Pour des chats avec des besoins différents
Le Centre de services animaliers de Rimouski (CSAR) possède un programme de chats de ferme qui s’affaire à l’adoption de chats sur des fermes, plutôt que dans des maisons.
Il s’agit d’un programme plutôt méconnu dont le CSAR n’utilise qu’en de rares occasions. Cependant, son existence est une source de questionnement pour la population. Afin de faire la lumière sur ce programme, Le Journal Le Soir a conduit une entrevue avec la directrice générale du CSAR, madame Jeanne Mercier.
Un programme pour très peu de chats
Tout d’abord, il est important de savoir que ce ne sont pas tous les chats qui se qualifient pour ce programme.
« Dès que le chat arrive au CSAR, on lui fait faire ses soins vétérinaires, mais on lui fait aussi passer un test de comportement, pour voir si l’animal s’adapte bien dans une famille. Souvent, 99 % de nos chats sont capable de vivre dans des domiciles, parce qu’ils ont été trouvés dehors, qu’ils ont été abandonnés volontairement, ou que des gens sont venus nous les porter, mais il arrive qu’il y ait des chats errants, qui n’ont jamais vécu dans une maison, pour qui ça peut prendre des années à les socialiser », explique Jeanne Mercier.
« Ce sont vraiment des chats qui ne cohabitent pas avec l’humain, qui ne souhaitent pas non plus vivre à l’intérieur et qui sont difficilement approchables. Ça fait des chats qui sont dans nos programmes d’adoption pendant un long moment. On en vient à se demander si ces chats en question seront vraiment heureux dans une maison et si non, c’est là qu’on en vient à les placer sur le programme des chats de ferme. »
Des adoptions encadrées
Les chats qui se qualifient pour ce programme disposent tout de même d’un certain encadrement quant au processus d’adoption.
« Tous nos chats de ce programme sont stérilisés, micropucés, vaccinés et vermifugés, comme ça ils peuvent vivre sur une ferme ou une écurie sans se reproduire et avoir des bébés. Ils pourront aussi chasser la vermine des fermiers et des gens qui ont besoin de chats dans leur milieu de travail. C’est un contrat d’adoption que l’ont fait signer, il n’y a donc pas de frais. L’adoption est à 0$. On suggère un don volontaire pour couvrir les coûts parce que nous payons les soins de ces animaux, mais il y a certains critères à respecter.
Ces critères sont :
- Que le terrain n’a pas d’historique de prédation (de coyotes) ;
- Que les chats adoptés aient accès à un refuge qui sera isolé, un milieu où il y aura de la chaleur. Ça peut être dans la ferme ou dans un autre endroit de l’établissement, où les chats pourront dormir pendant la nuit ;
- Que ce soit sécuritaire ;
- Que les chats aient accès à de l’eau et de la nourriture tous les jours ;
- Que les chats aient accès à des soins médicaux, comme les vaccins et les vermifuges qui doivent être renouvelés chaque année ;
- Que les chats disposent d’une période d’adaptation, de deux à quatre semaines, dans la ferme, pour s’acclimater, afin d’éviter que les chats soient désorientés lors de l’arrivée et ainsi réduire les risques de fuites, afin qu’ils se sentent déjà chez eux.
Un programme qui suscite l’émoi
Si le programme fait l’objet d’un encadrement strict, il arrive que des personnes qui n’en connaissent pas les modalités soient inquiètes du bien-être des chats concernés.
La directrice du CSAR répond à ces inquiétudes : « Ce sont vraiment des chats qui sont qualifiés pour être sur le programme des chats de ferme, dans le sens où ce ne sont pas des chats de maisons qui vont être sociables, qui vont vouloir aller vers l’humain. Ce sont des chats qui vont être hyper craintifs de l’humain, voire même être sauvage. Souvent c’est ce qu’on voit dans des colonies de chats errants : ça fait plusieurs années qu’ils sont errants, on essaie de les emmener dans une maison, ils attaquent, ils chargent les humains, ils se cachent dans des coins et n’en sortent pas, donc c’est vraiment des chats qui sont malheureux. »
Pour donner une chance à tous les chats
Elle explique que les chats, qui ne se qualifient pas pour vivre dans des maisons, peuvent se retrouver en attente d’une adoption pendant de longues années.
« Étant un refuge qui est sans euthanasie non essentielle, c’est sûr qu’on ne peut pas faire euthanasier ces chats-là. Et souvent, les gens qui s’en offensent seraient les derniers à vouloir les adopter. Plutôt que de les laisser en attente d’une adoption pendant des années, pour que finalement ils ne soient jamais adoptés, on les place dans une ferme où ils vont être heureux, où ils pourront aller à l’extérieur, chasser – parce que c’est connu que les chats sont des chasseurs – donc ces chats sont heureux de se retrouver dans ce programme et en même temps ça permet d’avoir un taux de roulement parce qu’on parle de ce programme, mais c’est très rare que nous ayons des chats qui s’y qualifient. On en a eu peut-être cinq depuis le début de l’année qui ont été adoptés dans ce programme par des fermiers. »