marché public, les rares personnes qui ont accès au quai d’embarquement du côté Sud ont pu, l’été dernier et ces dernières semaines, remarquer des aménagements paysagers laissés à l’abandon, des marches qui s’effritent, un drapeau canadien déchiré qui « fait pitié », bref, des indices qui laissent croire à beaucoup de laisser-aller.
La rédaction du journal le soir a questionné Via Rail à ce sujet. Une réponse nous est parvenue le 20 novembre : « La gare de Rimouski est présentement louée à la Ville de Rimouski qui a la responsabilité de l’entretenir », de la part de Philippe Cannon, directeur des affaires publiques.
Comme on dit souvent, « c’est le message que ça envoie qui n’est pas très bon ».
À 2 h ou à 3 h selon la destination
Par ailleurs, connaissez-vous l’horaire des trains de passagers à Rimouski? Il se limite à une peau de chagrin : le lundi, le jeudi et le samedi, on peut prendre le train Rimouski-Montréal (15) ou le train Rimouski-Halifax (14), si on accepte d’y monter à 2 h ou à 3 h du matin, selon le trajet retenu. Les billets doivent être achetés en ligne ou par téléphone. La gare ouvre une heure avant l’arrivée du train et ferme 30 minutes après. Il n’y a aucun service à l’intérieur.
Les chiffres
Le « début de la fin » semble remonter à janvier 1990, quand dans une vague de compressions gouvernementales, le parti conservateur au pouvoir à Ottawa a décidé de réduire les services de Via Rail. Depuis ce temps, nous sommes passés d’une fréquentation de quelque 25 000 passagers par année transitant à Rimouski (quatre trains par jour, deux vers l’Est et deux vers l’Ouest) à entre 500 et 600 passagers, aujourd’hui, toujours en transit, pour les trajets mentionnés ci-haut (deux trajets, trois fois par semaine, pour six trains par semaine). Un passager compte pour un déplacement. S’il effectue un aller-retour, il est considéré deux fois. De 28 trains par semaine (quatre trains par jour, fois sept jours), la réduction avait été à l’origine de plus de 50% (13 trains par semaine).
Délégation
L’histoire nous rappelle qu’une délégation régionale de personnalités politiques et socio-économiques qui comptait notamment Irvin Pelletier (Chambre de commerce), Philippe Michaud (maire de Rimouski), Michel Tremblay (député provincial) et Monique Vézina (députée fédérale) avait été mobilisée sans grand résultat.
Le journal le soir a appris en coulisses que certains participants de cette mobilisation s’étaient réjouit de la réduction des services de train en se disant que ce serait un argument de plus pour obtenir l’autoroute 20.
« Elle s’est rapprochée, la 20, mais elle n’est toujours pas arrivée. C’est certain que si on avait pris le « virage » du train au lieu de le négliger, on ménagerait notre réseau routier et on réduirait les émissions de gaz à effets de serre », ajoute-t-il.
Le député fédéral ne désespère pas
« Depuis 2013, il n’y a plus rien à la gare de Rimouski, mais je ne désespère pas d’arriver un jour à ce qu’on ait un service de train de passagers respectable. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. C’est ce que ça donne quand les passagers sont moins bien traités que les marchandises. De notre côté, nous croyons au transport régional et nous ne laissons pas tomber. On pourrait même voir renaître un projet pour un trajet quotidien Rimouski-Charny », déclare le député fédéral de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Maxime Blanchette Joncas.
Entre autres histoires d’horreur, on a rapporté à monsieur le député qu’à Mont-Joli, des passagers du train en attente doivent se réfugier dans un stand de taxi, l’hiver.
Mouvement en marche
Un mouvement est en marche pour rétablir l’équilibre dans l’utilisation et la disponibilité des services de transport collectifs au Québec, vers les régions.
Une quarantaine de citoyens et d’organismes issus des régions périphériques du Québec, dont la moitié du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, réclament un effort significatif du gouvernement du Québec pour l’amélioration du transport interrégional, par train et par autocars.
Michel Dubé, du mouvement Action populaire Rimouski-Neigette, est au nombre de ces signataires et commente, au sujet du train : « C’est une autre alternative à l’automobile qu’on devrait utiliser et qu’on n’utilise presque pas. De plus, les infrastructures sont là, alors on devrait s’en servir! J’ai fait mes devoirs et je suis allé voir à la gare pour m’informer. Les informations sont incompréhensibles et ça semble ardu pour rejoindre du monde. J’ai vu 2 h du matin, mais je n’ai pas compris le jour. C’est déplorable qu’on ait aussi peu de services. Pourquoi ne pas mieux équilibrer le recours au train et aux autocars ? Mettre un peu plus de concurrence dans le marché du transport régional, ce serait bon pour le consommateur. »