Des comportements punissables par la loi
Conducteurs pressés qui « poussent » ceux qui les précèdentLe boulevard Saint-Germain est propice aux comportements désobligeants généralement tolérés par la plupart des automobilistes, mais qui impliquent des risques pour la sécurité des usagers de la route et sont punissables par la loi.
C’est le sujet de notre reportage d’aujourd’hui sur la sécurité routière. Répondant à la suggestion d’un lecteur concernant le comportement des conducteurs sur l’avenue Rouleau, entre la 2e rue et le boulevard Arthur-Buies, l’attention du représentant du Journal Le Soir a plutôt été retenue par une situation constatée sur le boulevard Saint-Germain.
Subitement ralentie
Il est vers 11 h 45 ce matin. On se dirige vers le centre-ville via la 132, depuis le Bic, puis via le boulevard Saint-Germain. À la hauteur du dépanneur situé au 765 boulevard Saint-Germain, notre attention est attirée par une camionnette qui nous dépasse rapidement par la gauche, alors que nous roulons précisément à 59 km/h dans une zone de 50.
Sous mes yeux, son accélération est subitement ralentie par la présence d’un véhicule dans la voie Ouest-Est de gauche. Il tente de passer par la droite, mais n’y arrive pas parce qu’il y a un autre véhicule qui roule sensiblement la même vitesse que le premier qui vient de sortir d’une rue. Il revient du côté gauche en manifestant clairement son impatience. Son manège durera jusqu’à sa destination : le Marché Métro Sirois.
Le comportement
Voilà un bon exemple de ce que l’on relève souvent comme étant la principale cause de nos maux communs, en matière de sécurité routière : le comportement de tout un chacun. Lors de ces quelques minutes, au moins un article du Code de la sécurité routière (CSR) a été violé par la conductrice ou le conducteur de la camionnette grise, selon le sergent Claude Doiron, agent d’information de la Sûreté du Québec.
Boulevard urbain
« Il y a plusieurs choses dans votre exemple. D’abord, le boulevard Saint-Germain (et autres), à Rimouski, c’est un boulevard urbain. Ce n’est pas un boulevard de périphérie ou une autoroute. Il n’y a pas de voie de dépassement. La voie du centre (ou de gauche) n’est pas une voie de dépassement. Ce n’est pas une autoroute non plus », dit Claude Doiron, qui déboulonne ici plusieurs mythes.
« Dans les deux voies, vous pouvez circuler à la vitesse que vous voulez, en autant que vous ne dépassiez pas 50 km/h et que vous n’êtes pas une nuisance à la circulation. Ce qui serait par exemple le cas à 10 km/h. Si vous roulez à la vitesse permise, 50 km/h, dans la voie de gauche et qu’un conducteur qui vous suit vous manifeste que vous ne conduisez pas assez vite en vous collant « au derrière », il y a une infraction là. »
Distance raisonnable
« C’est bien une infraction au Code de la sécurité routière (CSR). C’est l’article 335 qui prévoit une amende au conducteur de tout véhicule s’étant trouvé « à une distance qui n’était pas prudente et raisonnable. » Une amende de 100 $ plus les frais est imposée. Il s’ajoute deux points d’inaptitude au permis de conduire », souligne Claude Doiron.
« J’ai déjà moi-même signifié des constats sur cet article et je trouve important de le faire. De coller quelqu’un depuis l’arrière, c’est une manœuvre dangereuse qui peut causer des accidents. J’y reviens : la voie du centre, sur un boulevard urbain, ce n’est pas une voie rapide. Ce n’est absolument pas une voie rapide. On peut circuler en parallèle sur le boulevard. Il n’y a pas de problème, c’est un boulevard urbain. »
Une plainte
Une automobiliste ou un automobiliste qui subit le comportement agressif de celui qui le suit comme l’exemple ci-dessus a le droit de noter les caractéristiques de son véhicule et son numéro de plaque pour en faire une plainte subséquemment.
« Même si les policiers n’ont pas été témoins de l’infraction, une personne peut se présenter dans un poste de police ou appeler pour faire une dénonciation », note le policier.
Si la personne est prête à témoigner en cour que le comportement de l’autre a représenté un danger, qu’il aurait pu, par exemple provoquer une collision en devant freiner rapidement, parce qu’il le suivait de trop près, sa démarche est considérée légitime.
« Il faut une déclaration en bonne et due forme et il faut que la personne présumée victime s’implique dans le processus. Et il faut qu’elle accepte de témoigner en Cour municipale dans le cas où l’autre personne conteste le constat d’infraction », élabore le sergent Doiron.
Le klaxon
Dans un même ordre d’idées, il est faux de croire qu’on peut manifester son impatience en klaxonnant, sans enfreindre la loi. Que ce soit pour un feu devenu vert ou parce qu’on croit que le véhicule devant soi devrait tourner à droite sur un feu rouge.
« Le Code de la sécurité routière a prévu un article sur l’usage du klaxon. L’avertisseur, comme on dit également, n’a qu’une fonction : prévenir les autres de l’urgence d’une situation. »
Patrouille à l’heure de pointe
Un autre événement a marqué notre sortie de ce midi, quand nous avons aperçu des patrouilleurs de la Sûreté du Québec surveiller la circulation dense du centre-ville. Nous notons la chose car, sans vouloir sous-entendre que les policiers ne font pas de surveillance, c’était la première fois que nous les croisions lors de l’un de nos reportages sur les coins chauds du centre-ville. Soit une bonne douzaine de fois et pratiquement toujours à l’heure du dîner.
Nous nous dirigions vers l’avenue Rouleau. Nous avons d’abord aperçu le véhicule de police les gyrophares allumés sur la rue Saint-Jean-Baptiste, probablement stationné pour l’attribution d’un constat. Une vingtaine de minutes plus tard, il se dirigeait exactement où nous nous étions placés pour observer la circulation. L’expérience nous apprend que la SQ accroît la couverture de certains secteurs sur la foi des recommandations et demandes de la Ville et de son comité de circulation.
Vitesse en montant
La problématique concernant l’avenue Rouleau nous a justement été soumise par un citoyen, Jacques Turcotte, la semaine dernière, qui dit avoir alerté tout ce beau monde.
« Je ne sais pas si vous vous êtes déjà penché sur la « piste de course » de l’intersection Rouleau et 2e rue? Ma mère habite près de cette intersection et je suis toujours surpris par la vitesse des véhicules qui démarrent en direction Sud. On dirait que ces conducteurs ont peur de ne pas pouvoir gravir la côte. Je me suis plaint à quelques reprises auprès de la Ville avec peu de succès. »
« La dernière réponse qu’on m’a faite était que la Ville avait un contrat avec la Sûreté du Québec et que c’était à elle de s’occuper de ce problème. Je crois qu’il faudra un accident mortel, en effet en haut de la côte il y a un passage piétonnier, pour que quelqu’un se réveille à la ville. Une suggestion pourrait être un panneau de vitesse indiquant la vitesse à laquelle les véhicules roulent, en effet j’ai constaté que ce type de radar pédagogique avait un effet psychologique. Je ne comprends pas que cela n’ait pas encore été essayé », s’interroge-t-il.