Rimouski privé de son seul journal papier
Le journal L’Avantage n’a pas été imprimé ni distribué, cette semaine.Pour une première fois depuis plusieurs décennies, Rimouski voit le seul journal hebdomadaire qui lui reste interrompre une parution.
Le journal L’Avantage, seul survivant de la transaction entre Québécor et Transcontinental en 2014, n’a pas été imprimé ni distribué, cette semaine.
Une annonce parue dans l’édition de l’Avantage du 28 décembre prévient les lecteurs de cette interruption.
Bien qu’il soit normal pour la plupart des entreprises et organismes de prendre une pause durant les Fêtes, la tradition voulait que même à l’époque de la concurrence entre L’Avantage et le Progrès-Écho et Le Rimouskois, les journaux paraissaient durant les Fêtes.
Présence
« Pendant toute ma carrière comme journaliste et éditeur, on a toujours publié les journaux peu importe la période de l’année. Même lorsque j’ai commencé à Amqui, dans le temps, il n’était pas question de ne pas sortir. À nos yeux, c’était important parce qu’il fallait envoyer le message que nous étions toujours présents. On voulait assurer une continuité pour nos marchands et nos lecteurs. C’était le but, d’assurer la continuité de l’information », commente l’ancien éditeur du Rimouskois et du Progrès-Écho, Alain Saint-Amand.
Si la cathédrale brûle…
« On était toujours prêt au cas où il y aurait un événement majeur. Comme disait le rédacteur en chef, Ernie Wells : « Si la cathédrale passe au feu, va falloir être là! ». C’était la réalité et c’était ce qu’on voulait : assurer une continuité dans l’information. Ce n’était pas une question de profitabilité, car du côté commercial, c’était la période la plus tranquille de l’année après Noël. »
« Demandez à n’importe quel éditeur du Québec et il vous le dira. Je ne me souviens pas d’avoir vu ça. En plus, il y a un aspect important, c’est la distribution. Les camelots et les distributeurs avaient des ententes à l’année et on ne jouait pas avec la distribution », ajoute-t-il.
Même chose à l’Avantage des dernières années, où notre collègue journaliste René Alary a été chef de contenu. René ne se souvient pas d’avoir vu le journal manquer une semaine de publication et de distribution. « L’Avantage a toujours été publié », indique-t-il.
Inquiétudes des députés
La député de Rimouski et ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette-Vézina, estime que plusieurs municipalités ont un réel sentiment d’appartenance envers leur journal papier.
« Il n’est jamais bon de voir disparaitre de nos paysages visuels nos journaux locaux qui sont de puissants vecteurs d’information pour les citoyens. La vie de notre communauté rayonne à l’intérieur de ses pages. Je ne questionnerai pas le choix de ressources humaines qui a été fait, mais je tiens à rassurer mes citoyens que je suis en contact avec le cabinet de notre ministre de la Culture et des communications. Le gouvernement maintient les efforts nécessaires pour assurer le maintient des journaux communautaires dans nos régions », indique madame Blanchette-Vézina.
Pour sa part, le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a manifesté son inquiétude une première fois, il y a quelques semaines, alors que le « jumeau » de L’Avantage Rimouski, L’Avantage Gaspésie, n’a pas été publié. C’était pour la région de Matane et Sainte-Anne-des-Monts.
Aujourd’hui, c’est une autre partie du comté de monsieur Bérubé qui est affectée, La Mitis, où se rend aussi L’Avantage Gaspésien.
« J’apprends avec surprise que L’Avantage Rimouski n’a pas été publié cette semaine. L’Avant-Poste d’Amqui et L’Avantage Gaspésien n’ont pas été publiés à une reprise, ces derniers temps. Je crois que la situation a été rétablie la semaine dernière. Depuis que je suis en politique comme député (2007), c’est la première fois qu’il y a rupture de publication pour des hebdomadaires qui touchent ma circonscription. C’est préoccupant. »
« Ça tend à démontrer la fragilité financière des médias en général. J’estime que dans notre région, on a besoin d’une variété et d’une diversité d’information, notamment en presse écrite. En ce sens, notre région n’échappe pas à la vulnérabilité des médias, qui sont à la merci du marché publicitaire. René Lévesque a toujours dit que l’information rend libre, alors, nous avons perdu un peu de notre liberté, car en l’absence d’information, cela a un impact sur notre région », réagit monsieur Bérubé.
Un répit
Le chef de contenu de L’Avantage Rimouski, Charles Lepage, précise que la décision provient de la haute direction : « Le propriétaire de Médialo, Fred Couture, tenait à donner un vrai congé des Fêtes, un congé de 10 jours consécutifs, à son personnel. C’est la même chose dans les autres médias du groupe. »
D’autre part, monsieur Lepage demeure en poste jusqu’en juin. « Ce serait là le moment de la retraite. Peut-être que je resterai plus longtemps si le recrutement ne donne pas les résultats souhaités. »