Drame d’Amqui : histoire de vie, histoire de mort
Lettre ouverte de Gaston Bourdages, coupable d’un meurtre au second degré dans les années 1980Comment expliquer l’inexplicable? L’inexplicable s’explique comme dans une forme d’équation ou plutôt d’addition du genre : «ça + ça + ça….»
Bonjour monsieur Michaud. L’auteur présumé, monsieur (sa dignité même piétinée étant) Gagnon a une histoire de vie et maintenant une histoire, que je ne qualifie pas, de mort.
Rien de l’histoire de monsieur Gagnon ne justifie ce qu’il a fait, peu importe tous les éléments, sans exception, de son histoire de vie. Il avait des problèmes qu’il n’a pas réglés. C’est sa responsabilité. Il a fait des choix, libre il a été de les faire.
Explication n’est pas synonyme de justification, oh que non !
Je pense bien que sa maladie, si maladie il y effectivement eu, il a contribué à sa construction comme peut le faire une personne qui fait un infarctus, à moins que ce ne soit purement congénital.
Mes folies psychotiques de 1989, oui, j’ai participé à leur construction; oui avec l’aide aussi des « autres ».
Je porte la responsabilité de cette « coconstruction », de cette coresponsabilité avec laquelle je vais mourir.
Des gens ont souffert et des gens souffrent encore des conséquences de tous ces très mauvais choix de vie que j’ai faits. Cela fait partie de ma sentence, de m’en souvenir.
Il y a eu Laval, il y a eu Amqui; hier Rosemont… et leurs victimes directes et indirectes. Quel gâchis!
À tenter de faire de la philosophie ou de la morale, j’écrirais que ces drames confirment l’existence du Bien et du Mal, l’existence du Beau et du Laid et tellement plus à l’intérieur de tout être humain quel qu’il soit et est.
Il existe des ces Laids qui font mal, mais Mal alors qu’en contrepartie, il existe de ces Beaux qui font du bien… mais du Bien.
Dans de tels décors de vie et de mort, une nourrissante spiritualité est nécessaire, voire essentielle, sinon la mort peut nous adresser des clins d’oeil.
Je pense aux victimes et je pense aux auteurs.
Gaston Bourdages
Coauteur de la trilogie « Dignité », portant sur la violence, la sentence, les détenus et le milieu carcéral.
Saint-Mathieu-de-Rioux