Encore beaucoup à faire pour le soutien à domicile
Le réseau des entreprises d’économie sociale d’aide à domicile (EÉSAD) estime que les mesures annoncées dans le dernier budget Girard et celles du plan de rétablissement du système de santé ne sont pas à la hauteur de l’ambition affichée par le gouvernement afin de réaliser un virage majeur vers le soutien à domicile.
Les EÉSAD notent cependant l’ajout de ressources financières et souhaitent être impliquées.
Des aînés invisibles
Pour le réseau, il est important de nuancer le discours du ministre des Finances qui évoque « près de 3 milliards de dollars dans les soins à domicile » annoncés depuis 2018. Année après année, la grande majorité du budget en soutien à domicile est consacrée aux seuls 5 % d’aînés qui vivent en résidences privées pour aînés (RPA).
« Tant que l’on se ferme les yeux sur l’existence des 90 % d’aînés à la maison, majoritairement des femmes vivant seules et disposant de faibles revenus, on ne parle pas sérieusement d’un virage. Il faut absolument adopter des mesures structurantes pour leur permettre de vivre chez elles dans la dignité », déclare J. Benoit Caron, directeur général du Réseau de coopération des EÉSAD.
Ce n’est pas un virage vers le soutien à domicile
« Faire un pas dans la même direction depuis des années ne constitue pas un virage, quelle que soit la taille du pas. Le véritable problème, c’est que nous n’avons même pas de direction. Tout le monde parle de soutien à domicile, mais personne ne se parle ni ne se coordonne. Sans objectifs communs, nous avançons à l’aveuglette », se désole monsieur Caron.
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre où chacune des ressources est une denrée rare, il faut se doter d’un plan concerté entre le réseau public et les partenaires, tant à l’échelle nationale que régionale. Selon les EÉSAD, ce plan doit s’articuler autour de trois priorités : rendre les services accessibles à toutes et tous, renforcer l’offre de soins, et améliorer les conditions de travail des aides à domicile.
Chez soi pour la vie
Le Réseau de coopération des EÉSAD « tend la main au gouvernement et souhaite être impliqué dans les travaux de la Commissaire à la Santé et au Bien-être. Puisqu’il veut se doter d’un plan et qu’il prétend faire les investissements nécessaires, il faut maintenant qu’il accepte de discuter sérieusement de la volonté des aînés qui souhaitent rester chez eux pour la vie, et des solutions les plus efficaces pour leur permettre d’avoir ce droit qui, à l’heure actuelle, est inaccessible. »
« Le milieu connaît les solutions, le réseau public est conscient de ses propres limites et le ministre de la Santé et des Services sociaux veut annoncer un plan pour rétablir le système de santé : il serait impensable de rater cette occasion. On peut dès maintenant changer les choses si on nous laisse partager 25 ans d’expertise et d’implication partout au Québec », affirme pour sa part Martin-Charles St-Pierre, président du Réseau de coopération des EÉSAD.
Profil
Les entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD) sont des initiatives citoyennes et communautaires prenant en charge collectivement des besoins non comblés. Les EÉSAD sont présentes dans les 17 régions administratives du Québec. Elles offrent plus de 7 millions d’heures de services à plus de 100 000 personnes.
Les EÉSAD emploient plus de 9 400 personnes, dont près de 9 000 aides à domicile possédant les compétences et l’expertise requises afin d’assurer un soutien et des services à domicile de qualité aux citoyens qui en ont besoin. Coup de main à domicile, de Rimouski, en fait partie. Le mémoire présentant l’intégralité des recommandations des EÉSAD est disponible sur demande.