« J’ai lu le rapport… et j’ai pleuré à la fin »
Pascal Bérubé touché directement par le sujet de l’aide médicale à mourirLe député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, réagit avec beaucoup d’émotion au rapport de la Commission spéciale sur l’évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie, déposé hier.
Le rapport conclut entre autres que les personnes atteintes de maladie dégénérative devraient pouvoir, dès qu’elles le souhaitent, communiquer à leurs proches leur intention de faire appel à l’aide médicale à mourir avant que leur maladie ou état se manifeste dans les faits. On élargirait ainsi l’accès à l’aide médicale à mourir.
Mettre à jour
La Loi concernant les soins de fin devie est entrée en vigueur en 2015, faisant du Québec un précurseur en matière de soins de fin de vie. « Dans les dernières années, le débat sur l’aide médicale à mourir a continué d’évoluer. Nous sommes d’avis qu’il est temps de mettre à jour la Loi en tenant compte des considérations de la population et des groupes d’experts », a mentionné David Birnbaum, vice-président de la Commission.
« Dans le but de mieux respecter les volontés des personnes atteintes de troubles neurocognitifs, nous avons conclu que les personnes aptes, qui seront ultimement en situation d’inaptitude, devraient être en mesure de formuler une demande anticipée d’aide médicale à mourir à la suite de l’obtention d’un diagnostic », a commenté notamment Vincent Marissal, député et membre du comité directeur de cette commission.
Témoignage touchant
Monsieur Bérubé a été interrogé sur sa position à ce sujet dans un point de presse à l’Assemblée nationale, ce matin. Son témoignage a été très touchant, car il a rappelé que son père aujourd’hui décédé avait été atteint de la maladie d’Alzheimer.
« Je suis tellement, mais tellement, d’accord avec le consentement anticipé. Depuis que je fais de la politique, ça fera 15 ans au printemps, c’est l’enjeu qui me touche le plus et qui me déchire le plus, pour l’avoir vécu avec mon père. Il avait de la dégénérescence, il avait la maladie d’Alzheimer à travers ça; les diagnostics ne sont jamais clairs. Si mon père avait pu choisir, il aurait certainement signé un formulaire lui permettant d’avoir accès à une mort anticipée », mentionne monsieur Bérubé.
Pour lui-même
« C’est ce que je souhaite pour moi-même. J’en ai justement parlé à ma conjointe, cette semaine, parce qu’il y a beaucoup d’antécédents dans ma famille. On a eu cette discussion-là. À 46 ans, j’ai déjà cette discussion. On ne sait pas quand ce mal peut frapper. Alors, s’il y a un enjeu sur lequel je n’ai aucun doute, aucune ambiguïté… de toute façon, ce sont les gens qui décident pour leur vie. Vous ne pouvez pas savoir comment ça me touche, cet enjeu. Alors, je l’ai lu, le rapport, et j’ai pleuré, à la fin. J’ai pleuré, parce que c’était notre histoire de famille et ce sera peut-être la mienne, éventuellement », confie Pascal Bérubé.
Laisser les gens décider
« Je vais assurément voter –si ça devient une loi dans le sens du rapport- je vais assurément voter pour. Je voudrais rappeler aux gens qui ont des doutes à ce sujet : laissez les gens décider pour leur vie. Je me souviens d’avoir eu une discussion avec une religieuse de la circonscription : « monsieur Bérubé, vous ne pouvez pas voter pour la loi, c’est la loi de Dieu. » Bien, la loi de Dieu s’appliquera à vous selon vos croyances. Il y a des gens qui souffrent. »
« Je suis touché en plein cœur et je suis totalement en faveur (des recommandations du rapport) », ajoute monsieur Bérubé.
« On est rendu à quatre ou cinq personnes affectées, dans la famille. J’ai passé des tests pour savoir si j’ai des prédispositions. Ça pourrait devenir mon histoire, éventuellement. C’est l’histoire de combien d’autres familles? Il y a encore des tabous », a également mentionné le député de Matane-Matapédia.
On peut prendre connaissance de l’ensemble de son intervention dans la vidéo ci-dessous.