«Dommage que l’UQAR n’ait pas eu de tels lobbyistes»
Cadeau de 1 milliard$ à McGillLe député de Matapédia-Matane, Pascal Bérubé, a pris la défense des universités de région comme l’UQAR, ce matin, à l’Assemblée nationale, déplorant le manque de financement de celles-ci alors que le gouvernement semble vouloir faire un cadeau d’une valeur de 1 milliard $ à l’université la plus riche au Canada : McGill.
C’est ce qui ressort notamment du point de presse de celui qui est aussi chef parlementaire du PQ, tenu en compagnie du chef de celui-ci, Paul Saint-Pierre Plamondon, ce matin.
« Je vous invite à vous intéresser à ce qui s’est passé hier et ce qui se passera aujourd’hui concernant un projet de loi passé inaperçu, le projet de loi n° 219. Un projet de loi privé qui s’intitule : Loi concernant un immeuble situé sur la rue University à Montréal. Quel est cet immeuble? Le Royal Victoria, l’ancien hôpital, des bâtiments d’une grande valeur et une partie du Mont-Royal. Qu’est-ce qui va se passer avec ce projet de loi? On va céder tout ça, une valeur de 1 milliard de dollars, à l’Université McGill », a expliqué monsieur Bérubé.
LA Sonia LeBel
Ce projet a été amorcé dans les derniers moments du dernier règne libéral, en juin 2018. Monsieur Bérubé a soulevé l’ironie de l’identité de la députée caquiste qui appuie le projet de loi concerné, une élue dont le passé devrait inspirer l’intégrité et la moralité.
« Après, il y a eu l’élection, puis on s’est dit : « jamais la CAQ ne va faire une telle chose pour le français, pour le centre-ville de Montréal. » Bien, non, ils ont dit : « on va continuer. » Ils (le gouvernement) l’ont mis dans le projet de loi n° 66. Ils vont même l’accélérer et hier, ce projet de loi privé, présenté par une députée libérale, celle de Westmount—Saint-Louis, a reçu l’appui de Sonia LeBel. LA Sonia LeBel, là, vous vous souvenez? La commission Charbonneau (sur l’attribution des contrats publics) », a laissé entendre Pascal Bérubé.
« Un scandale »
« Alors, on fait passer 1 milliard de dollars à McGill avec tout ce que ça implique, tous les avertissements des experts que j’ai lus un par un pendant trois heures, hier. Ce n’est pas rien. Ce n’est pas l’Université de Montréal qui va avoir ça. Ce n’est pas l’UQAM. Ce ne sont pas les universités en région; c’est McGill, l’université la plus riche au Canada. C’est un scandale. C’est une dilapidation de notre patrimoine public », affirme monsieur Bérubé.
« C’est une des pièces législatives les plus douteuses que j’ai vues en 14 ans de vie politique », tranche aussi le député matanais, ajoutant : « c’est une belle une belle continuité entre le Parti libéral et la CAQ qui va recréer un « Golden Square Mile » anglophone en plein centre de Montréal. Une belle enclave de McGill où on va parler anglais et où le contrôle immobilier va appartenir à la riche Université McGill pendant que tous les cégeps francophones du Québec, les universités, vont regarder ça en disant : Mais pourquoi pas nous? À quelle époque est-on revenus? McGill devient une université hégémonique à Montréal avec l’appui du Parti libéral du Québec et la Coalition avenir Québec », constate le député Bérubé.
Aucune consultation
« Aucune consultation du milieu. On ne s’est pas tourné vers l’UQAM, on n’est pas tourné vers l’Université de Montréal. Je ne sais pas qui sont les lobbyistes de McGill qui ont réussi à convaincre deux gouvernements de faire une telle chose, mais ils sont efficaces pas à peu près. Je regrette que mon alma mater, l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) n’ait pas de tels lobbyistes pour obtenir de tels cadeaux pour son bénéfice », a finalement lancé le député de Matane-Matapédia.
Totalement légitime
Un journaliste a fait remarquer à Paul Saint-Pierre Plamondon qu’il a lui-même étudié à McGill.
« Le fait que je suis allé à McGill n’est pas une raison pour consentir des cadeaux de 1 milliard de dollars et ce n’est pas une raison non plus pour ne pas se pencher sur l’équilibre dans le financement des diverses universités au Québec. Parce que McGill est largement mieux financier que la moyenne des universités francophones. Donc, la question qu’on pose est totalement légitime. Pourquoi un gouvernement de son propre chef, qui se veut un changement par rapport aux libéraux, va continuer l’oeuvre des libéraux en faisant un cadeau de 1 milliard de dollars et va prendre l’initiative de s’assurer que ça ait lieu? La question est totalement légitime, indépendamment du lieu où j’ai fait mes études », a répondu le chef péquiste.