L’épave du Scotsman reconstituée grâce à l’intelligence artificielle
Le Centre de développement et de recherche en intelligence numérique (CDRIN), basé à Matane, confirme l’obtention d’un financement par le programme de valorisation scientifique du Réseau Québec maritime (RQM), pour son projet de reconstruction de l’épave du navire marchand Scotsman en réalité virtuelle, grâce à l’intelligence artificielle.
« Le projet conjoint entre l’IRHMAS et le CDRIN a permis de réaliser une première phase de prototypage financée par le programme Odyssée Saint-Laurent du RQM, grâce aux images tournées en profondeur », se réjouit Isabelle Cayer, directrice du CDRIN. « La Phase 2 du projet permettra d’aller plus loin en mettant ces technologies au service au patrimoine en créant une expérience muséale multisensorielle immersive, rendue possible grâce à l’équipe de création multidisciplinaire Super Splendide. »
Retour sur la première phase
Les différents médias captés par l’IRHMAS lors d’une première plongée ont été confiés aux spécialistes du CDRIN. Ceux-ci ont pu reconstituer de larges portions de l’extérieur du navire grâce à la modélisation 3D, ainsi que d’en améliorer le rendu graphique grâce à l’intelligence artificielle.
Cette démarche, combinée aux observations et analyses des archéologues, a également mis en évidence les perspectives de recherche au sujet de la construction, de la cargaison, de la conservation et des conditions de vie de l’équipage du Scotsman.
Activation de la seconde phase
La Phase 2 servira à combiner l’expertise en archéologie subaquatique de l’IRHMAS avec celle du CDRIN en intelligence artificielle afin de reconstituer des portions de l’épave en 3D. Ceci permettra de l’observer et de la visiter en réalité virtuelle, grâce au travail minutieux de Super Splendide.
« Il s’agit d’une première au Québec pour un projet archéologique subaquatique d’une telle envergure technologique », selon Daniel Laroche, archéologue subaquatique pour l’IRHMAS. « Le site pourrait ainsi servir de laboratoire de formation en archéologie sous-marine, une discipline qui est encore au stade de développement au Québec, en plus d’ouvrir les portes au tourisme scientifique. »
- Août 2021: Une deuxième mission de plongée est en préparation afin de recueillir un deuxième jeu de données. Pour cette mission, le CDRIN et l’IRHMAS évoquent la possibilité d’utiliser le véhicule sous-marin Deep Trekker de la Flotte opérationnelle de recherche en sciences côtières et environnementales (FORSCE) de l’UQAR pour la captation d’images vidéos et augmenter ainsi le temps de capture.
- Automne 2021: Ces nouvelles captations permettront de tester d’autres approches d’IA, de raffiner le modèle de l’épave et permettre une reconstruction plus complète du navire, ainsi qu’une expérience grand public.
- 2022: Un projet de diffusion de l’expérience en réalité virtuelle est prévu au Musée maritime du Québec à l’Islet-sur-Mer. Par la suite, une tournée d’autres lieux de diffusion à travers la province et à l’international sont aussi à l’étude.
« Toute l’équipe de Super Splendide est enthousiaste de contribuer à un projet aussi unique qui permettra au public de visiter cette épave vieille de 175 ans sans devoir être expert de la plongée sous-marine. Vous et moi pourrons devenir archéologues subaquatiques l’instant d’une visite, grâce aux technologies immersives multisensorielles », ajoute Jean-François Malouin, président et directeur créatif pour Super Splendide.
« Avec le programme de valorisation du RQM, nous espérions soutenir des projets novateurs qui augmentent la portée des retombées de la recherche au-delà des sphères académiques, qui invitent à s’approprier le Saint-Laurent et qui renforcent la maritimité de la population québécoise. En révélant des pans méconnus de l’histoire de la navigation maritime, le projet de virtualisation de l’épave du Scotsman dépasse largement nos attentes ». Dany Dumont, directeur du Réseau Québec maritime.
La petite histoire du Scotsman
Découverte en 2002 à l’Île du Bic, près de Rimouski, puis identifiée en 2015, l’épave du Scotsman serait la plus ancienne (1834-1846) connue au Bas-Saint-Laurent. Le navire marchand retournait à Liverpool et son naufrage lors d’une tempête avait enlevé la vie de huit des neuf membres d’équipage. L’Île du Bic servait de relais de navigation dans l’estuaire du St-Laurent entre 1730 et 1905, et une soixantaine de naufrages se sont produits à cet endroit, à cause des récifs.
Une première plongée en 2020 avait permis la captation d’images et de vidéos de l’épave à l’aide d’un drone sous-marin et de photogrammétrie. Les images recueillies avaient permis de confirmer qu’une partie de la cargaison semble encore intacte, ce qui rehausse le potentiel historique de l’épave. De plus, malgré une certaine détérioration observable, cette dernière reste accessible à la plongée, offrant d’importants attributs de mise en valeur touristique et récréative pour attirer de plus en plus de plongeurs.