« L’orignal diminue et il est minuit plus une »
Les gestionnaires de 10 territoires fauniques du Bas-Saint-Laurent et certains de la Gaspésie, s’inquiètent pour l’avenir de l’orignal et des retombées économiques de « l’or brun » en région.
En février 2022, un inventaire aérien du ministère a confirmé une baisse du troupeau. Le cheptel de la zone 2 a été 8 786 orignaux, en baisse de 4 344 orignaux, par rapport aux 13 130 individus dénombrés en 2014 avec 11,4 orignaux aux 10 km2. Le troupeau a chuté de 34% à 7,4 orignaux/10 km2. Il a déjà été de 14 bêtes aux 10 km.
« On voit une diminution évidente. C’est vraiment un signe clair qu’au Bas-Saint-Laurent, nous ne sommes plus sur un bon modèle de gestion. Nous sommes à minuit plus une », affirme le président de la Zec Bas-Saint-Laurent, président de la régionale des zecs de l’Est et vice-président provincial de ZECS-Québec, Guillaume Ouellet, en entrevue cette semaine à « Rendez-Vous Nature ».
Un cri du coeur
« On lance un cri du cœur au ministre responsable de la faune, Benoît Charette. En attendant le prochain plan de gestion, les 10 gestionnaires de territoires lèvent la main et réclament un outil pour conserver la ressource et ça passe par la protection de la femelle en 2023 », poursuit monsieur Ouellet.
Ce front commun des gestionnaires de zecs, de pourvoiries, et de réserves; non celles sous gestion de la SÉPAQ, réclament du ministre de la faune, Benoît Charrette, le maintien de la chasse restrictive du mâle orignal en 2023, comme en 2022, dans le but de protéger
la femelle reproductrice. La femelle orignal n’est pas dans la mire des chasseurs une année sur deux, selon la gestion actuelle, qui favorise l’alternance, et son prélèvement à tous les deux ans.
Or, l’actuel Plan de gestion de l’orignal 2012-2019 est échu et des informations indiquent qu’il serait prolongé jusqu’en 2025.
Bonnes jumelles
Selon la réponse du ministère obtenue par TVA Est du Québec : « Il n’y aurait pas de problématique particulière à maintenir la chasse permissive en 2023. La situation du cheptel ne justifie pas de modification d’urgence ».
Guillaume Ouellet rétorque : « C’est géré par Québec. Ça prend de bonnes jumelles pour savoir ce qui se passe dans les forêts du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Il ne faut pas oublier que 40% des orignaux de la province sont prélevés dans les Zones 1 et 2. Avec l’actuel Plan de gestion, d’une année à l’autre, on perd un orignal au km2. Allons-nous attendre d’en arriver à 5 orignaux aux 10km2 pour réagir ? ».
En plus de s’inquiéter pour la pérennité de l’espèce dans sa situation actuelle descendante, Guillaume Ouellet se préoccupe de retombées économiques de la chasse de l’orignal de 26 M$ par année.
« Nos territoires fauniques ont été bâtis et développés autour d’un cheptel orignal en santé. Allons-nous tout détruire avec un cheptel qui descend à chaque année ? ».
L’alternance n’est plus adaptée
L’habitat de l’orignal a changé, la tique d’hiver a fait des dommages, la pression de chasse a augmenté, et la pandémie a ramené des chasseurs dans la sauvagerie. L’actuel principe de l’alternance ne serait plus adapté au déclin prononcé des orignaux.
Pour renverser la vapeur, les gestionnaires de 10 territoires fauniques de la zone 2 et d’une partie de la zone 1 réclament donc la protection des femelles en 2023, comme en 2022.
Pour entendre cette entrevue réalisée dans le cadre de l’émission Rendez-Vous Nature, cliquez sur le lien ci-dessus.