Des marchands s’ennuient de leur association
La fusion avec la Chambre de commerce remise en questionLa fusion entre l’Association des marchands de Rimouski et la Chambre de commerce et de l’industrie de Rimouski-Neigette, survenue il y a cinq ans, ne serait pas complètement acceptée par un certain nombre de commerçants.
C’est ce qui ressort notamment de commentaires reçus par le Journal Le Soir dans les dernières semaines, alors que nous abordions des sujets en lien avec le projet municipal de remise en valeur du centre-ville. Les dossiers de la démolition de la Grande Place et de son projet de remplacement, de la nouvelle vocation de la Place des Anciens combattants et de la situation du stationnement au centre-ville ont suscité beaucoup de réactions. On observe des divergences de vues.
La Ville a annoncé lors du dépôt de son plan d’action 2022, qu’à la suite d’un sondage, elle installera un nouveau mobilier urbain dans le centre-ville. Un budget de 700 000 $ a été offert à la Ville par le biais d’un programme provincial. Cette décision ne semble pas plaire à tous les commerçants membres de la Chambre, selon ce que nous avons constaté. Un autre projet, de type dollar symbolique de fidélisation, avait aussi été envisagé.
La « carte à puce »
Ce qui nous rappelle que l’Association des marchands de Rimouski avait mis au point, il y a une vingtaine d’années, une carte de fidélisation qui se voulait originale. La « carte à puce » des marchands de Rimouski permettait d’emmagasiner des dollars virtuels accumulés et échangeables chez un marchand membre en dollars courants, à l’aide d’un terminal commun.
Le restaurateur Jean-Yves Beaulieu, un ancien président de l’Association des marchands, est l’un de ceux qui déplorent la perte d’identité de celle-ci à travers la Chambre de commerce.
« Il y a une chose au moins qui était claire dans le temps, avec la Chambre, c’est qu’on savait qu’elle était là pour faire les pressions politiques, alors que l’Association était là pour les services aux commerçants membres. Je n’ai aucun problème à en parler : je trouve que la Chambre ne fournit pas assez de services sur des activités un peu plus au quotidien comme des regroupements d’assurances, des services de messagerie, les frais d’essence; je ne vois plus rien de ça. »
« Les mains dedans »
« Pis, dans le temps, je disais aussi que la Chambre était une affaire de gens d’affaires en cravates et que l’Association était pour les entrepreneurs qui ont « les mains dedans ». Là, je regarde le conseil d’administration et je pense qu’il n’y a qu’un seul commerçant, le président. Puis je n’ai rien contre tout ce que la Chambre peut nous apporter de positif en s’occupant de l’autoroute 20, du port de mer, de la marina, des dossiers qui relèvent du politique. Je pense aussi à tout ce qu’il y a d’initiatives touristiques, mais ce n’est pas le rôle d’une association de marchands. Par contre, avec une association des marchands, on pourrait se regrouper contre les frais de crédit astronomiques qu’on paie de nos jours, sur les cartes de crédit. C’est faramineux », commente Jean-Yves Beaulieu.
« Trop de chapeaux »
Un autre ancien président, André Lévesque, ajoute : « La Chambre de commerce ne pourra jamais être aussi près des marchands que leur association pouvait l’être. Il y a trop de chapeaux à porter en même temps. Nous autres, on était plus « de terrain » et eux autres sont plus « de bureau ». Et je suis d’accord avec Jean-Yves sur le fait que la Chambre, c’était pour les pressions, et l’Association, c’était pour les services aux membres. »
Toujours à l’écoute
Le président de la Chambre, Guillaume Sirois, et le directeur général, Jonathan Laterreur, se disent à l’écoute de toute demande ou doléance.
« On est content d’avoir de leurs nouvelles. On aimerait qu’ils nous expriment leurs doléances de vive voix. On a toujours l’excellence comme objectif. Il faut y travailler tous les jours et il faut qu’on se parle à l’assemblée générale annuelle. On a plus de 100 apparitions dans divers médias régionaux et nationaux dans la dernière année. Si on fait une moyenne, ce sont environ deux interventions par semaine. Il est évident que ce n’est pas le genre de visibilité que l’Association des marchands aurait pu obtenir. Il faut retenir que 90% de ces interventions avaient pour but la défense des intérêts des commerçants », dit monsieur Laterreur.
« Par ailleurs, concernant le projet pour le centre-ville, nous ne sommes pas contre le mobilier urbain, mais sur une enveloppe de 700 000 $, ça aurait été « le fun » qu’il y en ait directement aux commerçants. Selon le libellé de l’entente, le but de la subvention est d’assurer une relance forte des commerces au centre-ville. Le mobilier urbain en fait partie, c’est certain, mais il devrait y avoir d’autres aspects. »
Campagne de Noël
La dernière campagne de Noël « Fièrement local » de la Chambre était aussi un soutien direct aux commerçants. « Y a-t-il un seule Rimouskois qui n’ait pas vu notre publicité des Fêtes? Celle-ci a connu beaucoup de notoriété cette année et le volet des certificats-cadeaux vendus par la Chambre aussi. Ça fait deux ans d’affilée qu’on arrive à réunir le financement nécessaire à l’achat de 10 000 $ d’achats directement chez les commerçants. Ceci en plus de l’argent qu’on investit dans la campagne de publicité. »
Projet intéressant
La Chambre de commerce prépare justement, par ailleurs, une surprise à ses membres, en lien avec la gestion des cartes de crédit. « Un projet qui nécessite des discussions depuis un an. Nous en sommes presque sur le point de le dévoiler et de lancer notre campagne pour aider nos marchands », laisse tomber monsieur Laterreur.
Nuances
Le maire de Rimouski, Guy Caron, a apporté des nuances sur l’utilisation du fameux octroi de 700 000 $ pour la relance du centre-ville, à l’issue de l’assemblée du conseil municipal, lundi dernier.
« Pour répondre au programme du gouvernement du Québec, il faut un plan d’action. Le remplacement du mobilier urbain fait partie du plan d’action que nous allons déposer dans le cadre de ce programme, qui va nous permettre de contribuer à revitaliser le centre-ville. Le ministère de l’Économie et de l’Innovation va déterminer si le plan proposé répond aux critères qu’ils ont mis de l’avant », a dit monsieur Caron.
Le directeur général, Marco Desbiens, ajoute que le plan a été élaboré, mais doit encore être adopté: « Il y a eu un sondage auprès des citoyens et une consultation auprès de différents partenaires, l’automne dernier. Plus techniquement, le choix du mobilier n’est pas fait encore. On attend que notre plan d’action soit approuvé avant d’enclencher les prochaines étapes. »