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Le maire met en doute la bonne foi des entrepreneurs

Surface de dek hockey au centre-ville
Le maire de Rimouski, Guy Caron (Photo courtoisie Ville de Rimouski)

Le conflit ouvert entre les propriétaires de Centre Sports JMD qui opèrent une surface de dek hockey sur le toit d’un immeuble, dans le district Saint-Germain, et la Ville de Rimouski, ne semble pas en voie de s’éteindre.

À l’issue d’une assemblée houleuse, où les défenseurs de Centre Sports JMD se sont présentés en grand nombre pour appuyer le maintien des opérations malgré les plaintes de citoyens, les deux parties ont mis fin aux discussions en se disant « qu’il faudrait bien se parler ». Un intervenant a même proposé d’agir comme médiateur après des discussions interminables. L’assemblée du conseil s’est terminée vers 23 h. On aura consacré environ 90 minutes au dossier de la surface de dek hockey. Celle-ci a été installée il y a deux ans sur le toit d’un édifice.

Tourne au vinaigre

La conclusion semblait positive, mais l’affaire a l’air de tourner au vinaigre, ce matin. En entrevue avec le Journal Le Soir, le maire n’apprécie pas que la campagne de dénigrement de la Ville des derniers jours, orchestrée par des usagers de la surface et des propriétaires, se soit poursuivie après l’assemblée. Il s’attendait à ce que les mécontents adoucissent le ton pour faire preuve de bonne volonté.

« Ce ne sont pas les propriétaires de la surface qui ont encouragé le dialogue, ce sont des usagers et des organisateurs et j’étais d’accord avec eux. Par contre, on a vu une reprise du dénigrement sur la page Facebook d’un des propriétaires dès minuit trente », déplore monsieur Caron.

Ce dernier a expliqué notamment lors d’une assemblée de consultation, dans le cadre de la réunion ordinaire, que lorsque le permis de modification de l’édifice a été délivré, les activités qu’on pratiquerait sur le toit n’avaient pas à être précisées, ce qui fait qu’on s’est « réveillés » avec un fait accompli. Au point où des constats d’infraction pour bruit excessif ont été remis aux propriétaires.

« Pas en URSS »

« Je ne m’étais pas trompé…ouf quelle journée. Aujourd’hui, j’ai assisté à une démonstration d’un politicien tentant d’expliquer l’inexplicable… empruntant des raccourcis pas toujours légitimes (…) Je crois vraiment que nous trouverons une solution, mais non, ce n’est pas facile de se faire traiter comme des bandits … des perturbateurs alors que nous permettons à tant de personnes à (de) pratiquer un sport pour la santé et le plaisir, leur passion …. oui, le plus gros regroupement de sportifs à Rimouski… Nous ne sommes pas encore en URSS… le peuple va parler… va se soulever. Tu peux encore signer la pétition ici… Comme le maire lit vos commentaires, n’hésitez pas à « en mettre »… tout cela de manière civilisée, bien sûr… ceux des personnes habitant près des installations sportives municipales seraient un « must »! Encore merci à tous du « support » », a inscrit un des propriétaires de Centre Sports JMD, Guylain Dupuis, sur sa page Facebook.

Mise en demeure

Rappelons que les hommes d’affaires Guylain Dupuis, Gino Cloutier, Sylvain Michaud et Frederick Poirier, de Centre sports JMD / Passion Hockey, sont en beau fusil contre la Ville de Rimouski qui menacerait de leur retirer le droit de disputer des parties de dek hockey sur le toit d’un immeuble.

Ils ont reçu une mise en demeure en ce qui concerne les activités pratiquées sur le toit du 204, rue Tessier, qui ont suscité des plaintes de voisins qui trouvaient le bruit excessif, dans les deux districts contigus, Saint-Germain et Saint-Robert. Nous rapportions le mécontentement des quatre entrepreneurs dans un article publié hier. Aujourd’hui, c’est monsieur le maire qui est très mécontent.

Constance et cohérence

Selon monsieur Caron, l’opinion publique qui semble pencher en faveur des entrepreneurs et des usagers ne doit pas avoir d’impact sur les décisions de la Ville.

« Tout le monde peut demander des exemptions, parce que tout le monde a de bonnes raisons d’en demander, mais la constance et la cohérence de nos décisions sont des principes qui relèvent du devoir de la Ville. On ne peut pas commencer à dire aux uns « on vous aime, on va vous arranger ça », et aux autres « on ne vous aime pas, vous n’auriez rien! » Ça ne fonctionne pas comme ça! On les a laissés faire leur campagne de dénigrement depuis plus d’une semaine, sans trop parler, mais honnêtement, ce qui m’horripile, c’est qu’ils prétendent qu’ils sont prêts à faire des compromis, mais que la Ville ne veut rien savoir, et c’est faux! »

La surface est sur le toit de l’édifice du 204 rue Tessier. (Photo: courtoisie)

« C’est ce qu’on dit sur les médias sociaux. La Ville ne veut pas faire de compromis, la Ville refuse, la Ville envoie une mise en demeure. La mise en demeure était là parce qu’il n’y avait aucune réponse à nos demandes de base, qu’on a ignorées depuis un an. L’été passé, des citoyens ont demandé à la Santé publique de s’en mêler et on a constaté qu’il y avait une situation au sujet de laquelle la Ville a une responsabilité. On a fait des tests de son. La Ville a contacté Centre de Sports JMD pour convenir qu’il fallait faire des tests de son. Normalement, c’est l’entreprise qui paye pour ces tests. On a proposé malgré tout d’en payer la moitié par le biais de la Société de promotion économique. Ça prenait des tests de son pour connaître l’étendue du problème », explique Guy Caron.

Tests faussés

« Au début de la tenue des tests de son, nous avons appris que l’entreprise avait écrit à ses usagers pour leur dire de réduire volontairement le bruit. Nous aurions eu besoin de tests dans des conditions de jeu normales; pas dans des conditions modifiées. En second lieu, un des propriétaires lui-même est allé placer un capteur de mesure, à un seul endroit, dans la résidence d’un particulier. C’est le seul test qu’ils ont fait et ce n’était pas à l’extérieur. Nous avions demandé d’approuver le mandat donné à la firme qui prend les mesures, ce qui n’a pas été le cas. Les entrepreneurs ont plutôt fait ça de leur côté, sans nous en parler », affirme monsieur Caron.

Contestation

« Les tests ont donc été falsifiés par rapport aux conditions normales de jeu. On a revu les propriétaires en septembre, pour leur dire que les tests n’étaient pas valides et qu’il fallait en refaire. Ils ont alors décidé qu’ils cessaient les échanges et qu’ils allaient sortir publiquement, en faire un enjeu politique de la dernière campagne électorale. Dès que ça devient politique, l’appareil municipal ne peut plus rien faire, car ce n’est plus du ressort administratif. Ensuite, la Ville n’a plus entendu parler d’eux, jusqu’au lendemain de leur comparution à la Cour municipale pour contester leurs avis d’infraction. Le lendemain, comme par hasard, un des propriétaires voulait me voir. Il nous a dit qu’il était prêt à reconsidérer les choses, à mettre une surface au sol », se souvient le maire.

« Entretemps, on leur avait envoyé une lettre le 8 février, qui disait qu’ils avaient besoin de procéder à des tests et qu’il fallait trouver des solutions, car c’était leur responsabilité. On leur a donné jusqu’au 10 mars pour embaucher une firme. On voulait ratifier le mandat et leur dire que les tests devaient être faits dans les 21 jours précédant le début de leurs activités. Rendu au 15 mars, quand l’un des propriétaires a demandé une rencontre, on lui a dit qu’il fallait répondre à la lettre, qu’ils avaient une date limite pour nous répondre. Il nous a dit qu’il était prêt à considérer de déménager la surface au niveau du sol. On lui a dit que nous avions besoin d’une réponse écrite », renchérit monsieur Caron.

Rien à faire

« On a eu une réponse qui disait que les entrepreneurs ne pouvaient pas investir dans des tests ou dans des aménagements sans avoir de garanties de la part de la Ville. En résumé ça voulait dire : « si on fait ça, on ne veut plus de constats. » Cela équivaudrait à une permission de la Ville accordée à des entrepreneurs d’enfreindre la réglementation! On a envoyé une mise en demeure, mais cette mise en demeure disait exactement ce qu’on a dit dans la lettre précédente. Ce n’est qu’une façon un peu plus forte de procéder. Ils se sont insurgés et ils ont alors décidé de monter cette campagne. La solution viendra quand les propriétaires nous dirons : « on admet nos torts; on est pour de bonnes relations avec le voisinage et on va essayer de voir ce qu’on peut faire avec la Ville ». Présentement, ce n’est pas le message qu’on entend; c’est plutôt « On va forcer la Ville à nous permettre de ne pas respecter la réglementation » », déplore le maire rimouskois.

Pas le couteau sur la gorge

Guy Caron soutient qu’il n’a pas l’intention de négocier avec le couteau sur la gorge : « On peut se parler, mais ce n’est pas parce que la saison ouvre dans trois semaines qu’on va se hâter de conclure une entente. Ils ont des options, mais ils n’en parlent pas. Ils ont une surface à l’intérieur et ils peuvent s’en servir temporairement. Mais il semble finalement que le choix qu’ils font est de jouer à l’extérieur et qu’ils ne veulent faire aucun compromis sur ce choix. »

Version simpliste

Guy Caron est vraiment contrarié, comme on l’a rarement vu dans un rôle d’élu.

« Ce n’est pas vrai que ce sont trois ou quatre citoyens qui se plaignent. Ça se rend jusqu’à la rue Michaud. Il y a des plaintes qui viennent de la rue Saint-Jean-Baptiste. Le problème, c’est que c’est constant. Ce n’est pas que le niveau de bruit. C’est six jours par semaine et ça joue sans interruption de midi à 22 h 30, toujours à l’extérieur. On ne peut pas comparer ça aux activités proposées par la Ville, comme les piscines et les terrains de balle, qui sont encadrées et occasionnelles. On a différentes choses à faire, mais la première c’est de vérifier savoir si les plaintes est fondées. »

« Pour ça on a besoin d’une étude acoustique en bonne et due forme. On n’agit pas par caprice, mais parce qu’on a des responsabilités. Si on nous empêche de le faire, la question ne peut pas être résolue. Ce n’est pas parce qu’on veut empêcher les enfants de jouer. Ça c’est la version simpliste des propriétaires. Ce n’est pas une situation qui va se régler à coups de pétition. Il faut connaître la source et l’étendue du problème », estime enfin monsieur Caron.

Bâtons dans les roues

« Nous avons toujours été conciliants et collaborateurs et pourtant les autorités municipales n’ont cessé de nous mettre des bâtons dans les roues, pour mille et une raisons. Nous respectons le fait que des citoyens puissent se plaindre, mais que l’oreille et que les actions sont toujours  notre fardeau est, avouez-le, assez questionnable. Plutôt que nous aider à aller de l’avant vous nous enverrez une mise demeure. Un simple texto ou un coup de fil nous indiquant les étapes à suivre et votre soutien aurait témoigné d’un minimum de considération pour notre entreprise », mentionnent les entrepreneurs dans leur lettre à la Ville, dont nous avons obtenu copie.

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