Comment survivre psychologiquement à la pandémie…
… seul ou en couple!Plus la crise sanitaire se prolonge, plus il y a de mesures sanitaires imposées par Québec et plus il est difficile de conserver une bonne santé psychologique.
Comme il a été clairement établi pendant cette crise qui dure maintenant depuis 10 mois, le fait de demeurer presque toujours à la maison est difficile à supporter pour n’importe quel être humain. Mais les impacts et les solutions varient selon la situation où on est. Seul ou en couple, il y a moyen de recourir à quelques trucs pour se rendre la vie plus agréable malgré la pandémie, nous dit la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier.
Celle-ci accompagne les lecteurs du journal le soir avec ses judicieux conseils depuis l’été dernier. Elle nous a été recommandée par l’Ordre des psychologues du Québec et nous livre ses impressions sur la pandémie et ses impacts sur la santé mentale des Québécois pour une quatrième fois.
« La pandémie nous affecte tous. Seul ou en couple, c’est vrai que c’est différent. Ce ne sont pas les mêmes choses qui vont nous faire du bien. Par contre, il y a un lien commun : il faut inscrire à son horaire des rencontres sociales (sous une forme ou l’autre). Même en temps normal, les demandes de consultation auprès des psychologues augmentent dans les mois de janvier et février. Cette année, on ne peut (ou n’a pu) se raccrocher ni aux Fêtes ni aux vacances dans le Sud ni même aux projets de la période de relâche », note d’abord madame Beaulieu-Pelletier.
La pandémie crée des frustrations. « Nous sommes donc dans une période où nous sommes encore plus vulnérables et en plus, on ne peut pas faire les choses de la même façon qu’on les faisait avant. C’est plus difficile psychologiquement, présentement, il n’y a aucun doute. Nos besoins sont mis à l’épreuve en ce moment. »
Que faire???
« Quand on vit seul, ce n’est pas parce qu’il y a toutes ces mesures qu’on ne peut pas côtoyer d’autres individus. On peut très bien aller à l’extérieur et échanger, même en respectant la distanciation physique. On peut marcher avec un ami qui demeure à deux mètres de distance pendant la marche. On peut recourir au virtuel. On peut faire un appel téléphonique. Mais ce qui est le plus important : c’est de l’inscrire à son horaire. Et savez-vous quoi? Ça fait autant de bien à celui qui effectue l’appel qu’à celui qui le reçoit », conseille madame Beaulieu-Pelletier.
« Aller vers les autres permet de mettre en mots ce qu’on vit. Nous sommes tous des boules d’émotions en ce moment. Il y en a de toutes les sortes et il faut essayer de les nommer dans un échange avec quelqu’un. Dire comment on se sent, ça fait déjà du bien. »
En couple
Si à l’inverse on est en couple et qu’on risque de se marcher sur les pieds ou de s’asticoter un peu plus souvent que d’habitude, il y a d’autres moyens préventifs de garder sa bonne humeur.
« Qu’on soit ensemble depuis 10 ans, 20 ans, 50 ans, on s’aime, c’est sûr, mais ce n’est rien n’est facile dans ce contexte! On est constamment ensemble. On parle beaucoup de la solitude que la pandémie provoque, mais au sein des couples, il faut se créer des zones d’isolement, même si ça peut sembler paradoxal. Chacun a besoin de son espace de solitude avec ses propres activités. »
« À chacun son coin de la maison, à chacun son temps pour lui, sans pour autant mettre de côté toute l’importance d’avoir des activités communes. Il faut également continuer d’alimenter ce qui fait en sorte qu’on est un couple! Pas besoin de se lancer dans de grandes rénovations, mais on peut élaborer des projets pour se garder connecté. Sinon, si on s’est éloigné, pour tenter de se reconnecter », renchérit la psychologue.
Se pardonner
Mais seul ou en couple, on est toujours d’abord face à soi et on doit donc aussi être indulgent envers soi-même.
« C’est super important pour tout le monde! En ce moment, il faut également essayer d’avoir de la compassion pour soi. Psychologiquement parlant, c’est primordial de baisser nos standards en ce moment, parce que rien n’est comme d’habitude : on est en télétravail, certains ont leurs enfants à la maison, la luminosité baisse, etc. C’est normal en ce moment d’être moins efficace que d’habitude; c’est correct! D’ailleurs, on doit se souvenir que tout le monde est dans le même bateau. »
Geneviève Beaulieu Pelletier ajoute : « Dès qu’on se sent un peu déprimé, ça vient affecter notre bien-être. Il se peut qu’on manque de sommeil ou qu’on en ait besoin davantage. Il faut être attentif à ce qu’on vit. »
Cultiver ses plaisirs
Si on se connait bien, on risque de savoir ce qui nous fait plaisir. Il faut continuer de savoir en profiter.
« Offrons-nous régulièrement des moments de plaisir! Pas besoin de le faire pendant trois heures. Pensez à une chanson que vous aimiez à l’adolescence; mettez ça « dans l’tapis », puis laissez vous aller. Juste ça, ça fait un bien fou. Ça dit au cerveau d’augmenter notre bien-être. Ça a pris cinq minutes. Ça peut aussi être : danser, faire de la lecture ou de la cuisine. Retrouvez votre cœur d’adolescent : je vous conseille d’intégrer aussi ça dans votre routine quotidienne », conclut madame Beaulieu-Pelleter.