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L’héritage d’un prêtre valeureux

Ernest Lepage et l’entrée du parc à son nom. (Photos: BAnQ-Université Laval/ YouTube-Vivre et explorer)

On l’a longtemps appelé le Parc Lepage, mais sa dénomination officielle a changé l’automne dernier, pour devenir le Parc Ernest-Lepage.

(Collaboration spéciale Bruno Saint-Pierre)

Cette dénomination souligne l’apport exceptionnel d’un prêtre et botaniste rimouskois à la botanique. En fait, la dénomination de ce parc urbain au centre-ville de Rimouski n’avait jamais été officialisée auprès de la Commission de la toponymie du Québec. Le conseil municipal de la Ville de Rimouski a corrigé l’oubli le 7 octobre dernier.

Le Journal Le Soir mentionnait hier que la Ville a l’intention de mettre les efforts nécessaires pour répondre à des problèmes de sécurité, notamment, afin au regain d’intérêt des Rimouskois pour cet espace vert (voir en vidéo). Les citoyens se sont réapproprié le parc pendant la crise sanitaire. Alors, aussi bien connaître l’histoire qui y est rattachée.

L’abbé Ernest Lepage (Photo: BAnQ-Fonds J. Gérard Lacombe))

Parcours

L’abbé Ernest Lepage est né le 1er juin 1905. Fils de cultivateur, il fait son cours classique et ses études en théologie aux Petit et Grand Séminaire de Rimouski. Il sera ordonné prêtre en 1929. Après un séjour comme vicaire à Saint-Moïse, il fait des études en agronomie à La Pocatière. De retour à Rimouski en 1936, l’abbé Lepage enseignera pendant un quart de siècle à l’École moyenne d’agriculture. Il sera ensuite curé de Saint-Simon, de 1961 à 1975.

Du Labrador à l’Alaska

Mais c’est surtout par ses travaux sur la flore, des côtes du Labrador à l’Alaska, que l’abbé Ernest Lepage se distingue. Son intérêt pour la botanique remonte au début de son cours classique. Il va s’intéresser tout particulièrement aux mousses et aux lichens. Peu de botanistes étudient ces plantes dans les années 30.

Dans sa thèse de maîtrise à l’Université Laval, il écrit « l’étude de la Bryologie a été considérée, depuis toujours, comme l’apanage de quelques originaux un peu barbus qui ont du temps à perdre autour des marécages et sur les rochers mousseux. »

300 nouveaux spécimens

Ernest Lepage sillonne d’abord l’Est-du-Québec à la recherche de mousses et de lichens. Il recueille dans son herbier entre 200 et 300 nouveaux spécimens par année de Montmagny à Québec, dans la région de Rimouski et en Gaspésie. En 1943, il rencontre un ancien élève de l’Institut agricole d’Oka, le père Arthème Dutilly.

De la Baie d’Hudson à celle d’Ungava

Ce sera le début d’une longue collaboration. Les deux chercheurs multiplient les expéditions botaniques entre 1944 à 1964 à la baie James, à la baie d’Hudson et à la baie d’Ungava. Ils descendent de nombreuses rivières du Nouveau-Québec et explorent aussi le Labrador et la région de Schefferville, pour un total de 7500 kilomètres en canot. L’herbier de l’abbé Lepage, qu’il a légué à l’Université Laval, compte entre 25 et 30000 plantes, dont de nombreux spécimens rares.

Il les a identifiées, classées et décrites dans de nombreuses publications scientifiques. Six plantes portent d’ailleurs son nom. Parmi les nombreuses distinctions qui lui ont été remises, mentionnons la médaille Marie-Victorin en 1977 pour services rendus à la botanique, l’Ordre du mérite des Agronomes et un doctorat honorifique de l’Université du Québec à Rimouski.

Une réserve à son nom

L’abbé Ernest Lepage est décédé le 4 janvier 1981. En Gaspésie, une réserve écologique située en territoire montagneux à l’Ouest de la Petite rivière Cascapédia Est, au Nord-Est de New Richmond porte aussi son nom.

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