Les efforts d’un groupe de citoyens permettent de rendre les sports nautiques accessibles au centre-ville
Un groupe de citoyens formé essentiellement de Marcel Gagné, Jean-François Dubé et Armand Dubé, a réussi à mettre ses efforts en commun pour atteindre un objectif qui avait semblé irréalisable en raison de nombreuses contraintes, depuis 15 ans.
Du début des années 2000 jusqu’à 2006, un centre de location de kayak et de formation a été en opération près de l’écluse Price, un débarcadère ayant été aménagé. L’école a eu un nouveau propriétaire qui n’a pas été en mesure de maintenir les activités. Les deux Dubé, l’un sauveteur, guide et moniteur de kayak, l’autre, amateur de kayak et impliqué dans le développement touristique, ont tenté de convaincre notamment la Ville de Rimouski de consacrer des efforts à ce projet, mais avec plus ou moins de succès.
Question complexe
La Ville a entrepris des démarches au cours de la dernière année pour régler la question du manque d’espaces de stationnement dans ce secteur, mais ne voulait pas aménager de débarcadère puisqu’il y en a déjà un à la marina, rénovée à coups de millions de dollars. La question du stationnement est complexe, parce que les terrains appartiennent à Hydro-Québec, qui loue son ancien quartier général régional et des espaces de stationnement au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent.
Ajoutons qu’il a aussi fallu obtenir une autorisation du ministère de l’Environnement.
À la suite des interventions de Jean-François et Armand Dubé rapportées par le journal le soir cette année, puisque l’auteur de ces lignes a suivi assidument ce dossier depuis 15 ans, le sportif et homme d’affaires Marcel Gagné s’est impliqué, a multiplié les contacts et a investi de son argent personnel pour construire une rampe de mise à l’eau qui a été inaugurée aujourd’hui, sur le site original de l’école de kayak, à côté du pavillon de l’Association des pêcheurs sportifs de la rivière Rimouski.
Aussi, monsieur Gagné n’a pas complété ses pourparlers avec Hydro-Québec pour les stationnements, mais s’engage à rembourser les éventuels remorquages ou billets de stationnement qui seraient imposés à des utilisateurs.
« Pour moi, cela représente près de 15 ans d’attente. En 2010, la rampe de mise à l’eau que j’avais construite a été emportée par les grandes marées. J’ai pratiquement harcelé les élus pour leur dire que ça prenait un accès à la baie au centre-ville, dans un endroit sécuritaire, accessible à tous. Finalement, 15 ans plus tard, je commençais à être essoufflé. Marcel ayant le temps et connaissant les activités nautiques nous a proposé de nous aider. Il s’est rendu à la Ville et en est ressorti très contrarié de voir le peu d’avancement du dossier. Marcel a alors dit : « Nous allons faire nos affaires nous-mêmes et travailler ensemble là-dessus » », raconte Jean-François Dubé.
Tourisme
Les trois citoyens ont pris cette initiative pour permettre notamment aux Rimouskois et amateurs de sports nautiques de la région d’avoir accès à la baie, mais aussi en pensant à ce que cela pouvait apporter en termes de développement touristique.
« Des touristes, il y en a de plus en plus à Rimouski. Du monde qui aime faire du kayak ou de la planche à pagaie, il y en a aussi de plus en plus. Il paraît qu’on manque de marchandise pour répondre à la demande. Les gens ont envie d’aller sur l’eau. On est privilégié à Rimouski d’avoir une si belle baie, très accessible. Il y a les marées, mais c’est vraiment facile de bien s’y retrouver. Et c’est sécuritaire. On rêve de voir de plus en plus de gens dans la baie. À la marina, quelqu’un qui débute ou même un intermédiaire peut difficilement affronter les courants et circuler à travers les bateaux. Je ne le ferais même pas moi-même. Le risque est que cette personne se décourage et abandonne le sport. Ici on est protégé. On peut même remonter la rivière. J’ai recruté des mis pour nous aider (Louis Dionne et Alain Brillant, entre autres). On veut que les gens aiment notre site, les sports nautiques et en profitent le plus possible. C’est vraiment une belle initiative citoyenne. On s’est entraidé et respecté. La rampe a été fabriquée en une demi-journée. Ça en dit long sur le fait que ce n’était pas si compliqué à faire », ajoute Jean-François Dubé.
« La logique l’emporte »
Armand Dubé est très heureux, notamment parce qu’il a travaillé au développement touristique de l’île Saint-Barnabé, maintenant accessible avec des embarcations individuelles.
« Ça fait tellement d’années qu’on travaille là-dessus et qu’on y croit, la logique a fini par l’emporter. C’était tellement évident et simple de comprendre que l’accès à la baie de Rimouski à partir d’ici est une nécessité. C’est très positif et c’est beaucoup d’énergie qu’on reçoit aujourd’hui, parce qu’on sait que ce site-là va être utilisé. Il sera utilisé en toute sécurité et au bénéfice des Rimouskois et des visiteurs qui pourront dorénavant visiter l’île Saint-Barnabé et découvrir le site d’interprétation. »
« Pour la marina, c’est démontré. On en a fait toute notre vie du kayak et on sait de quoi on parle. Le kayakiste moyen, qui représente la grande majorité, ne peut pas y aller. Pour le tourisme, le nouvel accès implique beaucoup de choses. On découvrira ou redécouvrira la baie de Rimouski. On aura accès à l’île. On va découvrir son milieu naturel. Si on regarde le lieu de départ, on va peut-être faire des aménagements pour faciliter la découverte de la baie et de ses attraits. C’est un plus, parce que c’est un complément aux produits touristiques déjà offerts. Mais ce fut une longue marche et je dois vous avouer que si Marcel n’avait pas été là, nous on laissait tomber. Ça faisait trop d’années qu’on se battait pour ça. Pour une ville maritime, c’est bien la moindre des choses d’avoir accès à la baie », poursuit Armand Dubé.
Quand on veut…
Les trois hommes veulent lancer notamment le signal que les citoyens qui croient en un projet pour se regrouper pour contourner les contraintes, souvent administratives, peuvent y arriver.
« Ce fut un plaisir pour moi de contribuer à cet aménagement. Quand j’ai vu que des gens comme Jean-François et Armand tentaient de faire avancer le projet, qui était bloqué, j’ai regardé ce que je pouvais faire. J’ai commencé à travailler le dossier en avril et on y est arrivé. Ça a été décourageant, des fois, parce je me suis buté à des portes fermées, mais j’ai obtenu la collaboration des principaux intervenants. Mais la rampe est là, et je peux vous garantir qu’elle va être là encore longtemps. »
« Avec de la détermination et une cause juste, on peut faire avancer les choses. La cause est très juste : un accès à l’embouchure à la rivière Rimouski et à la baie de Rimouski. On ne l’avait plus », commente monsieur Gagné.
La cerise sur le gâteau
La bonne nouvelle ne vient pas seule, car il y a une cerise au sommet du gâteau! Un grand happening s’annonce!
La mise en service de la rampe de mise à l’eau coïncide avec la tenue, ce samedi, d’une activité majeure des fêtes du 325e anniversaire de Rimouski.
Jean-Louis Chaumel, de Rikifest, participe à l’organisation des célébrations du 325e et organise l’activité baptisée « Le vieux quai revit », autour du brise-lames et de l’embouchure de la rivière qui donne sur la baie et le fleuve.
« Nous invitons les gens qui pratiquent le canot, le kayak et la planche à pagaies à venir ce samedi et à profiter du site pour se mettre à l’eau et participer à l’activité. On va avoir des saltimbanques sur le quai et il y aura toutes sortes de petites embarcations qui viendront colorer la baie et reconstituer la fébrilité d’autrefois, lors de la naissance de Rimouski, où il y avait un quai à l’embouchure de la rivière. L’arrivée de la rampe de mise à l’eau arrive comme un miracle : à quelques jours de notre événement, encore plus de gens pourront y participer », mentionne monsieur Chaumel.