Un million$ pour la « tasser »
Martine Ouellet déterre de vieux souvenirsLa cheffe du parti Climat Québec, Martine Ouellet, déterre de vieux souvenirs et affirme que des intérêts économiques ont tenté de l’intimider en étant prêts à y consacrer jusqu’à 1 M$ alors qu’elle était ministre des Ressources naturelles dans le gouvernement minoritaire de Pauline Marois (2012-2014).
Madame Ouellet, qui a été députée de 2010 à 2018, sera à Rimouski dimanche pour confirmer la candidature de celui qui défendra les couleurs de Climat Québec le 3 octobre, à Rimouski, Pierre Beaudoin.
« Le problème pour résoudre la question du climat n’est pas financier, ni technologique, il est politique. C’est un manque de volonté politique et c’est une beaucoup trop grande proximité des élus avec les gros lobbys. C’est ça le vrai problème », lance Martine Ouellet en entrevue exclusive au Journal Le Soir cet après-midi.
« Pour me tasser »
« Je sais de quoi je parle, les compagnies minières ont mis 1 M$ pour me tasser, sans réussir à le faire, quand j’étais ministre des Ressources naturelles. Ça n’a pas été publié au Québec, mais ça a été publié à Toronto. Je peux dire, en fait, que je n’ai pas été surprise quand j’ai appris ça, car « ils » ont été très présents et très agressifs dans la période à laquelle je fais référence. « Ils » ont été très présents auprès d’autres ministres et auprès de la fonction publique. »
« La première ministre a choisi »
« « Ils » ont même été très présents auprès de la première ministre. C’est sûr qu’il y avait du monde payé pour essayer de m’empêcher de réaliser la réforme sur les mines et les redevances. Pour la Loi sur les mines, j’ai réussi, mais pour les redevances, la première ministre a plutôt choisi un scénario beaucoup plus « fluide » pour ne pas utiliser d’autres mots; un scénario du ministre des Finances. Il y avait le scénario de la ministre des Ressources naturelles et il y avait le scénario du ministre des Finances et c’était la prérogative de la première ministre de choisir le scénario qui lui convenait. Elle a choisi le scénario le plus favorable à l’industrie », se souvient-elle.
Motivée
Ayant souvent fait face à la critique pour ses prises de positions tranchées, Martine Ouellet a quand même une flamme intérieure qui la motive à continuer de s’impliquer en politique.
« Après 2018, j’ai pris du recul. On a regardé un peu ce qui se passait et la crise climatique s’intensifie –on le voit avec les chaleurs extrêmes- ce qui fait qu’on voit aujourd’hui des tornades au Québec, ce qu’on ne voyait pas auparavant. Sans compter les températures extrêmes, la sécheresse, les inondations, tout ce qui s’intensifie. Et les mauvaises décisions qui sont prises. Un projet comme le troisième lien à Québec, ça n’a pas de foutu bon sens », croit la cheffe de parti.
Plus facile au Québec
« Ça va juste empirer la crise, alors qu’il faut plutôt prendre des décisions pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Au Québec, c’est probablement plus facile qu’ailleurs d’agir, car nous avons de l’énergie verte en abondance. On peut se débarrasser du pétrole et du gaz. Si certains croient que le gaz est moins polluant, celui du Québec l’est énormément, car c’est du gaz produit par la fracturation hydraulique (NDLR : en faisant « exploser » des couches terrestres) », remarque madame Ouellet.
« On est capables, à cause de notre électricité verte, à cause de notre électricité verte; on peut aussi avoir recours à la géothermie. On en a des alternatives. On a une forêt extraordinaire et si on la protège mieux, on va pouvoir faire de la séquestration du carbone. On a tout ce qu’il faut pour réussir. Sinon, ailleurs, dans un endroit comme ici, quelqu’un va le faire avant nous. On pense que c’est par la politique qu’on peut intervenir et c’est par là qu’on s’en va », conclut-elle.
En avril dernier, lors de l’élection partielle de Marie-Victorin, Martine Ouellet représentait son nouveau parti et s’est classée en sixième position avec 1,90 % des votes.